Le Sud-Soudan était en effervescence, samedi 8 janvier, à la veille du référendum sur son indépendance, un scrutin placé sous haute surveillance qui pourrait mener à la partition du plus vaste pays d'Afrique entre le Nord musulman et le Sud chrétien. Mais à quelques heures du début d'un vote placé sous haute surveillance, des attaques contre des soldats sudistes dans une zone pétrolifère limitrophe du Nord ont jeté une ombre sur l'excitation palpable dans le Sud-Soudan. Au moins six rebelles ont été tués vendredi et samedi dans le comté de Mayom, situé dans l'Etat d'Unité. Les Sud-Soudanais doivent choisir, lors du vote s'étalant jusqu'au 15 janvier, entre le maintien de l'unité avec le Soudan ou la sécession de leur vaste région sous-développée. La victoire de l'option indépendantiste ne fait plus aucun doute, même pour les responsables du Nord, les seules inconnues étant la participation et le respect des normes démocratiques. LE LEADER SUDISTE APPELLE À LA "COEXISTENCE PACIFIQUE" Selon la loi référendaire, au moins 60 % des quelque quatre millions d'électeurs doivent voter pour que le résultat soit valide. Les responsables ont exhorté la population à se rendre aux urnes dès les deux premiers jours. Alors que les préparatifs de ce référendum historique ont été assombris par des attaques contre des soldats sudistes, le leader sudiste Salva Kiir a appelé samedi à la coexistence pacifique entre le Nord et le Sud, "Aujourd'hui, il n'y a pas de retour à la guerre. Le référendum n'est pas la fin du parcours, mais le début d'un nouveau. Il n'y a pas d'alternative à la coexistence pacifique" entre nordistes et sudistes, a déclaré M. Kiir. Khartoum s'est engagé à reconnaître le résultat d'"un scrutin libre et transparent", même si le président soudanais Omar el-Béchir a estimé que le Sud n'avait "pas la capacité de créer un Etat ou une autorité", dans une interview vendredi soir à la chaîne Al-Jazira. "La stabilité du Sud est très importante pour nous parce qu'une instabilité risque de se répercuter sur le Nord", a-t-il dit. ACCORD DE 2005 Plus de 120 000 Sudistes vivant au Nord sont rentrés au Sud pour le vote, selon l'ONU, mais des centaines de milliers d'autres demeurent au Nord. M. Béchir a assuré que ceux-là conserveraient leur droits fondamentaux en cas de sécession mais seraient considérés comme des étrangers. Les observateurs internationaux du Centre Carter, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, mais aussi locaux devraient remettre leurs évaluations préliminaires quelques jours après le référendum. La date des premiers résultats n'a pas été annoncée. Ce référendum est prévu par l'accord de paix conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, qui avait mis fin à une guerre civile de plus de vingt ans dans laquelle deux millions de personnes ont péri. 08.01.11|18:10|LEMONDE.FR avec AFP