• Il pleut sur l’Afrique de l’Est.  La saison des pluies s`y est installé dès notre passage au Massai Mara. C'est avec beaucoup de colère que nous quittons Nairobi. Les aménagements prévus pour Chamaco ont été décevants, trop chers, trop long et nous faisons l’amère expérience d'une certaine forme contestable de professionnalisme à l’Africaine. Il nous avait pourtant été recommandé par Jungle Junction, ce garage. A ce titre, nous vous suggérons de vous rendre dans ce camping uniquement pour rencontrer d’autres voyageurs et seulement si vous êtes très riches. Nous récupérons en urgence un camion  fragile, victime d’un travail bâclé. Nous avons la désagréable sensation de s’être fait plumer. Et par un blanc en plus! Le travail sera à reprendre, mais plus tard. Nous ne pouvons plus attendre davantage car une nouvelle perspective s’offre à nous. Celui de retrouver de la famille pour la première fois depuis notre départ. En effet, il semble que notre programme coïncide avec celui des vacances de Jean-Luc, l’oncle de Laurent, qui a épousé Alfine, une Rouandaise. Ils ont le projet de se rendre au Burundi, là où ils ont vécu quelques années, avant de s’installer en Belgique. Une fuite sur Internet nous laisse également deviner que Péric, le papa de Laurent, puisse être également de la partie…

    Son atterrissage est prévu à Bujumbura le 4 Mars. Nous sommes le 24 Février quand nous reprenons le camion. Il nous reste donc 7 jours pour franchir les 1500 kilomètres qui séparent Nairobi de Bujumbura. Le garage nous aura également volé notre Kenya, mais aussi notre Ouganda, car étant donné le prix des visas pour nos 5 passeports, nous ne pourrons pas y revenir. En faisant le plein, nous constatons que le garagiste en a également profité pour nous vider la moitié de notre réservoir de diesel. Triste et mesquin…

    La semaine qui suivit fut une semaine de route. Départ tôt le matin, pour espérer trouver un bivouac avant la tombée de la nuit. Nous avons dormis:

    - avec les singes aux ``boules bleues`` et les hippos au bord du Lac Naivasha

    - dans un camping de milliardaires, non loin d’Eldoret (Bill Gates y est passé, mais a oublié d`y installer Internet!)

    - aux sources du Nil Blanc à Jinja (arrivés de nuit, le site s’est dévoilé sous nos yeux éblouis au réveil le lendemain)

    Nous avons traversé les embouteillages de Kampala, cherché pendant toute une matinée quelques dollars à Masaka pour financer nos menus besoins en visas et gasoil, nécessaires à la poursuite de notre route, le garage ayant une fois de plus épuisé nos capacités de retrait), dormis dans une boite de nuit à Bokoba. Nous avons fait le tour du Lac Victoria, l’un des plus grands lacs du monde. Nous avons franchi des forets, des villes, des déserts et des montagnes; sous le soleil et la pluie, sur toutes sortes de routes et de pistes. Nous avons traversé le Kenya, l’Ouganda et le Nord-Ouest de la Tanzanie. Pour éviter d’avoir à traverser le Rouanda et alourdir en conséquence notre budget visas, nous optons pour la piste Tanzanienne, considérée comme très dangereuse, mais qui s’est avérée un régal en comparaison à celle de Moyale. Nous avons quand même, sur cette route, de nouveau eu affaire à ce que l’on appelle désormais : ``le Massage Africain``.

    On nous avait parlé d'une escorte armée qui s’est montrée invisible. Bivouac à la frontière du Burundi.

    Le Burundi est à la fois le cinquième pays le pauvre du monde, mais aussi l’un où la corruption fait le plus de ravages. Triste record. Il y a quelques personnes très riches qui vivent dans des maisons fabuleuses financées par l’argent public et le détournement de l'aide Européenne. Les autres ont faim et tentent de survivre. C'est ce dernier point qui nous frappe dans la traversée de ce minuscule pays de montagnes. Des réminiscences d’Éthiopie : l’absence de toute pollution liée au non accès aux biens de consommation, des gens qui crient sur notre passage. Les hurlements excités et les sifflements remplacent les `youyous`` que nous avons connu en Éthiopie. Par la suite, les histoires de politique, de fin de guerre et d’argent sale seront sur toutes les bouches rencontrées et alimenteront de nombreuses discussions, ce qui nous réconcilie avec la charge fiscale française, car à la différence du Burundi, le peuple peut constater l’utilisation des impôts qu’il paye! A ce sujet, on reconnait facilement une maison bourgeoise à ses fenêtres scellées par des barreaux de métal. Ici, comme à Nairobi, l’insécurité est omniprésente, surtout quand on est un Muzungu!

    Sur la route, lors d’un barrage de police, un agent nous demande notre carnet de passage, puis un cadeau pour nous le rendre. Nous lui disons que nous n’avons pas d’argent, ce qui est vrai car n’ayant pas pu encore retirer de monnaie locale. Il ricane, mais nous le rend. Nous sommes quittes pour une petite frayeur. Nous apprendrons par la suite qu’un flic ici coute 2000 francs burundais, soit 1,5€. Et également que le prix à payer pour un autre Blanc qui avait également osé dire qu’il n’avait pas d’argent a été de deux balles tirées dans la cuisse! Le banditisme rôde et le Rouanda n’est pas très loin…

    Bujumbura est une petite ville Africaine qui tire son charme du Lac Tanganyika. Nous y parvenons en cet après-midi du 3 Mars,  la veille de l’arrivée supposée de Péric. La chose n'a pas non plus été facile pour lui, car il n'a reçu son passeport visé que la veille du décollage. Pas d`hôtel à l’aéroport, mais Virginie a repéré un panneau ``Guest House`` sur la route. Nous tombons dans un petit coin de paradis (avec piscine!) et faisons la connaissance de Dada, la charmante gérante du lieu. Nous sympathisons immédiatement. Nous lui racontons notre aventure, elle nous propose de profiter du complexe et d`y garer Chamaco, nous offrant même l’accès à l'un des chambres luxueuses de l'hôtel si nous désirons prendre une douche. Que c’est bon de renouer avec le français après 8 mois de route! Nous n’arrivons pas à nous y faire et continuerons pendant plusieurs jours à amorcer les discussions en Anglais avec les locaux.

    Le temps de laver le camion (tout le monde s`y met à coup de brosses, chiffons, de rires et d`éclaboussures en tout genre) et nous sommes fins prêts pour l’arrivée de l’avion. Nous retrouvons Jean-Luc et Alfine à l’aéroport et faisons la connaissance de Luc et Georgette, deux de leurs amis qui les accompagnent dans leur voyage. Ils nous apprennent qu’ils ont loué pour tout le monde une petite maison en ville. Nous disposerons d’un chauffeur pour faciliter nos visites et garantir notre sécurité. Les retrouvailles avec Péric, qui a suivi et soutenu à distance toutes nos pérégrinations pendant 8 mois, ont été émouvantes. Rideau…

    Avant de nous rendre à la maison, nous demandons à tout le monde de nous rendre chez Dada pour la remercier de son hospitalité. Surprise. Alfine et Dada sont deux amies d''enfance et tombent dans les bras l'une de l’autre. Le monde est décidemment un tout petit village, à moins que ce soit encore cette vieille histoire d’ondes positives… Par la suite, nous retrouverons Dada régulièrement, pour notre plus grand plaisir à tous!

    Une fois de retour à la maison, Péric a ouvert sa valise et nous avons découvert les merveilles qu’il nous a apporté. Du produit pour réduire la `matière`` dans les toilettes du camion! (Ne riez pas, on l'avait oublié en France!) Des livres, plein de livres! Et des cadeaux! Et à ce sujet, nous tenons tous les cinq à embrasser très fort François et Marta, Raphaëlle et Damien, Nico et Solène, Marie et Rod, Sophie et Pascal, Caroline et Manu, Isabelle et Nico et Fred (au fait : Salut!). Du coup, en une après-midi, nous avons fêté Noël, et les anniversaires de tout le monde pendant un an! Péric nous parle de Christophe et de Dimitri, les deux cousins des enfants nés après notre départ, qui parleront probablement déjà, le jour où nous ferons leur connaissance…

    Les images qui suivent devraient vous donner un aperçu de nos ``vacances``. Comme vous le verrez, plages, piscines, bonne bouffe ont agrémentées nos deux semaines… plus quelques surprises. A ce sujet, nous avons caché 5 cochons d’inde dans la vidéo, à vous de les trouver! A voir également : un hippo ou tout du moins ses narines et ses oreilles.

    Vous avez trouvé l`hippo? Pour la petite histoire, la photo a été prise sur une plage du lac dont Jean-Luc, au regard de ses 8 années de brousse, nous avait garanti la sécurité. Elle fait d'ailleurs partie intégrante d’un complexe hôtelier de standing. Marine et Laurent se sont donc baignés à 50m de la bête, avant que les rangers leur montrent les deux petites oreilles se secouer à la surface… Les hippos, pour protéger leur territoire, peuvent se montrer plus dangereux qu’un lion! On s'en tire pour une grosse frayeur!

    Péric est reparti au bout d'une semaine, sous la pluie. ``C'est les nuages qui pleurent le départ de Péric`` (Marine). Nous lui avons piqué sa chambre pendant une autre semaine encore, le temps de profiter de Jean-Luc, d'Alfine, de Georgette et de Luc et de faire réparer les boulettes faites à Nairobi. Nous sommes repartis vers la montagne, en direction de la Tanzanie. C'est la première fois que nous prenions la route du retour. Jusque-là, nous n’avons pris que des allers simples. Mais notre tour du monde, n’est-il finalement pas qu’un simple détour?

    Nous avions le cœur lourd, mais avec la sensation de pouvoir maintenant pleinement profiter de notre voyage, de pouvoir enfin nous offrir le luxe ultime et recherché depuis notre départ, celui de prendre notre temps, et ce dans un camion maintenant pleinement opérationnel. Bon OK, on a maintenant deux panneaux solaires, et nous sommes maintenant en pleine saison des pluies, mais nous disposons d'un visa de plus de deux mois pour savourer la Tanzanie! Seule Charlotte a eu du mal à renoncer au confort d'une maison et n'a cessé de nous demander d`y retourner. Nous nous sommes quand même demandé de quelle maison elle parlait…

    A ce stade du voyage, nous avons l’impression d’avoir tourné une page. Parents, nous avons l’intention de profiter davantage de nos enfants, parce que le temps nous le permet, les conditions politiques et mécaniques nous inquiétant moins.

    Nous pensions également à Patrick, ce Lyonnais façonné par l'Afrique qui nous avait pris en stop à Bujumbura et nous avait montré un des orphelinats dont il avait la charge. Avec lui nous avions la possibilité de rencontrer des pygmées qui vivaient encore à l’âge de pierre, constituant leur ordinaire de chasse et de cueillette. Opportunité manquée car nous n'avons pas pris la peine d'attendre.

    Ratée également la possibilité d'embarquer à bord d'un ferry local qui nous laissait l'opportunité de découvrir, à travers ses escales dans les petits villages Tanzaniens qui bordent le lac Tanganyika, une Afrique vraie et authentique, loin des circuits touristiques.

    Ce qu'on manque, on le manque pour toujours. Qui sait quand nous aurons l'occasion de repasser dans ces régions? Probablement jamais. Nous avions une chance et une seule de faire ce tour du monde. Choisir, c'est renoncer. Chaque fois que nous optons pour un itinéraire, nous savons que nous laissons de côté des opportunités de rencontres et d'aventure. Une tache à la fois méticuleuse et frustrante quand on sait que quand on voyage avec des enfants, il faut toujours choisir en fonction de leur sécurité.

    Voilà pour cette page, un peu intimiste. Depuis le Malawi où nous écrivons ces lignes, nous devrions pouvoir prochainement vous montrer un peu de via sauvage… de Tanzanie…


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