• Nous aurions certainement dû nous en préoccuper plus tôt...

    Il faut vous avouer que les passeports de Corentin et Marine arrivent en fin de validité. Ils seront périmés le 4 Juin. Inutile de penser faire les démarches de renouvellement à La Paz : il a fallu passer en vitesse courte pour sortir de la ville, tellement les pentes sont raides. On aurait pu garer le camion sur le plateau, mais le quartier Alto est réputé comme très dangereux.

    La Paz, c'est aussi là ou s'est déroulé la scission avec nos amis Suisses. Kevin n'a rien à faire en ville. Il souhaite se rendre au plus vite sur les bords du lac Titicaca pour approfondir une rencontre avec une jeune compatriote initiée à Uyuni... C'est l'occasion pour nous de se retrouver au calme pour mettre le blog à jour et pour Jonas et Julie de passer un peu de temps tous les deux, en autonomie.

    Julie. Vous ne connaissez pas Julie ? Je réalise en écrivant ces lignes qu'on ne vous en a pas encore parlé. C'est la sœur de Jonas Elle nous a rejoint à Sucre pour passer 3 semaines de vacances avec son frérot et, du coup, partager un peu de notre aventure.

    Nous retrouvons tout notre petit monde à Huatajata, sur les bords du lac. Une fondation suisse y a créé un orphelinat. Kevin a envie d'y rester quelques jours pour aider les bénévoles (et peut-être aussi pour creuser sa relation?...) Nous proposons à Jonas et Julie de poursuivre ensemble à bord de Chamaco. Nous réalisons rapidement que de voyager en parallèle n'est pas du tout la même chose que de vivre ensemble. Nous devenons plus complices. Les enfants ont adopté Julie qu'ils sollicitent en permanence pour jouer, pour les bisous ou des histoires. Avec Jonas, c'est déjà une vieille histoire. Tous deux sont adorables et ensemble, nous savourons de magnifiques moments de vie de famille élargie.

    01 Hutajata

    Nous passons quelques jours à Copacabana, une cité balnéaire très agréable. Nous garons Chamaco sur la marina. En très peu de temps, nous prenons conscience que tout le monde nous a repéré dans la ville. L'accueil de ses habitants est charmant, tout en étant discret. Nous participons aux festivités de la Semaine Sainte et proposons la force de notre camion pour sortir les bateaux du lac, là où 20 personnes auraient été nécessaires. Corentin casse sa tirelire, soit de bénéfice accumulé d'une bonne dizaine de dents tombées auquel s'additionne tout l'argent qu'il a trouvé par terre depuis notre départ, et s'offre son charango, petite guitare creusée dans un corps de tatou.

    02 Copacabana

    Toujours avec nos petits suisses, nous nous offrons la visite de l'Isla del Sol. 8 km de marche dans une nature sauvage et un cadre authentique. De l'avis de nombreux voyageurs, les rivages boliviens du lac présentent plus de charmes que ceux du Pérou.

    03 Isla del Sol

    Les démarches frontalières sont rapides. On dispose facilement d'un visa de 3 mois pour le Pérou. Destination Puno pour le plein de bouffe et pour découvrir les rives péruviennes du lac. Nous sortons à peine du supermarché, les bras chargés de sacs, qu'une petite fille nous aborde. Accompagnée de sa nounou, elle souhaite que nous venions nous installer dans son jardin ! Sa maman nous rejoint peu après et nous confirme l'invitation. Occasion inespérée, joie des rencontres spontanées.

    Dans le jardin de la maison, il y a Pukara, une école privée pour familles aisées que les parents d'Aymara ont crée. Après l'orphelinat de Huatajata, c'est un tout autre visage de l'enfance en Amérique Latine qui s'offre à nous. Des dizaines de lapins évoluent en toute quiétude dans la cours de récré et ne sont dérangés que par le ballon de foot. Le reste de leur journée est consacrée aux câlins des enfants et... à la reproduction !

    04 Puno

    Virginie fait visiter le camion à toute l'école, pendant que Marine assiste aux cours en Espagnol et Corentin, à ceux de gymnastique. Marco et Naldi, les parents, sont chaleureux et enthousiasme. Ils souhaitent renouveler ces rencontres avec d'autres familles étrangères. Si un jour vous passez par Puno, nous pouvons vous transmettre leurs coordonnées. De leur maison, la vue sur le lac est magnifique !

    05 Puno

    C'est ici que nous laissons, au bout de deux jours, Jonas et Julie. Jonas est diabétique et son traitement est resté dans le camion de Kevin. Il doit l'attendre.

    Nous restons cependant peu de temps seuls. À peine sortis du village d'Ayaviri, nous croisons un camping-car français. Arnaud, Lucie, et leurs 3 enfants, les Desfosses descendent dans le Sud, alors que nous remontons. Nous improvisons quelques jours ensemble sur place : baignade dans une piscine de Perrier aux odeurs de souffre et aux couleurs locales, bivouac sauvage au cœur du canyon. Superbe, inattendu, vraiment sympa...

    06 Ayaviri

    Cuzco. La Gréce des Incas. Ville incontournable de tout voyage en Amérique du Sud. Nous nous installons dans le camping de Quinta Lala où nous retrouvons nos petits suisses qui, eux, n'ont pas traîné dans les piscines à bulle ! Leur équipage s'est enrichi de Malischa, une autre Suissesse que Kevin a « ramassée » à La Paz. On décide de se poser un peu, le temps de passer un peu de temps sur Internet, de télécharger les derniers films sortis en France, d'avancer l'école et de nous organiser pour la suite du voyage. Kevin est tenté de traverser le Pérou par la jungle amazonienne. A quelques semaines du retour en France, nous ne souhaitons plus engager le camion sur des routes difficiles. Nous remonterons tranquillement la Panamérica jusqu'à Cartagène. Nos chemins vont se séparer, mais nous nous promettons de nous retrouver plus au Nord. A suivre...

    Les Suisses ne sont pas encore partis, que déjà une famille française arrive au camping. Thierry, Séverine et leurs trois enfants, Camille, Romane et Gauthier, les No-Mad Experiment  sont partis pour un tour du monde d'un an. Sur leur parcours en Amérique Latine, ils ont rencontré Dimitri (refuge de Tricahue au Chili), les Majuline et des Desfosses. Ils savent déjà tout de nous, alors que nous faisons leur connaissance.

     

    07 Cuzco

    Les nouvelles ne sont cependant pas bonnes. Ils arrivent de Puno où ils se sont fait voler une sacoche d'ordinateur contenant les papiers du véhicule et toutes leurs photos de voyage.

    Nous nous rendons ensemble le lendemain auprès du Consul de France de Cuzco. Il s'agit pour eux de connaître les démarches à faire pour leur carte grise et leur carnet de passage en douane et pour nous d'initialiser la demande de renouvellement de passeport. La seule information que nous obtenons est l'adresse de l'Ambassade de France à Lima.

    Cela ne nous empêche pas de passer quelques jours très agréable ensemble. Découverte de la ville, bonnes bouffes... On fête ensemble les 35(!) ans de Thierry au coin du feu. Une réelle amitié s'instaure. Mais avec leur combi, ils vont beaucoup plus vite que nous. Nous ne devons pas tarder à partir si nous voulons les retrouver un peu plus loin dans l'aventure. Cela fait déjà plus d'une semaine que nous nous reposons dans ce camping... Mais c'est sans compter les caprices de notre camion ! Nous ne sommes pas encore sortis que le compresseur lâche. Nous sommes dans une descente, en plein milieu du passage, sans la possibilité de freiner, ni de manœuvrer, empêchant quiconque de rentrer ou de sortir. Trop bête, on va devoir rester encore un peu plus avec nos nouveaux amis ! On aurait voulu le faire exprès, on ne s'y serait pas pris autrement.

    Coup de bol, la gardienne du camping dispose justement des coordonnées d'un garage spécialisé dans les « Overland Trucks ». Le mécano libère le passage dans la journée, puis répare sur place le camion dans les 4 jours. En passant à son garage, pour un dernier contrôle, nous découvrons que c'est ici que les compagnies de transport de voyageurs en camion, les Dragoman et autres Toucan Travel viennent entretenir leur véhicule. Le prix de la main d’œuvre ici est de 80 pesos par jour, soit un peu plus de 20 euros. Une telle occasion ne se rate pas. Nous décidons de rester une semaine de plus dans le garage. Tout y passe : freinage, boite de transfert, moteur, amortisseurs... Ici, on ne remplace pas, on répare... et on repart, avec un camion neuf ! C'est à Cusco que nous fêtons les 11 ans de Corentin dans le Musée du Chocolat.

    08 Cuzco

    A défaut de pouvoir faire la Route des Incas que nous avions prévue. Nous profitions de ce temps d'attente pour visiter quelques sites.

    Sacsahuamán

    09 Sacsahuamán

    Pisac

    10 Pisac
    11 Pisac

    Et le Macchu Pichu ? Ce site Incas est sans aucun doute l'étape ultime de tout voyage en Amérique Latine.  Nous avons eu le temps dans le camping et dans le garage d'étudier sérieusement la question et d'évaluer toutes les possibilités.

    1- Se rendre en camion à Hydro-Electrica, puis de marcher 2h30 le long d'une voie ferrée jusqu'à Agua Callientes, puis 1h30 jusqu'à l'entrée du site. Idem pour le retour, car il n'y a pas de route accessible aux véhicules. Sachant qu'à cette période de l'année le ciel n'est découvert que le matin, il aurait fallut se mettre en marche à 4h00 pour être sur le site à 8h00. Pas forcé que Charlotte, du haut de ses 4 ans, accepte le défi...

    2- Prendre un train depuis Cuzco. Le budget d'une telle expédition pour une famille de 5 est d'environ 1000 USD. Cela comprend le train et l'entrée du site pour une journée. Pour la plupart des touristes, ce montant disparaît lorsqu'il est intégré dans un tour organisé. Si nous choisissons cette option, il n'est pas évident que les enfants prennent toute la mesure de l’effort budgétaire consenti... Ils voyagent depuis presque deux ans et il est fort probable que pour eux, le Macchu Pichu ne soit qu'un site de plus parmi tant d'autres. A titre de comparaison, nous avons payé tout compris 800 USD pour un safari exclusif de 3 jours au Kenya.

    Dans un voyage au long cours tel que le notre, l'exceptionnel fait partie du quotidien. A lui seul, le Macchu Pichu est un but de voyage. Nous ne pouvons pas consacrer le même investissement aux visites touristiques qu'une personne qui travaille tout le reste de l'année. Décider de ne pas y aller est également une manière pour nous de s'opposer à l'exploitation abusive du tourisme, alors que de nombreux Péruviens souffrent de la faim.

    Une fois le dernier test sur route effectué, nous prenons la course pour Lima et lancer au plus vite les démarches administratives. Le jeu des 1000 Bornes commence. (Au passage, merci Alex, tu as comblé bon nombre de nos temps morts!)

    P5114000

    Cuzco-Nazca. Au programme 800 kils de montagne. 3 cols à plus de 4000 m et deux vallées à 2000m. Rien de mieux pour tester notre nouveau camion. Nous couvrons la distance en 3 jours. Si le premier tiers est sans intérêt, les tronçons qui suivent sont magnifiques. Un dernier bivouac au bord d'une lagune à 4500m et nous quittons une bonne fois pour toutes l'Altiplano par une longue descente qui nous amène au bord du Pacifique. En une journée, nous laissons derrière nous l'hiver montagnard pour retrouver l'été tropical. Nous troquons nos ponchos de laine d’Alpaga contre les tongues.

    12 Cusco-Nasca

    Nazca est connu pour ses fameuses lignes, des figures géantes creusées dans le sol et dont la taille est telle qu'on ne peut les appréhender que depuis le ciel. Leur origine reste  mystérieuse. Nous nous rendons à l'aéroport pour les découvrir. Visite à faire de préférence à jeun... Au bout des 30' de vol prévues, Corentin a été le seul à ne pas avoir remplis le sac en plastique. Au contraire, le nez dans le prospectus, il cochait chacune des 12 lignes survolées pour vérifier si l'agence faisait bien son travail ! Virginie n'a pas été assez rapide pour prendre son sac, elle a dû partager celui de Charlotte.

    14 Nasca
    13 Nasca

    A partir de Nazca, la mythique Panaméricaine longe la cote Pacifique. Le paysage est désertique et lassant, même si certains passages sont de toute beauté. La route est excellente, asphaltée et... plate !

    19 Côtes péruviennes

    Non loin de la ville d'Ica, Huacachina, un oasis d'émeraude au milieu des dunes...

    16 Huacachina
    15 Huacachina

    Un peu plus loin, le parc national de Paracas. La proximité de la mer nous permet de découvrir de délicieuses spécialités locales : le ceviche, assortiments de poissons et fruits de mer crus, marinés dans du citron et des épices et le chicharone, fruits de mer frits dans leur chapelure.

    17 Parc national de Paracas

    Nous continuons de dérouler le long ruban de bitume à travers le désert et avalons kil après kil, la distance qui nous sépare de Lima. Nous garons le camion dans le parking d'un hôtel de backpachers, au milieu du quartier Mira Flores. Virginie se rend à l'Ambassade de France avec Corentin et Marine pour nos fameux passeports. Les nouvelles sont mauvaises : il faut prendre rendez-vous 2 semaines à l'avance avec le service concerné, puis prévoir 3 semaines de délai pour les obtenir. Nous sommes le 3 Mai. Dans un mois jour pour jour, deux de nos enfants seront illégaux en Amérique Latine. À partir de ce moment là, trois scénarios sont possible :

    1 – Nous restons encore 5 semaines au Pérou. Ce qui équivaut à nous cacher dans le Nord et le désert, puisque nous ne devons pas nous éloigner de la capitale.

    2 – Nous devons prévoir de renvoyer Corentin et Marine en France, avant la fin du voyage. Nous ne pouvons pas partir avec eux, car nous n'avons pas de maison disponible et devons régler le sort du camion. Georges et Claire, fidèles à eux-mêmes, se sont immédiatement proposé de les recevoir. Nous pouvons également les envoyer en Guadeloupe, chez le papa de Virginie. Il dispose du temps pour faire une demande de carte d'identité à leur nom, avant de les renvoyer à la métropole.

    3 – Nous tentons notre chance à Quito, en Équateur.

    Nous optons pour la dernière option, la plus en adéquation avec l'esprit du voyage et prenons immédiatement rendez-vous avec le service des passeports de l'Ambassade de France à Quito.

    Nous sommes le 3 Mai et obtenons un rendez-vous pour le 10 Mai. Nous avons 7 jours pour couvrir les 2000 kils qui séparent Lima de Quito, plus un passage de frontière. Gaaazzzzz !

    C'est à Chimbote, une ville sans intérêt infestée par l'odeur de farine de poisson que nous sommes victimes d'un premier coup fourré.  Une femme flic a décidé de se payer un touriste et nous inflige une amende pour conduite sur une route interdite aux PL. Nous sommes cependant toujours sur la Panaméricaine. Les palabres durent une heure. Nous signons, mais ne payons pas.

    P5113994

    Trujillo – Visite du site Moché de Chan-Chan

    18 Chan Chan

    Lambayeque. Sur une route à voie unique, une voiture nous double sur la droite à l'intérieur d'un virage et vient tordre notre pare-buffle en voulant se rabattre. Le conducteur a le culot de nous demander de l'argent pour le trou dans son aile arrière. Nous demandons à faire appel à la police pour un constat. Au bout de 3 heures de palabre, pour en finir, nous lâchons 100 pesos, la moitié de ce que la police nous demande pour son intervention ! Le gringo, parce qu'il a de l'argent a toujours tord. Ecœurés...

    P5113998

    Nous sommes le Dimanche 6 Mai lorsque nous atteignons le poste de frontière de Huaquillas. Si les formalités d'immigration se font sans difficulté, les douanes posent un problème. Ils n'acceptent de délivrer l'autorisation d'importation du véhicule que si nous possédons une assurance SOAT. Or, dimanche, toutes les compagnies d'assurance sont fermées. Nous passons le nuit au poste, en compagnie de la famille Pezeron , que nous avions déjà rencontré à Ushuaïa et à Cuzco. Nous devrions shipper à la même période depuis Cartagène vers l'Europe. Nous décidons de faire toutes les démarches auprès des transitaires et compagnies maritimes ensemble. Les premiers contacts avec l’Équateur sont plutôt agréables. Les douaniers qui nous accueillent font preuve d'une amabilité et d'une hospitalité rare, nous fournissant plein d'infos sur leur pays et nous proposant d'emblée l'accès à l'eau, au téléphone et à Internet depuis leur bureau. C'est là que nous découvrons le visage de notre nouveau président...



    Lundi 11h. Nous sommes libres ! Les Pezeron se dirigent vers Gayaquil où ils espèrent obtenir des informations pour les Galápagos. Nous poursuivons notre objectif.

    Balao. Deuxième crevaison du voyage. La faute à une rustine sur une chambre (que les Éthiopiens nous avaient vendus pour une neuve) qui a cédé sous la chaleur. Cela nous permet de tester l'efficacité de notre Vigia. En effet, avec un pneu crevé, nous avons pu rouler jusqu'à la prochaine gomeria. La réparation a duré 1 heure et nous a coûté 8 USD !

    P5113995

    Il est tard pour improviser un bivouac. Nous n'avons pas eu le temps de sentir le niveau de sécurité du pays, et sollicitons asile dans le poste de police de La Troncal. Nous sommes accueillis par de grands sourires. Chaque policier vient nous saluer. On nous offre la douche. Encore une fois, nous sommes surpris par la gentillesse des Équatoriens. Seule Charlotte a eu du mal à dormir, sa fenêtre donnant directement sur la prison... Elle distingue des bras et des visages derrière les barreaux...

    Puis c'est l'arrivée sur Quito le 8 au soir, un jour avant la date prévue.
    C'est fini, nous avons atteint les 2000 kils, uniquement à coup de 75km/h max.

    P5113997

    Mais nous avions notre botte secrète !

    P5113999

    Le rendez-vous à l'Ambassade dissipe toutes nos dernières inquiétudes. Nous devrions obtenir les nouveaux passeports avant le 31 Mai, soit 4 jours avant l'expiration des anciens...

    Show must go on !

    Nous n'avons encore rien vu de l'Equateur, mais déjà nous sommes séduits par la gentillesse de ses habitants qui contraste avec l'indifférence bienveillante des Péruviens.

    Nous avons maintenant au moins trois semaines pour profiter pleinement du pays. Il nous restera cependant une dernière épreuve à surmonter : l'organisation du rapatriement du camion et le vol retour vers le France. Ensuite ce sera la Colombie et notre installation progressive vers une nouvelle vie de sédentaires. Mais ce sera une nouvelle aventure que nous ne manquerons pas de vous conter !

    Allez, un petit film qui retrace les moments forts du Pérou.
    A vous de retrouver où ça s'est passé...

       

    Une fois n'est pas coutume. Nous finissons notre article sur une note triste. Notre passage au Pérou a été marqué par une mauvaise nouvelle. Nous avons appris que, depuis que nous avons quitté l'Afrique du Sud, Dominique, l'instituteur avec qui nous avons vécu 3 semaines, est en train de mener un grand combat contre le cancer. Les médecins Français et Sud-africains sont très pessimistes, mais il nous a promis qu'il se battra et gagnera ! Au cours des trois semaines où il nous a reçu chez lui, nous avons appris à bien le connaître. Il est devenu un ami, un grand frère à tel point que nous avons élaboré les bases d'un projet commun au Cap.

    Dominique : un bon vivant, un petit bonhomme qui consacre une énergie extraordinaire pour semer des morceaux de bonheur autour de lui. Un petit bonhomme mais un Grand Monsieur.

    En quittant Le Cap, nous lui avons laissé un « A Plus ! ». Nous savions que nous allions nous revoir prochainement, même si croyions que nous devions poursuivre notre aventure.

    Profite, Carpe Diem, ici et maintenant.

    Dans toute notre aventure Péruvienne, il ne s'est pas passé un jour, sans que nous pensions à lui. C'est certainement pour nous un des événements les plus difficiles de notre voyage et nous tenions à le partager.


    12 commentaires

  • Voir la galerie

    votre commentaire
  • Il n'y pas si longtemps de ça, nous étions au bord d'une piscine géante, sur le camping de Salta. Je dis bien, il n'y a pas si longtemps de ça, même si d'autres voyageurs arrivent à publier bien plus fréquemment que nous !

    C'est ici que nous faisons la connaissance de Kevin, un jeune Suisse qui traverse en van Mercedes les 3 Amériques, en attendant de rejoindre le Canada pour s'y installer. Son pote Jonas voyage avec lui, mais prend actuellement une pause back-pack d'un mois avant de le retrouver. Son chien Billy, un bouvier Bernois, est un bon gros copain plein de poils qui pète et halète sous l'effet de l'altitude et de la chaleur de Salta.

    Nous évoquons ensemble la possibilité de traverser le Sud-Lipez, qui selon le Routard, fait partie des sites les plus extraordinaires d'Amérique du Sud. Cependant, les nouvelles ne sont pas bonnes: selon les autres voyageurs en provenance de cette région que nous consultons sur le camping, de fortes pluies se sont abattues au Pérou et en Bolivie, détruisant de nombreuses voies de communication. Le Sud-Lipez est dangereux et ils nous déconseillent d'y aller, du haut de leur longue expérience du voyage.

    Pour une fois que les catastrophes nous précèdent !

    Trois alternatives s'offrent à nous : revenir au Chili et passer directement au Pérou, en tirant un trait sur la Bolivie ; entrer en Bolivie par La Quiaca, au Nord de l'Argentine, par des routes plus conventionnelles ; ou s'engager dans la route de l'Aventure par San Pedro de Atacama au Chili.

    Le courant passe vite entre Kevin et nous. Un clin d’œil a suffit pour être tenté. Au pire, ça nous fera des souvenirs ! Il est mécanicien. En convoi, nous pouvons nous entre-aider et s'il y a trop d'eau dans les rivières, nous pouvons  toujours attendre la décrue ! La décision est prise quand des touristes actuellement à San Pedro nous apprennent que les agences de voyages ont repris les expéditions.

    Sud-Lipez, à nous !

    C'est dans ce même camping que nous faisons la connaissance des Mochilas. Laeticia et Michael voyagent avec leurs deux filles, Loryne et Louna, pendant un an en Amérique Latine. C'est la première famille de back-packers que nous rencontrons. Nous sommes impressionnés par leur courage. Ils se dirigent également vers San Pedro.

    Nous fêtons ensemble les 4 ans de Charlotte autour d'un assado et de l'éternel Malbec, vino tinto  Argentino. Elle se voit offrir un parfum de princesse de la part de nos nouveaux amis. Michael et Laurent sont presque jumeaux. C'est naturellement que nous leur proposons de faire un bout de route avec nous...

    01 Salta

    Le rendez-vous est pris avec Kevin a San Pedro, le temps pour lui de récupérer Jonas.

    Nous sommes désormais 9 à bord de Chamaco.

    Battu, mon Jojo ! Mais bon, à l'époque il nous manquait Claire et Sixte...

    Notre vie s'organise naturellement et simplement. Nos Réunionnais sont charmants et nous partageons le même rythme, le même goût du voyage et le même enthousiasme. Michael est instituteur et prend en main sa nouvelle classe de 3 élèves. Évaluations au programme ! Sérieux et motivation, le tout dans une ambiance calme et sereine... Même Corentin profite de la présence de Loryne, bien qu'elle soit une fille !

    02 Les Mochillas

    Premier arrêt au Parc National de Calilegua, au Nord de la ville de Jujuy (prononcer Rourouille). Nous n'y restons pas longtemps à cause des insectes, mais prenons toutefois le temps d'une grande promenade en foret. Observation des oiseaux et saut de Tarzan au dessus de la lagune.  Il a fallu pousser un peu les petites vers la fin des 10 kils de marche, mais elles ont tenu le choc !

    03 Calilegua

    Un autre bivouac aux Termes de Reyes où, à défaut de termes, tout le monde se lance dans la construction d'un barrage dans la rivière, sous l'impulsion de Michael. Nous sommes abordés par Guillermo et Monique qui nous invitent tous les 9 (!) le lendemain pour goûter les spécialités argentines dans leur maison.

    04 Jujuy

    Le route se poursuit au pays de la Montagne des 7 Couleurs.

    Pumamarca

    05 Pumamarca (1)
    06 Pumamarca (2)

    Tilcara

    07 Tilcara

    Humahuaca

    08 Humahuaca

    Un peu plus loin, toujours sur la RN9 nous faisons la connaissance d'une autre famille de fous : Sandrine et Philippe sont Toulousains. Ils voyagent avec leurs 4 enfants à vélo, uniquement pour vérifier si la Terre est Ronde ! Nous commençons à passer pour des  voyageurs de luxe, à bord de notre vieux camion...

    Photo de famille...

    Nous quittons la route goudronnée peu avant Abra Pampa pour rejoindre la mythique Routa 40 que nous avions déjà empruntée en Terre de Feu. C'est l'occasion pour nos amis de goûter aux joies du ripio sur le toit du camion.

    09 La Routa 40

    En arrivant à proximité des Salinas Grandes, un moment d'égarement, certainement dû aux dégradés de couleurs du soleil se couchant sur le lac de sel, et c'est le plantage... Elle était tellement tentante cette croûte, une si belle invitation au bivouac ! Pas évident de pelleter à prés de 4000m d'altitude. Laurent et Michael se relayent tous les deux coups de pelle, le souffle court.

    10 Salinas Grandes (1)

    Il fait nuit quand nous retrouvons le sol ferme. Il fait froid. Le vent souffle et la terre est dure. Trois raisons pour ne pas laisser nos amis sous la tente. Nous insistons pour qu'ils viennent dormir avec nous dans la camion. Michael en chien de fusil dans la cabine. Charlotte avec nous. Louna dans le lit de Charlotte, Loryne avec Marine dans son clapier et Léti à même le sol. Et les sac à dos ? On les met où ?

    C'est au réveil que la réelle dimension du paysage qui nous entoure s'est offert à nos yeux. Tout ici n'est quel sel, ciel, eau et reflets. Nous y croisons un camion similaire au notre qui, depuis Ushuaïa, n'a jamais eu besoin de faire le plein d'eau ou de carburant, n'a jamais eu besoin du moindre entretien...

    11 Salinas Grandes (2)

    Nous continuons notre montée jusqu'au Paso de Jama qui marque à 4800m la frontière entre l'Argentine et le Chili. Nous effectuons nos démarches de sortie d'Argentine. L'entrée au Chili ne se fera qu'en arrivant à San Pedro. Joli bivouac, un peu plus loin, au bord d'une lagune, à 4600.

    12 Paso de Jama

    Bon ça commence à chiffrer... Concrètement, comment ça se passe ? Nous avions été sensibilisé par le mal des montagnes et la manière de le traiter. Cela commence par des maux de tête, puis de la fatigue, des étourdissements et des vomissements. Outre le fait de redescendre par pallier, un peu comme en plongée, on peut mâcher des feuilles de coca ou de le boire en infusion avec le thé. Inutile d'essayer de le fumer, Mich et Laurent ont essayé, ça ne donne aucun effet ! Personne n'a été malade. Les enfants étaient juste excités comme lorsqu'en France, ils sentaient la neige... Le thé au coca, c’était pour le folklore.

    Nous craignions également pour le camion. A haute altitude, le mélange air-carburant se fait mal et la combustion est moins performante. Cela s'est senti au niveau de l'allumage où il a fallut plus d'une demi-heure pour démarrer. Une fois le moteur lancé le matin, il ne pose plus de problème, si ce n'est une fumée noire et épaisse qui nous suit.

    Nouveau record à 4830m. Le Mont-Blanc est battu ! A chaque virage, le paysage change et il est difficile de tout appréhender, tellement nous nous en prenons plein les yeux. A bord du poste de pilotage, les appareils photo crépitent. On se monte les uns sur les autres pour être sûrs de ne rien rater.

    Nous finissons par une longue descente de 30 kils qui nous ramène, le pied sur le ralentisseur, aux pauvres 2500m de San Pedro de Atacama, soit le plancher des vaches !

    C'est ici que nous retrouvons Kevin et faisons la connaissance de Jonas. Un mécano et un instituteur avec nous : c'est ainsi équipés que nous aurions dû commencer notre voyage ! A la limite, on aurait pu inclure Greg Binet pour la cuisine... Cela ne nous a pas empêché de nous reposer et de profiter de nos derniers assados, avant d'attaquer les choses sérieuses.

    13 San Pedro de Atacama

    Nous avons tous pleuré quand les Mochilas ont repris leur route. C'est le cœur serré que nous les avons vu tous les 4 s'éloigner derrière leur gros sac au dos. Ces moments font partie des plus éprouvants du voyage. Avec cette magnifique rencontre se clôture l'une des plus belles pages de notre aventure. Elle nous donnera une raison de nous rendre un jour à la Réunion, mais pas pour entreprendre le raid de la Diagonale du Fou.

    Le Sud-Lip'. On y est. Nous choisissons de prendre la Laguna Routa, la plus difficile, mais la plus intéressante. Pourquoi la route des lagunes ? Nous laissons parler les images, tout en sachant qu'elles ne donnent qu'un faible aperçu de ce que nous avons pu admirer.

    14 Laguna Sud Lipez

    Nous sommes seuls au monde, sur le territoire des volcans, des flamants-roses et des lamas. Au bord de la Laguna Colorada, nous plongeons avec délice dans un bassin où l'eau est à 35°.

    15 Sud Lipez (1)
    16 Sud Lipez (3)

    La douane Bolivienne est à plus de 5000m. Nouveau record. Le climat devient plus hostile. Paysage dantesque où la neige et les fumerolles règnent en maître absolu, nous dépassent et nous écrasent.

    17 Sud Lipez (2)

    Les paysages se succèdent à un rythme varié. Nous nous engageons volontiers dans des hors-pistes. Si la route n'est pas trop dure, elle n'est pas toujours indiquée. Nous recommandons toutefois de s'y engager à bord d'un véhicule avec une garde au sol élevée et une vitesse courte car certains passages sont abruptes. En passant par San Cristobal, la plupart des voyageurs devrait y trouver son compte.

    18 Sud Lipez (4)

    Ce n'est cependant pas l'itinéraire que nous avons suivi ! Nous avons continué de longer la frontière Chilienne jusqu'à Chinagua, sans être étonnés de ne plus voir les 4x4 des locaux. Les choses ont commencé à devenir sérieuses, les arrêts plus fréquents pour redresser une barre de direction, déloger une pierre entre les roues jumelées du van, sortir Chamaco d'un bain de boue sans se salir... En une journée, nous avons franchi 30 petits kilomètres.

    19 Sud Lipez (5)

    Chinagua est un village fantôme au bord d'un salar(lac de sel séché). Ambiance lugubre hantée par les restes et les fantômes d'une ancienne garnison militaire. Aux cadavres de véhicules s'ajoutent ceux des bouteilles. Même s'il n'y a pas âme qui vive, nous sentons une présence humaine toute proche. Nous frissonnons en reprenant la route.

    Nous tentons par 5 fois de quitter le village sans y parvenir. Chaque trace que nous essayons de suivre s'évanouit dans la nature, à croire que les véhicules qui les ont créé se sont évaporés.

    20 Sud Lipez (6)

    Une dernière tentative avant de rebrousser chemin semble la bonne. Nous multiplions les déplantages de Chamaco dans un sol trop meuble. Le blocage du différentiel ne semble pas fonctionner. Nous traversons tant bien que mal ce désert de sel, avant de retrouver une vraie piste. Tirés d'affaire ? Pas tant que ça... Un nid de poule inondé et c'est un nouveau plantage. Le sol est un mélange de chewing-gum et de paille. Il colle aux roues. Le « Chalet Suisse » a beau tirer et pousser au bout du treuil, jusqu'à déformer la barre transversale de son châssis, seul un camion qui tire et 9 hommes qui poussent en viendront à bout. Premier vrai contact avec les Boliviens. Nous serons quitte pour un paquet de cigarettes et le reste de nos feuilles de coca. Les souvenirs commencent à se créer !

    21 Sud Lipez (7)

    Une fois à Uyuni, nous retrouvons Pierre et Marie-Jo, un couple de Limousins en Land. Nous les avions déjà rencontrés à Valdes, puis sur le Perito Moreno. Dans cet Ushuaia salé du bout du monde et de l'aventure, le pastis a une saveur incomparable, celle des copains ! Premiers repas complets au restaurant pour 1 euro par personne. Les Boliviens sont calmes et accueillants.

    Visite du cimetière ferroviaire, en bordure de la ville.

    22 Uyuni (1)

    Uyuni est célebre pour son salar, une étendue de sel grande comme deux départements Français. Fernando, rencontré à Carlos-Paz, nous assure y avoir roulé à moto, à 130 km/h, pendant 26 secondes, les yeux bandés ! Nous avions prévu d'y initier les enfants à la conduite du camion, tant les obstacles sont improbables. Nous nous contentons de l'observer depuis sa porte d'entrée. Le salar est en eau et nous choisissons d'épargner les véhicules, ayant déjà eu notre compte de sel.

    23 Uyuni (2)

    Passage rapide à Potosi. Après avoir essayé de nous frayer un passage en centre-ville, nous choisissons de poursuivre notre route. A la foule, se mêlent les troupeaux. Nous avons même aperçu un sanglier se gavant des restes du marché! Au sortir d'un bivouac entre Potosi et Sucre, nous sommes abordés par la troupe des Romancieras, qui nous demande de les prendre en photo. Rencontre irréelle. Kevin et Jonas tentent le pas de danse, dépassant leurs cavalières d'un bon mètre. Plus d'images dans notre clip de fin...

    24 Potosi

    Nous retrouvons les Angaleo qui se sont installés à Sucre, après 4 ans de voyage en camion, sur tous les continents. Souvenirs et anecdotes de voyage accompagnent nos soirées communes. Nous aurions aimé rester et faire plus ample connaissance car ils sont très sympa et très accueillants, mais un événement d'importance nous attendait dans le village de Tarabusco.

    Pour Kevin, la soupe de poulet dans le menu à 1 euro du marché local réserve quelques surprises...

    25 Sucre

    A mi-chemin entre le Carnaval, le festival folklorique, et la commémoration de leur victoire contre les Espagnols au début du 19e siècle, le Pujlayde Tarabusco est un événement important qui rassemble chaque année toutes les tribus indiennes des environs. C'est l'occasion de rendre hommage à la Pachamama, la terre nourricière. Nous sommes étonnés par la sérénité et la tranquillité des Boliviens, même en période de fête.

    26 Tarabusco

    A Cochabamba, nous prenons le temps de flâner sur le marché. Le quartier des sandales de pneus juxtapose celui spécialisé dans les morceaux de têtes de vache. L'animalerie pour chiens, cochons d'inde, perruches et tortues côtoie les fruits et légumes. Les boutiques de sorcellerie arborent des fœtus de lamas.

    27 Cochabamba (1)

    Non loin de la ville, un centre de spiritualité accueille les touristes. Un hôtel aux formes originales a été crée pour permettre aux énergies de circuler au mieux. Un cadre hétéroclite, emprunt de magie et d'ésotérisme... Avis aux amateurs !

    28 Cochabamba (2)

    La route qui relie Cochabamba à La Paz est très belle. A une première partie de (haute) montagne, succède 200 kils de plat absolu. Au milieu, un bivouac salutaire au sein d'une station thermale d'eau chaude. A l'issue, un trou et, dans ce trou, La Paz, la plus haute capitale du monde. Les premières visions de cette mégalopole sont vertigineuses. Il nous a fallu passer en boite courte pour amorcer la descente vers le cœur de la ville.

    29 La Paz

    C'est d'ici que nous écrivons ces lignes. Nous espérons remettre Chamaco opérationnel, suite aux pistes du Sud-Lip'. La carrosserie a souffert et nous espérons réparer le blocage du différentiel.

    Ensuite, ce sera le Lac Titicaca, dont la simple évocation suffit à faire rigoler Charlotte du haut de ses 4 ans, puis ce sera l'entrée au Pérou.

    Mais ceci est une autre histoire !


    15 commentaires

  • Voir la galerie

    votre commentaire
  • Nous reprenons notre récit à Santiago. Nous avons loué un appartement au centre-ville. Le camion est une fois de plus dans un garage, mais nous, nous savourons le retour du soleil et de la chaleur, après nos longues semaines australes. La piscine, sur le sommet de l'immeuble, offre une vue magnifique sur la ville.

    01 Santiago

    C'est ici que nous retrouvons nos chers Majuline qui ont traversé la Cordillère des Andes une deuxième fois pour nous rejoindre. Ils ne voulaient plus nous croire quand nous leur certifions que nous voyagions en camion !

    Dès la réception du camion, nous prenons ensemble la route au Sud de Santiago. Première nuit dans une station essence au bord de l’autoroute que nous quittons le lendemain au niveau de Talca pour prendre la direction du refuge de Tricahue. Le refuge est tenu depuis 7 ans par Dimitri, un voyageur belge parti pour un tour du monde en vélo, qui, au cours de son voyage, est tombé amoureux de la région et ne l'a plus quitté depuis.

    02 Avec les Majuline

    Enfin, c’était ce qui était prévu. C'était sans tenir compte des caprices de notre camion qui a décidé de nous pourrir notre passage au Chili : la tringle qui relie le levier de vitesse à la boite de vitesse se rompt en cours de route. La boite est bloquée au point mort, impossible de continuer. Avec l'aide de Martin, Laurent parvient à passer manuellement une vitesse directement au niveau de la boite, et tente de démarrer en cote, détruisant au passage l'embrayage du camion ! On décide trop tard de passer la vitesse courte, car la boite de transfert, elle, marche, pour faciliter le démarrage. C'est donc sans pouvoir changer de vitesse, ni pouvoir s’arrêter, ni reculer que nous couvrons, à la vitesse de 30 km/h les derniers kilomètres qui nous séparent du refuge. Nous n'avons pas le droit à l'erreur dans le choix de notre itinéraire car nous ne pourrons pas faire de manœuvre sur la route et par conséquent, pas pouvoir faire demi-tour. C'est bien sur là que l’inévitable survient : un pont qui affiche une charge maximum de 5 tonnes, alors que notre camion en fait 9 ! Cependant, il a l'air solide, et c'est en retenant notre souffle que nous nous engageons. Ça passe ! De toute manière, de tels panneaux d'indication de charge n'existent pas en Afrique et nous nous sommes engagés sur bien plus fragile ! Nous apprendrons par la suite que les semi-remorques s'y engagent malgré l'avertissement. N’empêche...

    02 Avec les Majuline (1)
    02 Avec les Majuline (2)

    Nous passons 4 jours dans le refuge. Nous y retrouvons pour notre plus grand plaisir Céline et Adrien, les backpackers avec qui nous avons convoyé en Terre de Feu, et que nous avons revus ensuite sur le bateau dans les fjords Chiliens. Il fait toujours aussi chaud. Nos promenades ont toujours pour objectif un point d'eau ou une cascade. Aux randos, nous alternons un peu de mécanique, des fabuleux assados (barbecue local, une véritable institution) et cours du CNED. Corentin et Jules sont tous les deux CM2. Laurent prend en charge le français et Christine les maths. Virginie s'occupe de Marine et Eliott. C'est une expérience nouvelle de vivre une vraie classe, même avec un effectif de deux élèves ! Les hommes parviennent à faire ressouder la tringle du camion. Pour l'embrayage, il faudra voir à Talca.

    02 Avec les Majuline (3)

    Nous avions prévu de se faire ensuite un bout de brousse, agrémenté de bivouacs sauvages avec les Majuline. A la place, nous devrons une fois de plus, traîner un camion handicapé jusqu'à la première grande ville et nous mettre à la recherche d'un garage. Le premier coup sera le bon. Nous trouvons un garage spécialiste de l'embrayage à Talca et faisons la connaissance de Claudia et Marco, les propriétaires. Expérience inédite pour les Majulines qui passent la première nuit de leur voyage dans un garage. Que le monde est injuste ! Nos hôtes sont absolument charmants. Nous sommes pris en charges et immergés dans la culture, l’accueil et la bonne humeur Chilienne dès le premier soir.

    03 Talca (2)

    De Buenos Aires à Talca, les moments passée avec les Majuline (pour nous et nous seulement : les Cajoline) n'ont été que joie et bonne humeur. Les circonstances ont fait que nous n'avons pas pu vivre ensemble l'aventure nature que nous avions prévu. Nous savons que nous ne les croiserons certainement plus pour ce voyage, mais nous nous sommes promis de nous revoir en France au plus vite. Leur compagnie a été un moment fort de notre aventure.

    Après le départ des Majuline, nos hôtes ne nous quitterons pas, renchérissant sans cesse d'intention, au risque de frôler l'étouffement ! Ils nous font entre-autres la visite de leur ville. Bon nombre d'édifices a été lourdement touché par le tremblement de terre qui a récemment secoué le Chili. Dans le garage, alors que nous sommes tous dans le camion, nous trouvons qu'ils y vont un peu fort pour un simple embrayage, tant le camion bouge. C'est en sortant et en voyant les figures affolées de tous, que nous comprenons que nous venons à notre tour de subir une secousse de magnitude 6, dont l'épicentre se situe à Conception, soit à 200 kils de Talca ! Un camion 4x4 est donc le refuge idéal en cas de tremblement de terre...

    Bien que les réparations soient terminés en deux jours, ils insistent pour que nous partions ensemble camper le week-end. Nous refusons en essayant de ne pas les froisser, tant il nous tarde de reprendre la route et de nous retrouver un peu tous les 5. En effet, nous n'avons pas été seuls depuis Ushuaia et avons été éprouvées par le stress des pannes en chaîne. De plus, nous commençons à prendre du retard sur la scolarité.

    Nous ne faisons pas plus de 100 kils, avant qu'un autre élément du système d'embrayage ne lâche à son tour. Un joint de piston lâche et tout le liquide est à terre. Nous sommes samedi et de nouveau en panne sur l'autoroute. Nous appelons Marco qui arrive aussitôt et nous explique qu'il ne pourra pas réparer avant lundi, car il ne dispose pas de la pièce. Nous ne pouvons plus nous soustraire à leur invitation à camper !

    Dans l'ordre : assado, vin, sieste, baignade, puis on recommence ! Jamais nous n'avons aussi vite progressé en Espagnol ! L'ambiance est décontractée et sympathique. Immersion totale.

    03 Talca

    Nous reprenons lundi le route des vignobles, en direction de Valparaiso. L'embrayage semble tenir... Petit arrêt dans le village de Cartagéne (déjà?) où nous nous préparons à bivouaquer au bord de la plage. C'est sans compter les avertissements de menace de tsunami qui affolent les enfants, en particulier Charlotte. C'est sous leur pression que nous reprenons le route à 22h et arrivons au milieu de la nuit dans la cité balnéaire de Vina del Mar, non loin de la fameuse Valparaiso.  Nous garons le camion au bord d'une plage bondée de monde et partons découvrir la ville en transports en commun, admirant le vol des pélicans et l'architecture coloniale et colorée.

    04 Valparaiso
    04 Valparaiso (2)
    04 Valparaiso (4)
    04 Valparaiso (3)

    Départ aux aurores le matin, avec pour objectif le franchissement de la Cordillère des Andes, pour rejoindre Mendoza, en Argentine dans la soirée. Le paysage est superbe. Les virages se succèdent à toute vitesse. Ça grimpe... Chamaco franchit à son rythme mais sans problème la barre des 3200 m d'altitude, ce qui est un bon présage pour l'Altiplano Bolivien.

    05 Cordilière des Andes (2)
    05 Cordilière des Andes

    Nous restons deux jours à Mendoza, le temps de se connecter, de faire quelques courses et de se baigner dans la piscine d'un camping. Nous passerons deux nuits sur le parking d'un Mall, où les policiers nous réservent un accueil bien plus chaleureux que celui du camping, assurant notre sécurité toute la nuit.

    06 Mendoza

    Nous ne prenons pas le temps de visiter la ville parce qu'une autre échéance nous attend : Martin, Ines et leur 4 enfants, une famille franco-argentine rencontrée sur le ferry, nous a invité à passer le week-end dans leur maison de campagne, non loin de Cordoba. Ils ont fait leurs études dans la région parisienne et cultivent l'art de voyager en famille. Même si  nous avions bien sympathisé avec eux sur le bateau, nous ne pouvions pas imaginer l'extraordinaire surprise qui nous attendait...

    Cordoba est une grande ville et il y fait très chaud. Deux raisons pour ne pas nous y attarder.  Nous avons en très peu de temps réalisé l'essentiel des réparation que nous comptions y faire : remplacement d'une batterie, renforcement du bac à douche et réparation du chauffage de la cellule. Nous essuyons un orage sans précèdent. Au bout de 10', nous ne rendons-compte que Chamaco n'est pas tout à fait étanche, mais que les panneaux solaires résistent à des grêlons gros comme des billes. Le lendemain, nous apprenons que l'orage est une tempête d'une rare ampleur qui a causé de gros dégâts matériels et la mort de plusieurs personnes dans la ville. De nombreux axes routiers sont bloqués et la vision qui s'offre à nous est apocalyptique. Chamaco a tenu le coup et en a profité pour pallier à quelques unes de ses faiblesses.

    Nous sommes en début de semaine et sommes attendus vendredi par nos amis. Nous avons 5 jours à tuer et décidons de nous rendre au village de Carlos Paz, où nous espérons nous rafraîchir, car il est situé en bordure d'un lac et dispose de nombreuses infrastructures touristiques nautiques. Un cadre idéal pour fêter l'anniversaire de Marine !

    07 Cordoba

    On se trouve un petit restaurant au bord du lac pour fêter l’événement. A l'issue du repas, nous sommes abordés par un couple. Nous leur racontons notre histoire, comme nous le faisons si souvent. Ils nous proposent de venir garer notre camion dans leur maison pour bénéficier de leur piscine, de leur hospitalité, et de la sécurité de leurs murs. Ils nous donnent des photos de leur demeure pour achever de nous convaincre. Nous les remercions chaleureusement pour leur offre et nous installons pour un bivouac sauvage au bord de lac, le temps d'y réfléchir. Au petit matin, alors que nous faisons l'école, nous sommes abordés par un père de famille et ses deux enfants. Il insiste pour que nous le suivions jusqu'à sa maison, ce que nous acceptons avec plaisir, sidérés par l'hospitalité des habitants de cette région. En France, qui aurait spontanément abordé des étrangers pour leur proposer de venir s'installer chez lui ? Il est propriétaire terrien et élève seul ses deux enfants. Ici encore, les assados se succèdent et il invite ses meilleurs amis en notre honneur. Impossible de songer à participer aux frais !

    Martin nous a envoyé les coordonnées GPS du lieu où nous devons nous rendre. La route la plus directe est sauvage et magnifique. Une vraie route de l'aventure, tout en 4x4. La destination est à la hauteur de la route : une magnifique Estancia nichée au cœur d'un écran de verdure, en pleine montagne. Et au milieu coule une rivière... Le papa d'Ines y élève des « quarter horses » américains. Pour les dresser, il met en place une technique douce, basée sur la confiance et adopte le mode de communication du troupeau à l'état sauvage. Il s'efforce de s'imposer comme le dominant et instaure entre lui et l'animal un lien fort. Son livre, l'Alliance, vient d’être publié. Nous suivons avec passion une de ses séances avec un jeune étalon, et les enfants font des câlins aux poulains espiègles et pas craintifs du tout.

    08 Avec les Gonzales (3)


    Le temps d'un week-end, une véritable amitié s'est instaurée. Nous nous sommes sentis très proches de cette sympathique famille. Nous nous ressemblons. Les garçons partent pour une longue promenade à cheval en montagne. Corentin, qui monte pour le deuxième fois de sa vie est à l'aise et savoure la liberté de galoper en pleine nature. Il fait toujours aussi chaud. Ils laissent leur monture, le temps de plonger au pied d'une cascade perdue. Le soir, un cochon de lait grille dans le four de briques. Des amis sont conviés. On parle toutes les langues de la terre et on savoure le temps qui s'égrenne peu à peu en regardant les étoiles. Le lendemain, on part tous se baigner dans la rivière. Du bonheur distillé en petite monnaie, le plaisir des choses simples échangées avec cœur et élégance.

    08 Avec les Gonzales
    08 Avec les Gonzales (2)

    Retour à Cordoba pour installer le fameux système automatique de gonflage des pneus.

    Depuis Cordoba, nous choisissons de prendre la route de l'Ouest pour le rendre vers Salta. Bien que plus longue, elle semble plus intéressante. Première étape, l'Estancia Jésuite de la Candelleria. L'Estancia, bien de classée au patrimoine mondiale de l'Unesco, n'a présenté que de peu d’intérêts à nos yeux, si ce n'est le chemin pour y accéder, à la fois sauvage et technique. Il a beaucoup plu sur la piste, le rendant très boueuse, ce qui nous permet de tester notre nouveau système, dès le lendemain de son installation. Le jour suivant, nous le cassons sur un rocher !

    09 Estancia la Candeleria

    Le paysage qui suit n'offre peu d’intérêt. Vide et sec jusqu'au parc national de Talampaya, où nous retrouvons des images de Namibie : désertique, minéral, rouge et sculpté. Superbe. Nous refusons de nous offrir une promenade payante en camion 4x4 pour touristes et visiter un canyon. Impression de déjà vu ? Dommage qu'ils n'en autorisent pas l’accès aux véhicules particuliers.

    10 Parc National de Talampaya

    Au matin, nous découvrons une créature inédite installée contre une roue du camion. Une drôle de surprise pour le réveil des enfants !

       

    Nous reprenons la mythique route 40, en direction de Chilecito. Le paysage qui suit est un canyon dans lequel un dégradé de rouge et beige flirte avec le vert, le long de la rivière, en contrebas. Nous en prenons plein les yeux, même si la route est difficile, les croisement dangereux et les bordures vers le vide inexistantes ou mal consolidées.

    12 Sur la route de Chilecito

    D'en haut nous apercevons une piste le long de la rivière qui pourrait faire un bivouac sympa. Nous sommes abordés par plusieurs familles argentines venues se détendre pour le week-end, et en particulier faisons la connaissance d'un homme qui se présente comme le chirurgien chef de service qui a récemment opéré Christina, la présidente de l'Argentine. Tous nous aident à la construction d'un barrage de pierres, à la plus grande joie des enfants qui se baignent maintenant dans une vraie piscine.

    12 Sur la route de Chilecito (2)

    La ville de Chilecito est une ville typique de l'Argentine, avec sa succession de quadras qui s'articulent autour de la place carrée du centre-ville. C'est ici que nous pouvons le plus souvent trouver de l'eau et du wifi gratuit, même si le bivouac est difficile à cause de l'agitation nocturne. Nous partons à l'ascension du Chist Rédempteur local.

    13 Chilecito

    Cafayate est au cœur de vignobles qui lui confèrent un attrait touristique important. Elle bénéficie d'un climat agréable. Nous bivouaquons sur les hauteurs de la ville et entreprenons une longue randonnée, en remontant une rivière jusqu'à la dernière des trois cascades. Nous franchissons de nombreux obstacles dans un paysage digne du Temple du Soleil : cactus géants, grottes derrière les chutes...

    14 Cafayate (3)
    14 Cafayate (2)
    14 Cafayate
    14 Cafayate (4)

    La route qui sépare Cafayate de Salta est certainement l'une des plus belle du pays. A notre sens, la Quebrada de las Conchas vaut à elle seule le voyage en Argentine. Quoi de plus naturel que d'y rencontrer une Bacotte ? (une habitante de Bois le Roi, notre village de 5000 habitants)

    15 Route 68 (3)
    15 Route 68 (2)

    Bien que frères-ennemis, l'Argentine et le Chili nous ont séduit par la gentillesse de leurs habitants et par leurs paysages à couper le souffle. Ceci-dit, nous ne nous y sommes pas senti aussi dépaysés qu'en Afrique et au Moyen-Orient et ne cessons de nous référer à ces pays qui ont été pour nous si riches en sensations et en émotions.  Après avoir placé plus de 5 mois dans ces pays à la taille de continents, il nous tarde maintenant de passer en Bolivie et au Pérou pour aller à la rencontre de cultures moins occidentales et nous engager dans une aventure plus difficile.

    11 Vieilles Voitures

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes arrivés à Salta. Nous nous sommes installés dans un camping qui recèle la plus grande piscine que nous n'avons jamais eu et préparons notre camion et un équipage pour nous lancer dans l'aventure de l'Altiplano Bolivien.

    Mais ceci est une autre histoire que nous ne manquerons pas de vous conter !


    A lire : Tintin et le Temple du Soleil
    A voir : L'Homme qui murmurait à l'Oreille des Chevaux


    12 commentaires