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Le Brésil ou les vacances dans le voyage.
En même temps que nous écrivons ces mots, nous réalisons à quel point ils peuvent être étonnants, choquants, voir même provocateurs, de la part de personnes qui, comme nous, ont la chance de faire un tour du monde...
Et pourtant !
Nous l'avons déjà évoque auparavant. Un passage de frontière est toujours vécu de manière difficile. Nous quittons un contexte familier, des souvenirs, des personnes à qui nous sommes attachés, même si les rencontres ont été brèves, et des images pour nous replonger dans l’inconnu. Nous devons sans cesse nous réinventer, nous réadapter et acquérir de nouveaux repères. Quand on voyage comme nous le faisons, les réflexes et les habitudes n'existent plus.
Pour nous, passer d'un continent à un autre, a été vécu comme un traumatisme. L'excitation d'un départ en vacances n'existe pas pour les voyageurs au long cours.
Nous venons de passer un an en Afrique. Une autre année nous attend en Amérique.
Le Nouveau Monde... après l'ancien, le très ancien...
Trois malheureux sacs de sport et une coquille d’œuf d'autruche, souvenir du Cap, contiennent désormais tout ce qui reste de notre vie. Après 15 heures de vols, c'est avec les yeux vides que nous les attendons sur le tapis de bagages de l’aéroport de Sao Paulo.
C'est effectivement un nouveau monde qui nous attend ici. Nous sommes imprégnés par notre année Africaine et nous savons qu'il va falloir abandonner tous nos réflexes pour s'immerger dans un nouvel environnement. Nos yeux sont vides de fatigue, certes, mais nos sens aiguisés, dans le but de nous adapter au mieux à chaque sollicitation nouvelle.
Sao Paulo.
Une mégalopole tentaculaire de 11 millions d'habitants.
Rien de pouvait plus nous éloigner de l'Afrique.
Nous nous réfugions quelques jours dans un hôtel, le temps de caler notre sommeil, de soigner tant bien que mal le traumatisme et de nous organiser. Nous mettons en place un itinéraire... très ambitieux, avant de nous rendre compte de l'immensité du pays. 17 fois la France ! Impossible de s'y déplacer autrement qu'en avion, si on veut couvrir l'ensemble du Brésil. On peut le faire en camion si on dispose d'un peu de temps, mais nous n'allons pas remuer le couteau dans la plaie !
Nous sommes désormais des « backpackers », des voyageurs en sac à dos. Ce nouveau mode de vie nous impose de réserver des hôtels à l'avance et de trouver un moyen de déplacement compatible à une famille et ses 3 bagages. Nous louons une petite voiture qui nous accompagnera tout au long de ce périple au Brésil. Retour obligé à Sao Paulo. La société Unidas semble offrir le meilleur rapport qualité/prix.
Ne disposant que d'un mois dans le pays, avant d'avoir à nous rendre à Buenos Aires pour récupérer le camion, nous optons pour la visite de la Costa Verde, de Rio et d'une partie de l’État du Minas Gerais.
On fuit la ville. Ce n'est décidément pas notre tasse de thé.
Première étape : le village de Paraty, témoignage de l'architecture coloniale Brésilienne. Les rues sont constituées de gros pavés très irréguliers qui rendent la flânerie en tong impossible. Nous choisissons rapidement de la visiter en calèche, dont les cahots et sursauts nous laissent en bouche un petit goût de déjà vu... Fait notable, ces ruelles sont chaque jour nettoyées par la mer lors des marées. Il paraît qu'à marée haute, les ruelles se transforment ainsi en petit canaux, donnant au village un air de Venise. L'alignement de maisons blanches aux fenêtres de toutes les couleurs vaut le détour.
Autour du village, de nombreuses excursions sont possibles, sans parler des plages ou de la visite des nombreuses îles qui l'entourent. Nous décidons d'y rester 3 jours et réservons une Pousada, à cheval entre l’hôtel et la maison d’hôte. Ici, à la Pousada Magia Verde, ce sont des petits bungalows qui nous attendent. Pour des raisons budgétaires, nous essayons de réserver des hôtels où il est possible de tous dormir dans une même chambre. L’accueil Brésilien est très chaleureux. Les habitants, s’ils parlent peu l'Anglais et encore moins le Français, font preuve de beaucoup de patience devant notre incapacité à nous exprimer en Portugais. On arrive toutefois à se comprendre, de nombreux mots ayant une même signification d'une langue à l'autre.
Il est temps maintenant d'introduire notre premier montage : Le Brésil coté nature !
Une grande partie du littoral du Costa Verde est ponctuée de nombreux îlets. Des bateaux traditionnels à moteur en assurent la liaison, nous laissant, le temps d'une journée, imaginer, si on fait l'abstraction des touristes, que nous sommes la Famille Robinson ou des conquistadors Portugais qui viennent de poser les pieds sur une terre nouvelle, après des mois de navigation difficile. Le sable est blanc. Des rochers ronds tombent dans la mer, le tout dans un écrin de foret émeraude. Devant nous, dans le bras qui nous sépare de la côte, nous apercevons nos premiers dauphins jouer en groupe. C'est sur l'une de ces îles que nous faisons la connaissance de Rachel et Tom, couple de violonistes britanniques. Tom nous annonce un peu gêné, que c'est la première fois depuis l’âge de 7 ans qu'il se déplace sans son instrument. Plus tard, un promoteur Espagnol nous parle avec excitation du boom immobilier que connaît actuellement le pays. Le tout accompagné de friture de la mer, avec son inévitable feijoada, la plat traditionnel Brésilien à base de fèves rouges et de riz.A 5 kils de la ville de Paraty, c'est son coté nature que nous découvrons en nous rendant au Cachoeira Toboga. Une rivière au milieu de la foret s'écoule sur une large dalle de pierre. Corentin se rend compte contre son grès qu'il s'agit d'un toboggan naturel, alors qu'il trébuche, glisse sur une centaine de mètres avant un grand plongeon dans un trou d'eau. Laurent et Marine ne tardent pas à le suivre pour une compétition de style libre avant le splash final. Ils sont restés dans le conventionnel. Certains locaux tentent le bare-foot-slide-air.
Plus loin, à 25 kils au Sud du village, nous nous rendons à la plage de Trindade. Paysage de carte postale. Plage, farniente, bronzage. C'est pas notre truc non plus. Si on accepte d'enlever nos fameuses tongs pour s’élever un peu en foret et marcher 40' dans la boue et les racines, de l'autre coté de la presqu’île, on peut découvrir une cuvette qu'un groupe des rochers ronds a isolé des vagues pour former une piscine naturelle. Charlotte accepte désormais l'effort de la marche et n'a presque pas pleuré ! La récompense est au rendez-vous. Charlotte (de nouveau) : « tiens, un serpent ! ». En effet : magnifique, tranquille long, souple, terrorisant, il vient flirter à 20 cm de ses jambes sur le sable, avant de disparaître dans les branches d'un arbre sous laquelle elle était abritée du soleil. Même pas peur !Nous quittons Paraty et poursuivons notre route vers le Nord jusqu'à la ville d'Angra dos Reis. De là , il est possible de prendre un nouveau bateau pour Ilha Grande, la plus grand île du littoral.
Aller hop, un autre petit montage : Le Brésil coté bateaux !
Attention, si vous voulez vous rendre à Ilha Grande, choisissez bien la date. Le climat y est particulièrement humide. Sur les 5 jours que nous y avons passé, deux ont été sous la pluie. Et dans ce cas, l’île est morte. Rares sont les commerces et restaurants qui restent ouverts en l'absence de touristes. Ceci dit, les plages sont splendides, en particulier celle de Blue Lagoon et Lopez Mendes. Des bateaux nous y conduisent depuis Abraão, le chef-lieu de l’île. Authentique ambiance de décontraction à la Brésilienne ! Barbecue, reggae et bières à bord, frites de mousse pour patauger en groupe dans les eaux claires. Nous y retrouvons nos amis violonistes avec qui nous repassons de très bons moments, mais ça, c'était prévu ! C'est ici que nous découvrons pour la première fois notre ami le ouistiti. Les images qui suivent viennent de Rio, rien à voir ! Mais bon. Aujourd'hui on fait plutôt dans le thématique que dans le chronologique. Désolé pour les puristes...Petite halte à Rio, le temps de retrouver nos amis Marin, Marion et leurs 4 garçons, d'anciens amis du temps de notre époque Lyonnaise. Nous les retrouverons tous un peu plus tard...
Direction le Minas Gerais, où il va être question cette fois-ci, non plus de bateau, mais, à défaut de camion, de train ! Nous nous arrêtons dans la ville de São João del-Rei, où nous avons loué un appartement dans la pousada Villa Buonabitacolo. De là, le petit train à vapeur Maria Fucana nous amène en 40' au très joli village de Tiradentes, que nous arpentons de long en large.
Zou ! Le Brésil côté architecture ! Le pure style baroque.
Plus au Nord de Rio, nous nous dirigeons vers la ville d'Ouro Preto, non sans avoir visité Passagem, une ancienne mine souterraine d'extraction d'or. De là il est de nouveau question de train, ou plutôt de wagonnet qui nous entraîne à 130m sous la terre, à la manière d'Indiana Jones ! Tout en bas, ce c'est pas de l'or que nous trouvons, mais un lac sous-terrain qui s'enfonce dans une enfilade de grottes immergées. La baignade y est fraîche mais possible. On y trouve un groupe de plongeurs dont les torches fendent l'eau claire dans un amas de bulles pour donner une impression diabolique.
Un nouveau montage, où l'on montre, vous l'aurez deviné, le Brésil coté trains !
A 40 km au Nord d'Ouro Preto, nous nous installons deux jours dans un complexe en pleine montagne, l’hôtel Fazenda Recanto das montanhas, tenu par une famille charmante. Ici tout est fait pour une détente hors du temps, une vraie coupure après une lourde semaine de travail. Le cadre est superbe. Les enfants y on trouvé une piscine et une aire de jeux. Les parents ont profité d'un buffet délicieux. Compris dans le prix de la chambre, nous avons pu faire une longue promenade à cheval de deux heures en montagne. Marine déteste de plus en plus le cheval et Charlotte a apprécié, tant qu'elle restait sur la même monture que sa maman. Corentin s'est régalé.
Et pourtant, au risque de scandaliser certains de nos lecteurs, nous n'avons pas réussi à savourer pleinement ce cadre enchanteur. Ce mode de vie en tant que touristes nous était forcé par l'attente de notre camion. Nous parlions de vacances au Brésil. Nous l'avons surtout senti comme une coupure dans l'aventure. Nous nous rendons compte que les vacances et la détente se gagnent et se savourent après de longues semaines de travail. C'est là qu'elles prennent tout leur sens. Depuis plus d'un an, nous multiplions les hôtels et les piscines et nous nous rendons-compte que nous en avons perdu le goût, en prenant celui de la route et de la poussière, dans un univers de 10m2 qui nous est cher et qui contient toute notre vie de nomades. Un complexe hôtelier, aussi accueillant soit-il, nous procure une structure, un confort, une sécurité, mais ne nous donnera jamais cette sensation de liberté que nous avons lorsque nous sommes à 100% autonomes.
Retour à Rio, ou nous retrouvons Marion et Marin.
On ne résiste pas au plaisir de vous faire parvenir deux autres montages, deux autres clichés sur la vie des cariocas...
Le Brésil coté Corcovado
Le Brésil coté... ben heuuuh... Brésil !
Nous partageons ensuite le quotidien de nos amis, en alternant plages et visites de la ville. Le Pain de Sucre, Ipanama, Copacabana, le quartier Centro... autant de noms mythiques, fortement attachés à ce que d'aucuns considèrent comme la plus belle baie du monde. Rio est constituée d'une succession de quartiers ou villages qu'une géologie insolite sépare. Les sept enfants s'amusent comme des fous, sous le regard amusé de « Jack Line », la gouvernante. Laurent et Marin tentent un soir une immersion au cœur de la plus imposante favela de la ville, les poches vides, les inévitables tongs aux pieds, le regard assurés, pour coller de plus près possible à l'allure des locaux et éviter autant que possible les histoires. Impressionnant et effrayant, en particulier ces jeunes de 18 ans portant une kalachnikov et chargés d'assurer la sécurité des populations, et évitant les prises à partie avec une police locale corrompue.
Après deux agréables semaines passées en compagnie de nos amis, nous reprenons la route vers Sao Paulo, que nous atteignons en une journée. Le temps de rendre notre voiture, nous sautons dans un bus aux sièges inclinés Nous choisissons la société Pluma, le leader au Brésil. Voyager ainsi en car constitue une intéressante alternative économique à l'avion, certes plus longue, mais les enfants ont bien dormis et n'ont pas vu le temps passer. Les tickets se prennent directement à la gare routière de Sao Paulo, aussi facilement qu'un ticket de bus.
Nous arrivons au petit matin à la ville Foz do Iguacu, une fenêtre sur les fameuses chutes et le passage vers l'Argentine.
Mais ça, c'est encore une autre histoire que nous allons bientôt vous conter !
Nous disons bientôt, car nous sommes conscients qu'il y a trop longtemps que nous n'avons pas donné de nouvelles sur ce blog. Cet article sur le Brésil, de part son originalité dans notre voyage, nous avons mis longtemps à l'accoucher.
L'écriture, c'est la digestion de la méditation.
En ayant choisi de commencer notre tour du monde par l'Afrique, nous l'appréhendons par son bout le plus difficile. Cela nous l'a été confirmé par tous les voyageurs au long cours.
Finalement, ce qu'on garde d'un voyage va au delà de la beauté des paysages. Lorsque nous sommes touristes au milieu des touristes sur un site touristique, nous, nous avons envie de parler des Mohsam, des Mohamed Mostapha qui étaient là, alors que tout était perdu en Égypte.
Sans notre camion, ayant quitté un continent dont nous étions tombés amoureux, sans la maîtrise de la langue qui nous empêchait d'aller à la rencontre des Brésiliens nos premiers pas en Amérique nous ont semblé sans saveur. La faune y semblait moins riche, le coût de la vie nous apparaissait trop élevé, l'euphorie du contexte économique nous a empêché de voir l'essentiel de ce pays.
C'est difficile d'écrire quand on n'est pas nourri par le voyage.
Les réflexion nous viennent pendant la route ou la marche. On laisse notre esprit s'évader, on lâche les brides pour digérer l'effusion des sens...
Écrire devient alors un besoin vital, un besoin de nommer et d'identifier toutes ces sollicitations du voyage. Un besoin vital de les faire partager.
Ici nous nous inscrivons dans une nonchalance qui rend l’effort difficile.
Ceci dit, nous nous sommes quand même bien marrés ! Un grand merci à nos charmants hotes!
Un dernier mot avant de vous quitter. Vous trouverez maintenant un onglet Galerie sur ce blog. Il s'agit de toutes nos plus belles photos depuis notre départ, celles que nous avons mis en valeur sur le blog. Pour les protéger, nous en avons verrouillé l'accès par un mot de passe. Si vous voulez les consulter, faites le nous savoir en privé et nous vous donnerons le sésame !
Il y a eu de nombreuses perturbations au niveau de l'hébergeur du blog. Certains reçoivent la news-letter en multiples exemplaires et trop de commentaires n'ont pas été publiés par l'hébergeur, alors que nous les adorons tous. Nous espérons que tout cela se remette en place rapidement et nous nous mettons sans plus attendre à la rédaction du récit de notre voyage en Argentine qui est déjà très riche en événements !
A lire :
Jean-Christoffe Ruffin – Rouge Brésil & La Salamandre
Paulo Coelho - L'Alchimiste
A voir :
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L'objectif est double en arrivant en Afrique du Sud : Renault Truck nous a offert un contrat de révision maintenance sur le camion en échange de quelques photos pour leur publication en interne. C'est l'occasion de régler une bonne fois pour toutes notre problème au démarrage qui nous fait défaut depuis le Soudan. Il nous faudra également organiser la suite du voyage sur un autre continent.
Nous avons décidé en cours de route de changer d'itinéraire. Nous troquons l'Inde et l'Asie contre l'Amérique Latine, plus propice, selon de nombreux voyageurs rencontrés, à l'aventure avec des enfants. Nos recherches sur Internet ont été vaines. Il semble que nous optons pour un circuit qui fonctionne à l'inverse de l'ensemble des lignes maritimes. Suivant le Gulf Stream, les bateaux suivent une ligne Afrique-Europe-Amérique du Nord-Amérique Latine, soit près de deux mois pour effectuer ce qui pour nous en final ne devrait être qu'une simple traversée de l'Atlantique Sud ! Nous y reviendrons...
En poursuivant notre descente dans le Sud du continent Africain, nous nous éloignons de l’Équateur pour nous rapprocher de l'hiver Austral. Avec le retour de l'eau, le paysage change rapidement, vers quelque-chose qui nous est plus familier : nous sommes de retour à la maison, ou plutôt à cheval entre les Alpes et la Méditerranée !
Nous laissons Chamaco au soin de Renault Truck au Nord de la ville du Cap pour retrouver en vitesse nos cousins Alex et Constance qui sont à la veille de leur retour en France, après 10 ans de contrat d'expat. Ils ont juste eu le temps de nous présenter Dominique, instituteur à l'école française du Cap, ainsi que Louwina et Hubert, couple franco-namibien avec trois enfants.
Dominique nous propose de nous héberger chez lui, le temps de récupérer notre camion. Nous louons une petite voiture, presque aussi ancienne que Chamaco, qui présente elle-aussi des caprices au démarrage. On ne change pas une équipe qui gagne ! C'est désormais avec notre « Chipie » que nous allons conquérir la ville et ses alentours!
Marine est la première surprise lors de nos premiers kilomètres en voiture : « On est plus des stars!?! », s'exclame-t-elle, déçue, devant l'indifférence des gens sur notre passage...Nous faisons plus ample connaissance avec le société française installée au Cap lors de la réception du 14 Juillet organisée par le Consul de France au nouveau Stade du Cap, stade dans laquelle la France s'était si brillamment illustrée lors de la Coupe du Monde l'année dernière. Mais bon, passons... Vous reconnaîtrez en arrière plan la mythique montagne de la table.
La ville du Cap est une ville moderne, fluide, aérée, ouverte, avec de belles infrastructures. Nous sommes au cœur de l'hiver qui ne dure que 4 mois. Nous profitons d'un temps doux, sec et ensoleillé, même si les locaux nous indiquent que c'est une situation exceptionnelle. Tôt ou tard, ils devront payer le manque d'eau. L'été dure les huit autres mois, et laisse la place à une activité essentiellement outdoor, dans un pays où la nature et les paysages sont particulièrement riches. Le coût de la vie y est raisonnable et nous sommes enchantés par ce pays qui nous offre un nouveau visage de l'Afrique.Un seul bemol : l'insécurité semble omniprésente. Les maisons qui se vendent sont celles qui sont sures. La ville donne une illusion de liberté, et en même temps on nous met en garde sur les attitudes à observer... pour rester en vie. Même si l'Apartheid est officiellement aboli, deux mondes coexistent ici. Deux mondes qui s'ignorent mutuellement. La société est à deux vitesses et la question raciale apparaît facilement dans toutes les discussions. Pour notre sécurité encore, on nous déconseille, en tant que blancs, de nous rentre dans les Townships, banlieues Noires des villes faites de maison fragiles en tôle ondulée. A nous qui venons de traverser l'Afrique Noire ! Nous obtempérons et nous laissons prendre un charge...
Nous faisons également la connaissance de Paul, Myriam et leurs trois enfants, famille française expatriée au Cap. Paul est universitaire et nous fait visiter son bureau. Il travaille, selon lui, sur une bécane vieille de 20 ans. A vous de découvrir ce que c'est !
Un indice : après l'immensité de l'espace Namibien, nous sommes ici dans celui de l'infiniment petit... C'est aussi ça l'Afrique !Des vieilles bécanes, on en trouve également dans le musée où Paul consacre de nombreuses heures de loisir à restaurer des ancêtres et autres épaves plus ou moins roulantes. Ici pas moins de 600 carcasses s'entassent, le temps de trouver une nouvelle jeunesse. Bon nombre de ces véhicules sont des stars du cinéma ou de la pub. Selon Paul, il y a ici un potentiel pour 1000 ans de travail pour un homme. Vous avez vu comment Chamaco et Chipie se fondent bien dans le décor?
Notre Afrique du Sud à nous, ça a été également la faune.Le « parc aux truches », cher à Charlotte, où les enfants ont fait la connaissance de Tom, la plus petite autruche du monde, tandis que Virginie cède aux charmes de Jean-Pierre, l'étalon de la basse-court. Un œuf d'autruche équivaut à 24 œufs de poule, de quoi faire une belle omelette !
Des oiseaux, on en a vu de toute sorte, à commencer par les pingouins du Cap que l'on croise à l'état sauvage dans une baie digne des Seychelles. Sauf que là, l'eau y est à 14º toute l'année...
Des oiseaux, encore des oiseaux... mais pas que ça...Approchez messieux-dames, juste pour le plaisir des yeux !
Et puis des mammifères marins, notamment ces phoques qui évoluent en toute quiétude dans le port de Hout Bay. Il y a même un vieux monsieur qui leur apprend des tours depuis les quais.
Ils nous l'ont promis, ils l'ont fait ! Marie-Pierre, Rodolphe et leurs enfants sont venus au bout du monde pour partager un peu de notre aventure.
Ensemble, nous avons cheminé le long du Water Front.
Et du Water Front, nous sommes partis pour une virée en mer.
Nous sommes repassés par Cape-Point.
Et nous avons visité les vignobles du Cap, en particulier autour de la ville de Franschhoek, qui subit l'influence française des Huguenots venus au XVIIe siècle pour exploiter la vigne.
Et notre camion ?
Les recherches d'un transporteur sur Internet ayant été infructueuse, nous avons, dès notre arrivée au Cap, fait le tour des compagnies maritimes, afin de collecter les noms de transitaires ou d'agents avec qui ils travaillent. Les transporteurs ne traitent pas en direct avec les utilisateurs qui confient aux agents le soin de s'occuper de tous les papiers, en particulier le dédouanement du véhicule. On nous propose un Cape Town – Santos (port de Sao Paulo) en 40 jours sur un porte-container. Le bateau transite par le port de Londres. Ce n'est pas l’idéal, mais nous pouvons nous en accommoder. Nous n'avons pas d'autre alternative. Nous optons pour ce choix et installons Chamaco sur un container adapté à la fois au transport par camion vers le port et au chargement sur le navire.
Le lendemain, le jour prévu du départ, Laurent consulte par hasard un forum de voyageurs dont les membres déconseillent fortement l'acheminement d'un véhicule sur le Brésil. Les procédures de dédouanement y sont complexes, chères et lentes. La corruption règne. Certains voyageurs auraient attendu plusieurs mois pour récupérer leur voitures, moyennant des sommes folles et l'intervention de l'ambassade de France. Ce n'est pas ce que nous voulons. Nous appelons notre transitaire pour changer la destination en faveur de Buenos Aires.
Nous sommes à la veille de notre vol pour le Brésil.
C'est impossible. Maersk n'a pas de ligne pour l'Argentine. Nous ne pouvons pas changer de compagnie, car le container spécifique sur lequel est Chamaco lui appartient. Nous sommes fermes et demandons alors de récupérer immédiatement notre camion. Le transitaire nous rappelle plus tard et nous annonce avoir trouvé la solution. Maersk accepterait de se dérouter pour l'Argentine sans frais. Nous ne pouvons pas poursuivre la discussion, car notre vol nous attend. Aujourd'hui, nous avons atterri à Sao Paulo, sans avoir aucune certitude quand au sort du camion. Nous n'avons même pas eu le temps de récupérer la fameuse « Bill of Loading », qui prouvera au port de destination que le camion embarqué est bien le notre...
On vous tient au courant pour la suite!
Un bilan ?
La terre est fragile. Elle est toute petite aussi. Avec 36000 km au compteur depuis notre départ, soit un peu moins de 100 km par jour en moyenne, nous avons parcouru en un an ce que la plupart des Français réalisent avec leur voiture dans leurs déplacements quotidiens. L’échelle seule change. La longueur du Lac Malawi équivaut à un Paris-Lyon.
Voilà pour cette page un peu plus sédentaire que les précédentes. Nous quittons l'Afrique le cœur lourd, en laissant derrières nous des milliers de souvenirs, incertains sur le sort de notre véhicule et compagnon de voyage.
De nombreux voyageurs hésitent encore à s'engager sur cette terre. Nous voulons les encourager à faire le saut. L’Afrique est difficile, elle nous résiste. Mais elle est magnifique. C'est une immense terre de libertés et d'aventures.
Afrique ! On ne peut pas se quitter comme ça ! On n'en a pas fini, toi et nous...
Cependant, il fait le faire. Nous l'avons promis...
On enchaîne !
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