• Vous êtes toujours sur votre tapis roulant ? Oui ? Bon ben profitez-en pour bien vous accrocher, ça risque de secouer un peu. Un peu moins ensuite, une fois la conduite sur sable maîtrisée : ça glisse tout seul !

    Avec ce chapitre, nous quittons le monde du rêve et de la magie de l’Orient pour rejoindre celui de l’aventure.

    L’aventure, c’est d’abord les rencontres avec les aventuriers. Je vous avais parlé dans un chapitre précédent de celle avec deux couples de voyageurs Allemands rencontrés à Killis. Mais si, souvenez-vous, c’était à la fin de notre article sur la Turquie !

    Ils nous avaient donné les coordonnées d’un garage à Amman. Coordonnées que nous nous sommes dépêchés de transmettre aux autres voyageurs rencontrés, notamment à Palmyre.

    Toujours avec nos amis suédois, nous franchissons la frontière entre la Syrie et la Jordanie. A première vue, la Jordanie semble être un pays plus moderne, plus occidental que la Syrie. Nous réaliserons qu’en effet, il est moins traditionnel, comme en témoigne la présence de nombreux hôtels, produits et magasins occidentaux (Mac Do, pour n’en citer qu’un). Cependant, c’est un pays à deux vitesses. L’ensemble de ces produits ne sont accessibles que pour une minorité de privilégiés, alors que le salaire moyen ici est de 300 euros mensuels. Pour nous, voyageurs, c’est l’occasion de retrouver un peu de confort, tout en gardant un lien avec l’authenticité des Jordaniens.

    Nous faisons une première halte dans la ville de Jerash, avant de poursuivre notre route vers ce fameux garage à Amman.

    Le tuyau était percé, ou du moins il a fait des petits. Alors que nous sommes restés deux semaines sur place, nous n’avons cessé de croiser des voyageurs, tous venus ici par le bouche à oreille que nous avions initiés. On se rend compte que nous suivons en vérité une autoroute, l’ensemble des voyageurs en provenance de l’Europe suit la même trace et s’échangent les mêmes tuyaux. Nous sommes cependant ici à la croisée des chemins. Pour certains, c’est l’Afrique du Sud en passant par la route de l’Est comme nous. Pour d’autres, c’est l’Inde en passant par l’Iran et le Pakistan. Point barre.

    Ça faisait longtemps que nous n’avons pas parlé de mécanique !

    Le garage à Amman n’est en fait qu’un département d’un pensionnat pour garçon défavorisés institué par une organisation Allemande. On y trouve également une maison d’hôtes avec son centre de conférence, une menuiserie, une forge, et même un parcours d’audace ! Elle  accueille des enfants défavorisés pour les relancer dans la vie. Même si la religion n’est pas un critère de sélection, bon nombre d’entre eux deviennent chrétiens. Il faut savoir que les chrétiens représentent 10% de la population Jordanienne, le reste étant musulmane.

    Et ça marche ! Le directeur du garage est un ancien élève de l’école…

     

    En deux semaine, nous en avons profité pour remplacer notre réservoir de carburant qui nous avait causé tant de problème par un réservoir en aluminium de 450l nous permettant jusqu’à 1700 km d’autonomie sans faire le plein. Nous avons également fait remplacer la ligne d’échappement du camion et installer un porte-moto à l’arrière, ainsi que quelques travaux de menuiserie intérieure… pour un prix dérisoire… Quand à la boite de transfert, défense absolue d’y toucher !

    Charlotte : « Chamacopoinhéffaire, il est cassé, il est réparé ! Il est cassé, il est réparé… »

     

    Pour plus d’informations sur Schneller School, vous pouvez consulter le site de la fondation :

    http://www.schneller-school.org/

    Sachez que l’école fonctionne grâce au produit de ses ateliers et à sa Guest House, ainsi que grâce  à des dons.

    Et pendant ce temps là, que faisaient les enfants ?

     

    Ils se sont intégrés avec les pensionnaires. Corentin a partagé une journée d’école avec eux. Même si le lever était difficile, il est revenu enthousiaste.

     

    Il nous reste à vous montrer une image de ce nouveau concept de clapiers pour touristes. Un jour, une ville. 5’ pour aller faire pipi, pas de quartier libre. Le comble de l’horreur des voyages organisés ! Nous avons recueilli un soir une femme déprimée par de tels voyages.  

     

    C’est seuls que nous reprenons la route, en direction de la Mer Morte. La mer morte culmine à 400m… au dessous du niveau de la mer ! C’est le point le plus bas de la planète. Au dessus de nous : 6 milliards d’êtres humains. En dessous de nous : quelques sous-marins.

    Contrôle de police (checkpoint)

    Le policier dans sa guérite (en prenant nos passeports) : « you are very high ! »

    Marine, à côté du chauffeur : « non, au contraire, on est très bas ! »

    On l’appelle morte, car l’eau y est tellement salée, qu’elle n’autorise aucune forme de vie animale ou végétale. On flotte, mais on s’y embête. Les enfants n’y sont restés que 5’, le sel ne s’accommodant pas avec leurs boutons de moustiques. Nous en profitons pour faire un coucou à tous les internautes qui nous suivent sur le site www.geo.fr!

     

    C’est en poursuivant notre route que nous faisons la connaissance de Mumu, Papy et Benji qui font en Toyota la route de l’Est. Nous décidons de faire un bout de chemin ensemble. On vient de les quitter hier et c’est avec eux que nous avons fait tous les épisodes qui suivent, notamment une formidable initiation à la conduite sur le sable.

    Le site de Petra est considéré comme l’une des sept nouvelles merveilles du monde, au même titre que la Grande Muraille de Chine, le Christ Rédempteur de Rio, le Machu Piccu au Pérou, Chichen Itza au Mexique, le Colisée de Rome et le Taj Mahal en Inde. Nous voudrions juste signaler que le prix d’entrée de 50 euros pour les touristes (1 euro pour les Jordaniens) inscrit Petra dans un nouveau record : celui du site le plus cher du monde ! On aurait presque envie de le boycotter, mais comme vous le verrez avec les images qui suivent, c’est impossible !

     

    Le Wadi Rum

    Dans le désert le temps s’arrête. Il s’économise. La parole est réfléchie. Elle se fait plus rare. Ce qui n’est plus nécessaire au silence devient superflu.

     

    Aujourd’hui, nous sommes à Aqaba, sur les bords de la Mer Rouge, que nous traverserons demain pour aborder la terre d’Afrique en Egypte.

     

     

    Je repense à une phrase de Papy qui avait vu avant nous la ville d’Aqaba, alors que nous les attendions au Wadi Rum à dégonfler les roues du camion en perspective de la conduite sur le sable : « vous verrez, Aqaba, c’est clean, comme en Suisse !». Si vous arriviez de France directement ici, vous seriez horrifiés par les ordures. Notre regard à nous se lisse. Les choses qui nous choquaient en arrivant en Albanie fond désormais partie de notre quotidien.

    La Jordanie est certainement le pays que nous avons préféré depuis notre départ. Tant de choses sur un si petit territoire ! L’image de la France perçue ici est d’abord Zidane, puis de nombreux joueurs de l’Equipe de France (eh oui, l’équipe de France a toujours la quotte !), puis Chirac !! Il faut dire aussi que Chirac est le nom donné à un pain bédouin !

    Au bord d’une piscine dans ce point de rencontre pour voyageurs, nous avons la sensation d’être parvenu au bout d’une étape, au bout du monde facile, à la fin du monde connu. Vont maintenant commencer les tracasseries administratives, puis l’aventure, la vraie, celle que nous sommes venus chercher !

    Que de route parcourue jusqu’ici ! Que de visages rencontrés ! Et nous avons la sensation de commencer à peine notre voyage... Nous repensons à notre bon vieux Chamaco qui nous avait fait si peur en Grèce. La nouvelle boite de transfert a tenu jusque là. Elle a subit son baptême du désert ! Mais pour vous dire franchement, cela ne nous importe plus trop désormais. Nous avons la certitude, au regard de ces quatre mois passés sur la route, que le voyage s’offre naturellement, que les coïncidences font bien les choses. A chaque fois que nous étions confrontés à un problème, les choses se sont résolues, sans que nous fassions quoi que ce soit pour y remédier. La plupart du temps, on se disait, ok, on verra ça plus tard. Et l’opportunité de résoudre ce problème est venue se présenter spontanément.

    On parle de la bonne étoile du voyageur. Elle existe ! Elle demande en retour de lâcher prise, d’accepter de perdre le contrôle, se s’abandonner en elle. Alors n’attendez pas le meilleur moment dans votre carrière, ni que votre véhicule soit idéal ou enfin prêt. Partez, fuyez, sans plus attendre.

    Nous avons suivi l’actualité en France. Juste un mot par rapport aux jeunes : la vie est courte, vous aurez tout le temps de vous préoccuper de votre retraite. Profitez-en, donnez tout ! A force de préparer l’avenir, on oublie de vivre le présent.

    Merci pour tous vos messages sur le téléphone satellite. Sachez qu’ils nous touchent beaucoup, même si nous ne pouvons pas facilement répondre. Continuez !

    Et n’oubliez pas de vous inscrire à notre newsletter !

    Je rconnais que nous sommes allés un peu vite ces jours-ci. Retrouvez notre article sur la Syrie en cliquant ici. 

    Sur ce, nous avons eu le plaisir d’échanger avec l’école de notre village et de prendre conscience que là bas en France, vous êtes bien au plein mois de Novembre. Même si on n’échangerait notre place pour rien au monde, on pense très fort à vous.

    A lire :   Hergé – Coke en Stock (Petra & Mer Rouge)

    A voir : Lawrence d’Arabie (Wadi Rum)

    Indiana Jones et la Dernière Croisade (Petra)


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  • Voyager en Syrie et en Jordanie, c’est un peu comme ouvrir le livre des 1001 Nuits et se laisser endormir au pays d’Aladin et d’Ali Baba sous la voix de Shéhérazade dont les yeux sont surlignés de noir pour lui donner le regard intense et mystérieux des princesses d’Orient. C’est le pays dans lequel les lampes donnent naissance à des génies, dans lesquels les tapis volent pour vous emmener dans une terre d’aventure, sur les traces d’Henri de Monfreid et de Laurence d’Arabie, de Tintin et d’Indiana Jones où nous allons vous emmener. C’est le pays dans lequel les Grands Vizirs exercent leur pression sur le pouvoir et espèrent un jour devenir Calife à la place du Calife !

    C’est aussi le pays dans lequel les Arabes et les Bédouins font preuve d’un culte de l’esthétisme, d’une saveur de vivre et d’une hospitalité légendaire, en vous accueillant la main sur le cœur, le sourire aux lèvres, l’œil à la fois amusé et pétillant. Où que vous soyez, le sourire s’accompagne toujours de ‘ahlan wa sahlan’. Le ‘welcome’ fuse, automatiquement, spontanément, et a désormais remplacé le ‘hello’ du voyageur dans toutes les bouches.

    Installez-vous confortablement au fond de votre fauteuil. Laissez-vous imprégner par cet air chaud et sec, laissez-vous envahir par cette odeur de savon, d’épices, de coriandre et de jasmin.

    « Sésame, ouvre-toi ! »

    Entrons dans notre voyage au Moyen-Orient par la grande porte de la Citadelle d’Alep.


     

    Elle s’ouvre sur un monde d’effervescence. Le mégaphone du vendeur de fruits relaie celui du muezzin, vite couverts par les bruits de moteurs et des klaxons. De partout ça s’active. De partout fusent véhicules et camionnettes, tous améliorés artisanalement au goût local, certains datant d’un autre temps, une époque où notre camion n’était qu’à l’état d’une mine de fer. Les passants n’ont souvent pas d’autre choix que d’improviser rapidement un refuge au bord de ces artères et avenue tumultueuses. Les hommes retroussent leurs galabiehs au dessus de leurs sandales pour faciliter les enjambées de trottoir. Les femmes rehaussent un peu plus leurs voiles au plus prés de leurs yeux, pour mieux se protéger du regard des autres, au risque de voir elles-mêmes le monde au travers d’un écran.

    Charlotte : « les femmes elles ont plein de casques ! »

    Marine : « comment ils font les enfants pour reconnaitre leur maman ? »

    De partout on s’interpelle, on se congratule, on s’embrasse, on s’apostrophe. Si certains échanges n’étaient pas aussitôt suivis de sourires et d’accolages, on aurait pu croire qu’ils passent leur temps à se disputer, tellement le ton est haut et fort.


     

    Après avoir découvert la conduite au klaxon, seul moyen de s’approprier la priorité, nous bivouaquons sur un parking au pied de la citadelle. Moyennant la somme de 2 euros, le gardien du parking accepte de nous laisser passer la nuit. Il nous offre même de veiller sur le camion pendant notre visite. Nous le retrouvons fidèle au poste à notre retour dans la nuit, puis à notre réveil le lendemain. Cette porte domine le souk le plus remarquable du monde arable qui s’étend sur une dizaine de kilomètres, à l’ombre des arches de pierre, à l’abri d’une enceinte fortifiée.

    C’est ici que nous vous emmenons maintenant. Les commerçants nous invitent à entrer dans chaque échoppe que nous croisons : « juste pour le plaisir des yeux ». Prenons le temps de flâner devant les boutiques de bijoux dans lesquelles l’huile des lampes rehausse le ton de l’or. Cet or glisse entre nos doigts comme le font les graines chez le marchand d’épices.

    Nous nous enfonçons plus avant dans ces galeries de pierre de taille pour tenter d’en découvrir son aspect le plus mystérieux. Les quincaillers puis les poissonniers et enfin les bouchers ont remplacé les boutiques de touristes. Les voyageurs se font rares et des dinars passent de main en main. Nous découvrons ce que Corentin appelle le plaisir minuscule du petit pain chaud fourré au fromage tout juste sorti du four à pizza pour 7 centimes pièce. Nous en prendrons 20 que nous dévorons debout, à même le trottoir. Continuons à progresser ensemble pour découvrir l’âme et le côté le plus intime de cet endroit. Dans une petite pièce un homme est en train de filer un fil invisible. Une navette qui semble vide fait ses vas et viens entre les mailles d’un vieux métier jacquard en bois.


     

    C’est là que se prépare votre nouveau moyen de transport au Moyen Orient. Il est réglé pour avancer tout doucement, à la vitesse de Chamaco.

    <tapis>Je vous propose de décoller sans plus attendre davantage vers le levant, de survoler l’Euphrate jusqu’à la ville d’Ar Raqqah. Le paysage tranche avec tout ce que nous avons pu voir autour de la Méditerranée. Ici, le beige, couleur unique, a remplacé le bleu de la mer et le vert des forets. Notre camion semble se confondre avec le paysage, mais aussi les villes, dont il s’est approprié la couleur. Ici, on cultive la pierre. A cette saison, le jour commence à baisser rapidement. Nous repérons un village nommé At Thadyane, non loin de la ville de destination et choisissons de bivouaquer en centre ville. Ne connaissant pas encore le pays, nous imaginons que toute hostilité de la part des habitants pourra être ainsi surveillée, puis maitrisée. Laurent sort avec les filles pour acheter du pain. Des jeunes s’empressent autour du camion, curieux. Tous tentent de répondre à nos besoins, alors que nous-mêmes ne savons pas ce que nous cherchons vraiment, tant la sensation de dépaysement est absolue. Nous sommes un dromadaire égaré dans la forêt de Fontainebleau. Rien ne ressemble à une boulangerie. On cherche une personne qui connaît en arabe la traduction du mot ‘bread’. Après nous avoir offert le pain et gâté les filles de chocolat et de chips, et ce malgré nos protestation, Ibrahim nous informe que sa famille serait très honorée si nous acceptions de diner chez elle. Comment il peut dire ca ? Il ne leur a pas posé la question ! Ibrahim inspire la confiance. Nous acceptons l’expérience avec plaisir. </tapis>

    <tapis>Après les salutations (en silence !) d’usage, on nous invite à nous installer dans la salle des invités. Un soin tout particulier est apporté à la pièce. Elle est sobre et décorée avec soin. Le jaune et l’or dominent et les rideaux tombent en arabesques soignées à chacune des fenêtres. Hormis celà, le seul élément de décoration est un tableau avec des enluminures arabes dorées qui est soigneusement mis en valeur. Nous imaginons qu’il s’agit d’un extrait du Coran. Les seuls meubles sont des paillasses et des coussins qui font le tour de la pièce. Le sol est en moquette moelleuse. Le père de famille, moustache généreuse mais taillée et galabieh blanche s’installe en face de nous, pendant que les femmes préparent, puis nous offrent le thé. Il nous semble que toute la famille s’est apprêtée pour la circonstance ! Il nous fait comprendre qu’il parle mal l’anglais et nous sourit en silence. Nous sommes gênés, il ne l’est pas, attendant que nous prenions nos aises. Les filles ne se font pas prier et commencent à se rouler par terre, entamant une bataille de coussins. Les parents confus essaient de les maintenir sans pour autant oser élever la voix. Corentin reste sur sa réserve et observe. Les jeunes de la famille insistent à ce que nous soyons bien installés en multipliant les coussins, les installant sous nos reins et nos coudes. C’est alors que le défilé des visiteurs commence. Ce sont les membres la famille au sens élargie, tous voisins, qui viennent saluer le maître de maison et peut-être également voir ces visiteurs venus d’ailleurs avec leur étrange véhicule et leurs enfants aux cheveux blonds… Pendant le thé, les femmes ont installé le diner dans la cour de la maison.

    Là encore, on dine par terre, sur des paillasses. Ici encore pas de règle de bienséance. L’objectif est d’être le plus confortable possible. Ça rentre assez vite dans nos petites têtes ! Plusieurs assiettes trônent au centre de la natte qui fait office de table et chacun se sert des différents plats en arrachant des morceaux de pain sans levain qui font office de couverts.

     

    Une fois le repas terminé, on nous invite à revêtir une tenue un peu plus relaxe, et on nous explique que notre lit est fait et que par conséquent c’est là que nous allons passer la nuit ! Aucune protestation n’est envisageable. D’ailleurs c’est en galabieh que nous devrons nous coucher. Virginie profite de l’occasion pour offrir à la mère un collier pour la remercier. Elle ne l’a accepté qu’en se dépossédant elle-même d’un de ses propres bijoux !

    Laurent d’Arabie, ça sonne pas mal, non ?

    Nous dormons tous les 5 dans la salle de réception, sur des paillasses et nous nous rendons compte que c’est certainement la seule pièce à vivre de la maison et que nos hôtes dorment par conséquent dans des conditions beaucoup moins confortables que nous…

    Au petit matin, le père de famille invite Laurent à le rejoindre sur le toit de la maison, où le café est déjà préparé, pour regarder (toujours en silence !) le soleil se lever sur l’Euphrate. Il lui apprend qu’il est le directeur de l’école du village.

    Nous retrouvons ensuite Ibrahim et deux de ses cousins que nous avons rencontrés la veille. Ils nous proposent une partie de canot sur la rivière.

     

    Le départ approche. Nous leurs faisons comprendre, malgré leurs refus net de nous voir partir si vite, notre désir de poursuivre notre route. Le village est au bord du désert du Syrie à travers lequel circule la route qui doit nous mener jusqu’à Palmyre. Les adieux sont émouvants. Le père prend Laurent entre ses bras, la mère enlace Virginie et tous les cousins, voisins, amis… se sont joints à la famille pour nous voir partir. Tous, sauf Ibrahim et ses cousins, Hussein et Ali, qui souhaitent nous escorter encore quelques kilomètres !


     

    Nous allons ensemble jusqu’au Château de Al-Rasafa, où les garçons nous ont tous comblés d’attention, de gentillesse, et de tendresse.

    Les adieux furent là encore déchirants, mais nous échangeons nos téléphones portables. Nous avons quitté la France pour aller à la rencontre de l’autre et vous comprendrez peut-être à quel point cette rencontre là a été pour nous forte, intense et émouvante. Nous avions l’impression d’avoir fait sauter tous les verrous de la différence culturelle pour laisser la place à l’amitié.


     

    Palmyre est un oasis au milieu du désert de Syrie. Ses magnifiques ruines, la qualité classique de son architecture remontant à l’époque romaine (IIe siècle) formèrent un contraste saisissant avec le désert alentour. Les voyageurs viennent ici nombreux pour assister au coucher de soleil sur les colonnades, depuis la citadelle qui domine le site.

     

    Une fois sur place, nous avons diné dans un restaurant bédouin où Marine et Corentin ont retrouvé des enfants de leur âge avec lesquels ils se sont amusés comme des fous, en utilisant une forme de communication que seuls les enfants peuvent comprendre.  

     

    Au-delà du site, ce qui nous a retenus sur place, c’est ce camping de voyageurs au plein centre de la palmeraie. Je parle ici de voyageurs au long cours que le gérant du camping sélectionne scrupuleusement, pas de touristes ! De toute manière, le petit camping est entouré de murs et ne peut recevoir plus de quatre véhicules, le reste du terrain étant occupé par des dattiers et autres arbres exotiques, ainsi que de larges tentes bédouines propices à l’échange de vécu, bon plans et coordonnées géographiques entre aventuriers. C’est là que nous découvrons le gout de la grenade. Corentin : « ca va péteeeer !... »


     

    C’est là que nous faisons successivement connaissance de Bernard, personnage original venu de Hambourg en vélo et à bout de forces à Palmyre, de ce jeune couple venus également en vélo depuis Londres, de ces Néo-Zélandais également venus à vélo, après avoir traversé l’Amérique du Nord et du Sud, et enfin de ces deux familles suédoises qui voyagent en Land Rover jusqu’en Afrique du Sud avec, pour chacune, deux enfants à bord ! Vous retrouverez la plupart de leurs récits de voyage à la rubrique liens de notre blog. C’est ici également que Laurent reçoit un texto d’Ali et Hussein qui lui proposent de nous retrouver à Damas. Quelque soit le jour où nous projetons d’y être, ils seront là, à nous attendre !

    La route de Damas fut agréable, ponctuée par les blagues de Bernard, décidemment trop fatigué pour continuer à pédaler !


     

    Nous retrouvons effectivement sur place Hussein et Ali qui nous font découvrir la plus ancienne ville encore habitée au monde, et notamment La Grande Mosquée des Omeyyades. C’est l’une des plus grandes mosquées du monda arabe. Fait exceptionnel, la salle de prière contient un tombeau : celui de Jean-Baptiste (Sidi Yahya pour les musulmans), cousin de Jésus. La présence d'un tombeau dans la salle de prière d'une mosquée est un cas pratiquement unique. Les chrétiens du quartier Est de Damas viennent y faire des prières. On voit donc dans cette salle à la fois les prosternations des musulmans, et les signes de croix et les génuflexions des chrétiens.

    Ali et Hussein nous expliquent la conduite à tenir dans un tel lieu et nous font découvrir un peu mieux l’Islam et leur foi. Nous apprenons qu’ils sont sunnites.

    Ils ont prévu de nous faire passer la nuit chez un oncle dans la banlieue de la ville. L’accueil est tout aussi chaleureux qu’à Al Thadyane. Seulement Laurent étant parti visiter le quartier, refaire le monde et boire de la bière sans alcool avec les deux frères, nous nous sommes mis à table à minuit et couché à 2h. Malgré la fatigue et l’attente, leur absence est passée inaperçue, conformément aux règles de l’hospitalité ici. Mais peut-on encore parler de règle quand elle semble si spontanée ? On propose une fois de plus à Laurent de revêtir une galabieh. Laurent a refusé, ce qu’ils ont semblé comprendre, jusqu’à ce qu’on l’appelle 30’ plus tard, dans une pièce à part pour donner un coup de main. Le piège ! Les hommes l’attendaient, la longue robe pendue à un cintre. Impossible de s’y soustraire…


     

    Le lendemain, nous partons tous les 8 (un autre cousin s’est rajouté au groupe) en camion vers le village de Maalula, au Nord de Damas, le seul endroit du monde où l’on parle encore l’Araméen Occidental, la langue de Jésus.

     

    Inutile de vous expliquer à quel point il nous a été difficile de refuser de dormir cette nuit encore chez un autre oncle ! We’ll be in touch brothers !

    Nous bivouaquons dans le seul camping à proximité de Damas. Difficile à trouver cependant : les coordonnées GPS que nous avions étaient fausses et tous les panneaux étaient écrits en Arabe. Laurent, pour rigoler, montre un panneau et dit : « c’est là qu’il faut aller, c’est marqué ‘camping’ dessus ! ». Marine : « depuis quand tu sais lire le grec, toi ? ». Elle a deux pays de retard… Nous parvenons à le situer finalement et c’est là que nous retrouvons les voyageurs Suédois en Land Rover. Nous décidons de franchir ensemble la frontière de la Jordanie. Nous quittons ce pays avec ce sentiment qui nous est maintenant familier, ce mélange de tristesse et d’excitation propre aux voyageurs…

    Nous sommes restés deux semaines seulement en Syrie. C’est beaucoup trop peu pour un pays si riche. L’unique raison à cela est la taxe diesel de 100 euros par semaine qui n’incita pas les voyageurs à s’éterniser trop longtemps.. En revanche, nous prévoyons de prendre un visa d’un mois en Jordanie.

    Marine : « Et les Américains, quand ils sont arrivés en Normandie, ils ont dû aussi passer par tous ces bureaux ? »

    Votre voyage en tapis volant informatisé ne s’arrête pas là pour autant. Aujourd’hui, aux portes de l’Egypte, nous prenons la ferme résolution d’écrire moins, mais plus souvent… Au programme dans les jours qui viennent : Amman, la Mer Morte, Petra, le Wadi Rum et Aqaba. A très vite !

     

     

    </tapis>

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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