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Patagonie
La Patagonie.
A lui seul, ce mot évoque une terre lointaine, là où ont été écrites les plus belles pages de l'aventure des hommes, et ce depuis l'arrivée les grands explorateurs du 16e siècle. Terre de Feu, Passage de Drake, Détroit de Magellan, Canal de Beagle, Cape Horn... Autant de noms qui évoquent le voyage, autant de nom dont la seule mention suffit à faire frémir les navigateurs les plus aguerris.
Patagonie, terre immense aux pleines infinies. Descendre à Ushuaia depuis Esquel par la route de l'Ouest nécessite de passer 4 fois la frontière entre l'Argentine et le Chili et équivaut pour nous à la route que nous avons suivi depuis Paris pour nous rendre au Caire.
Patagonie ou le combat incessant que livre l'homme contre une nature sauvage, inhospitalière. D'un coté de la Cordillère des Andes, désert et vents terrifiants. De l’autre, pluies diluviennes, volcans, glissements de terrain.
Cette réputation n'est pas usurpée. Nous allons très vite nous en rendre compte. Peu après la sortie du village de Trevelin, la piste reprend ses droits. Une piste tortueuse, qui serpente entre les vallées. Aux lacets, montées raides et descentes vertigineuses succèdent des parties assez roulantes, ponctuées de zones de tôle ondulée et de nids de poules. Chamaco se régale et se joue de ces pièges. C'est sur ce genre de route que le choix d'un tel véhicule se justifie. Cela n'a rien à voir avec les pistes du Nord Kenya ou de Tanzanie. Nous évoluons ainsi dans des paysages de moyenne montagne, alors que l'altitude dépasse rarement les 300m.
Le village de Los Cipreses marque le point de passage vers le Chili. Une fouille méticuleuse d'une heure a permis aux douaniers de s'emparer d'un sac de cacahuètes et des cales en bois du camion, nos masques et sculptures Africaines étant cachées sous le lit des enfants. De toute manière, on ne les leur aurait pas laissé, quitte à faire marche arrière. Le Chilien craint la vermine immigrée ! La moitié des produits frais de notre frigo est ainsi détruite sous nos yeux à coup de détergents.
A peine avoir franchi la frontière, la Patagonie occidentale nous présente son vrai visage. Une pluie froide s'abat sur nous. Une pluie qui ne connaîtra de réelle trêve, que lorsque que nous seront repassés du coté Argentin. Partout autour de nous, tout n'est qu'eau. L'eau glaçante de la pluie ; celle de la condensation dans le camion, ;celle des nuages bas et lourds qui nous enveloppent ; celle des cascades qui ruissellent tout autour de nous ; celle des coulées de boue qui, ça et là, emportent avec elles des morceaux de route et de foret ; celle des rivières, autour desquelles on vante les activités de rafting (sauf que là, c'est trop dangereux) ; celle de la fumée blanche et épaisse qui s'échappe du pot d'échappement, celle des lacs qui gagnent du terrain sur les prairies.
Nous traversons quelques rares villages fantômes. Autour de nous, il n'y a que des rivières, des falaises et des clôtures. La Caretera Australe n'offre aucune échappatoire. Elle est parfois surnommée Sentier Général Pinochet (Senda Général Pinochet) du fait de son étroitesse sur la plus grande partie de son itinéraire (soit 4,5 m de largeur). Lorsqu'après une première et longue journée de route, nous nous mettons à la recherche d'un coin pour passer la nuit, il nous faut encore rouler longtemps, avant de trouver le moyen de se garer en dehors de la piste. C'est chose faite. Un petit bout de verdure pas trop en pente nous servira de bivouac. La pluie continue de s'abattre toute la nuit, si bien qu'au petit matin, la prairie est gorgée d'eau. Il n'y a que 5 mètres à faire pour regagner la piste, et pourtant les roues du camion creusent dans cette boue spongieuse et s'enfoncent. Qu'à cela ne tienne, on prépare les sangles que l'on fixe à l'avant du camion en vue d'un « coup de pousse ». Une demi-heure passe avant qu'un premier camion se présente. Rudesse du climat, rudesse des hommes. Pour la première fois depuis notre départ de France, on nous refuse l’assistance. Le chauffeur n’avait pourtant même pas à sortir de sa cellule ! Nous sommes sciés et restons les bras ballants sous la pluie battante, muets d'étonnement et ivres de rage. Nous restons ainsi une demi-heure avant le passage d'un deuxième camion. Le déplantage ne dure que 2' et nous, nous en avons déjà marre de ce pays.
Durant les jours qui suivent, quelques rares éclaircies nous permettent d'admirer le contraste entre le vert de la chlorophylle et le bleu turquoise des lacs et rivières.
La route est belle. Malgré son étroitesse, elle est à nos yeux praticable en camion et en camping car, même si elle n'est officiellement pas adaptée aux transports lourds. Il faut veiller à bien se signaler dans les virages. Nous souhaitons seulement signaler un col, 100 km au Nord de Coyhaique, particulièrement abrupt en montée comme en descente, ou nous avons dû passer les 4 roues motrices et les vitesses courtes. Mais c'était pour notre confort et notre sécurité, alors que des trombes d'eau s’abattaient sur Chamaco. Je crois que notre lenteur a passablement énervé un camion qui cherchait à nous doubler dans la descente. Dès la fin de la descente, une route neuve dessert la ville de Coyhaique et ce jusqu'à Puerto Ibanes, à 150 kils au Sud de la ville. L'itinéraire classique pour revenir sur l'Argentine sans avoir à prendre de ferry est de contourner le Lac Carrera et de passer la frontière à Chile Chico. A Coyhaique, on nous évoque une piste qui démarre à 20 kils au Nord de Cochrane, mais aussi neige et passage de gué. Elle permettrait de gagner du temps pas mal de temps dans notre progression vers le Grand Sud.
Le soleil nous accompagne lorsque nous avons l'opportunité de visiter en barque la Capilla de Marmol, à proximité du village de Puerto Tranquillo, au bord du Lago General Carrera. Il joue avec le marbre creusé par les eaux turquoises pour créer une atmosphère féerique.
A la sortie du village de Puerto Tranquillo, nous prenons un auto-stoppeur qui nous confirme que la piste alternative est praticable, et peut-être même meilleure que le reste de la Caretera Autrale, car moins fréquentée. Nous décidons de tenter le coup. La piste se déroule facilement. Le paysage est magnifique et change à chaque virage. Nous en prenons plein les yeux. La traversée durera deux jour, sans voir un seul autre véhicule. Le temps de passer un nouveau col et le climat change radicalement. Il fait chaud et sec. La végétation devient plus rare. Un tout petit poste de frontière permet de revenir sur l'Argentine. Les formalités sont cordiales. Nous sommes certainement la seule distraction des douaniers ce jour. Pas de gué et encore moins de neige à signaler ! Peut-être uniquement une dalle de pierre à franchir 30 m après le poste de frontière Argentin.
Nous retrouvons ensuite la fameuse route 40. A noter : depuis Coyhaique, le seul endroit où nous avons pu nous ravitailler en essence est la ville de Governador Gregores. Entre les deux : 800 kils. C'est là que nous faisons la connaissance de Gilles, leader d'opinion international sur les abeilles, qui voyage depuis 4 ans autour du monde sur sa moto BMW 1150 GS, de conférences en conférences, sur les 5 continents. Nous le retrouvons le lendemain sur la route d'El Chalten. Il est photographe amateur et nous a offert cette image :
L'arrivée sur El Chalten est splendide. De très loin, le mont Fitz Roy est visible depuis la pampa qu'il découpe de son ombre majestueuse. Le village est très commercial et n'offre que peut d’intérêt à part celui d’être le point de départ de fabuleuses randonnées de trekking et d'escalade dans le Parc National Los Glaciares. Il est possible de bivouaquer gratuitement au bout du village, là ou démarrent les sentiers. La vue sur le Fitz Roy et les aiguilles de granit environnantes est rare à cause des nuages fréquents, mais impressionnante. Les aiguilles portent le nom des héros de l'aéropostale : Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet..., autre témoin de ce lien invisible qui unit l'Argentine à la France.
Nous faisons la connaissance de deux autres familles françaises en camping car. Les 4 vagabonds, avec qui nous passons deux soirées très sympas et les Aller-5 , que nous croisons rapidement, mais que nous retrouverons plus tard.
Nous retrouvons à notre plus grande surprise Dr Steve, un cycliste anglais que nous avons pris à bord de Chamaco, il y a quelques mois... sur les dunes de Sossuslvei en Namibie ! Le monde est un minuscule village.
C'est précisément à El Chalten que le vent se met à souffler. Un vent fort et constant. Un vent qui secoue le camion la nuit et avec lequel il faudra s’accommoder en roulant. Un vent qui rend compliquée toute tâche extérieure. Un vent qui hurle et qui rend fou, un vent qui ne nous lâchera plus jusqu'à la fin de notre passage en Patagonie. Nous croiserons de nombreux autres cyclistes sur les pistes de « ripio ». Ils luttent sans cesse contre un air devenu solide, un mur mouvant qu'il faut dévier sans cesse à grand coup de guidon, une claque qui les envoie régulièrement valser dans les ornières. A tous ces fous, nous tirons notre chapeau et nous tenons ici à les honorer.
La bonne nouvelle, c'est que quand il vente, il ne pleut pas.
Nous partons pour une rando en montagne de 7km. Nous sommes très fiers de Charlotte qui a marché tout le long sans se plaindre. Elle devient une vraie aventurière, du bout de ses presque 4 ans !
Nous aurions pu mener plus en avant notre exploration du site, en accompagnant les copains jusqu'au Lago Desierto. Mais un pont qu'un panneau alerte sur une charge maximum de 6 tonnes nous en a dissuadé. Nous devenons raisonnables. En Afrique, nous avons emprunté des ponts bien plus chétifs, parce que de tels avertissements n'existent pas.
Après 4 jours à El Chalten, nous reprenons la route en direction d'El Calafate. Avec le vent dans le dos lors de la première partie, Chamaco plane au dessus de la route. Ayant le vent de face dans la seconde, nous ne passerons pas la 4e vitesse, alors que la route est plate. Il faut dire que le profil du camion n'est pas particulièrement aérodynamique.
A peine arrivés en ville, nous sommes abordés par la famille Piérart. Gwendoline, Julien et leurs trois enfants, Louis, Jeanne et Blanche, voyagent pour un an en Land Rover. Leur véhicule est actuellement en réparation et nous bivouaquons à proximité de la « cabana » qu'ils ont loué en attendant.
Nous partons le lendemain en direction du fameux Perito Moreno. En arrivant dans la soirée, il est possible de stationner sur le parking de la porte principale, et ainsi, avoir la chance d'admirer le glacier avant l'arrivée des cars de touristes. Les dimensions de ce géant sont impressionnantes. Le front du glacier fait approximativement 5 000 mètres de long, la hauteur de glace est de 170 mètres, dont 74 mètres sont émergés. Il avance d'environ deux mètres par jour (700 mètres par an). À certains endroits son épaisseur atteint700 mètres. (Source : Wikipedia). Nous l’entendons craquer de toute part, dans un bruit de détonation. C'est l'un des seuls glaciers au monde qui ne recule pas sous l'effet du réchauffement climatique. Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle !
En nous rendant vers le Parc National Torres del Paine au Chili, nous prenons en stop deux jeunes backpackers (sac au dos). Ils nous apprennent qu'un ferry permet de remonter les fjord chiliens, ce qui nous éviterait les 3000 kils de pampa argentine. Affaire à suivre... Passage de frontière sans problème, petit poste en bordure de piste. En atteignant le parc par la porte secondaire du Nord dans la soirée, il est possible de le visiter sans payer. En tous cas, on ne nous a rien demandé. Le cadre est splendide, mais là encore, puisque nous sommes dans le Sud Chili, nuages et pluies viennent estomper notre plaisir. Beaucoup de gris, mais aussi parfois du bleu, du blanc et du vert... Si l'on veut saisir la réelle beauté du parc, c'est à pied qu'il faut le découvrir. Charlotte est encore trop petite pour le trekking, et cela d'autant plus que la meteo n'est pas favorable. Nous nous contentons d'admirer le paysage en restant à proximité de la piste et laissons les images s'exprimer pour nous.
En arrivant au village de Puerto Natales, nous réservons notre ferry pour la date du 3 Janvier. Une démarche administrative oblige Virginie à se rendre à un consulat de France dans une capitale au cours du mois de Janvier. Buenos Aires ? Impossible. Nous sommes déjà depuis 4 mois en Argentine et nous ne voulons pas tourner en rond. Reste Santiago. Autant joindre l'utile à l'agréable ! Ce sera notre cadeau de Noël.
240 kils plus loin, nous arrivons à Punta Arenas. L’intérêt de cette grande ville réside essentiellement dans sa zone franche, qui permet à Laurent d’acquérir une guitare neuve de marque pour 30 euros. Elle remplacera la vieille guitare achetée sur le marché de Buenos Aires. Au port, un ferry permet de traverser le mythique détroit de Magellan.
C'est ainsi que nous mettons les pieds en Terre de Feu, à Porvenir plus précisément. Voyage sans histoire où il est possible de rester dans le véhicule pendant les deux heures que dure la traversée. Le prix pour le camion, en négociant bien, peut-être le même que pour une voiture, ce qui est rare !
La piste qui suit est très roulante et splendide. Nous ondulons d'une colline à d'autre, à proximité des falaises. 17 kils après Onaisin, une affiche vante la possibilité de rencontrer les manchots royaux. Les manchots royaux sont la deuxième plus grande espèce de manchots au monde après les manchots empereur. Mais ce derniers ne sont visibles qu'en Antarctique... Il ne faut pas s’arrêter à la hutte. Le prix de 40 USD par personne pour observer les oiseaux est hallucinant. Cela nous apparaît comme une exploitation abusive du littoral, de la nature et du tourisme. En continuant un peu plus loin, nous arrivons à l'Estancia Tres Hermanos. Ravi de faire la guerre à son voisin, le propriétaire se fait une joie d’accueillir généreusement les touristes de passage qui se présentent à lui. Il nous indique que 200m après la fameuse guérite, un portail rouge permet d'accéder à ses terres, puis, plus loin, à la plage. Si vous passer dans le coin, il faut bien veiller à rester sur la plage et à ne pas entrer sur les terres du « commerçant ».
C'est un vrai plaisir que d'observer ces oiseaux dont la démarche est si proche de la nôtre. Les manchots ne sont pas farouches et même curieux à notre encontre. Nous prenons conscience du côté éphémère de cette rencontre et de notre statut de privilégié. Ils sont de moins en moins nombreux en Terre de Feu, les eaux devenant trop chaudes pour eux.
Nous reprenons la route qui nous reste avant Ushuaia. Petite halte à Tohuin, au bord du lac Fagnano. Nous y faisons la connaissance de Romain, un p'tit gars très sympa qui entame un grand tour en vélo. Dans le village, une panaderia (boulangerie, vous avez vu comment on se ballade maintenant en Espagnol?) qui vaut le détour.
Ushuaia, Fin del Mundo. Le Bout du Monde ? Pas tout à fait. Il s'agit d'un coup médiatique argentin. De là, on peut apercevoir la proche île chilienne de Navarino, et en particulier Puerto Williams, LA ville la plus australe de la terre. C'est fini. On ne pourra pas descendre plus bas.
Les Argentins sont un peuple fier. J'en veux pour preuve le panneau sur le port qui dénonce l'occupation abusive par les Anglais des Malouines, terre Argentine, qu'ils ont le culot d'appeler Falklands. L'aéroport d'Ushuaia s’appelle d'ailleurs « Malvinas Argentinas ». Ils ont la rancœur tenace !
En attendant l'arrivée de Péric, nous nous installons au camping « La Pista del Andino », où nous retrouvons tous nos amis voyageurs : les Aller-5, les Pierart, la Cagouille en Vadrouille... et tant d'autres. Nous retrouvons également les Rat-y-Loup et la famille Geonautes, que nous avions brièvement rencontrée à Valdes et rencontrons les Duduland, les Espadrilles, et tant d'autres backpackers et cyclistes dont nous n'avons pas l'adresse du blog. Nous avons beau être au bout du monde, nous ne sommes pas isolés.
C'est ici que nous abandonnons notre vieille guitare, en lui confiant un nouveau destin : celui, comme nous, de voyager à travers le monde. En nous inspirant du « book crossing », nous essayons de la libérer d'appartenir à un propriétaire, en étant échangée. A notre départ, elle n'était déjà plus dans le camping. Par contre, nous n'avons plus de nouvelles. Vous pouvez suivre ses pérégrinations ici.
Pauvre Péric. Entre les grèves du personnel de sécurité d'Air France et le surbooking, il mettra 48 heures à venir nous rejoindre, ce qui lui laissera 4 jours avec nous, avant de reprendre son vol retour. Nous passons ensemble la veillée de Noël au camping, avec tous les autres voyageurs et nous retrouvons le 25 au matin pour une fête plus intime. Une croisière sur le canal de Beagle, une visite du glacier Martial et de l'Estancia Alberton et son musée maritime sont prévues pendant son trop court passage parmi nous.
Nous reprenons la route en sens inverse le 27, cette fois accompagnés des Aller-5 et de la Cagouille. Chaque véhicule abrite également un couple de backpackers, que nous avons pris en stop. Céline et Adrien voyagent avec la Cagouille, Juan avec les Aller-5, Evangéline et Cédric avec nous. Même route, dans l'autre sens, et en convoi : Tohuin, Rio-Grande, manchots, Porvenir, Punta Arenas (où nous laisserons nos auto-stoppeurs), Puerto Natales. Le vent souffle particulièrement sur la partie argentine de la piste. Chamaco se bat contre un vent de face puissant de plus de 100 km/h. Le bruit est insupportable. Virginie a peur pour son lanterneau de toit qui se soulève. Régulièrement, nous montons sur le toit pour vérifier la fixation des panneaux solaires, au risque de nous faire emporter.
Nous sommes maintenant nombreux à vouloir faire la croisière à travers les fjords chiliens. Sauf que là, au moment de monter sur le bac à Porvenir, Laurent entend un bruit bizarre dans le moteur. A peine débarqués à Punta Arenas, une pièce lâche et se répand sur le parking. Bruit de ferrailles insupportable. Nous n'allions quand même pas conclure un article sans parler de mécanique ! La pièce défectueuse est la liaison entre le compresseur d'air et le système pneumatique du camion. Nous sommes le Jeudi 29 Décembre au soir, nous devons embarquer dans 4 jours, avec un week-end de fête au milieu. Chamaco, votre mission, si vous l'acceptez, sera de vous sortir de la mouise au plus vite !
Laurent part avec Cyril et Damien en taxi à la recherche d'une caserne de pompiers. Le Chili est le pays où on peut tomber en panne, car les « bomberos » chiliens sont dotés des vieux camions Renault. Ils devraient pouvoir nous renseigner. Bonne nouvelle, le chauffeur de taxi connaît le garage Renault, présent dans la ville, où les pompiers font réparer leur véhicule. Il y a un dieu des voyageurs. 200m avant, nous étions encore à Porvenir, en Terre de feu, dans la pampa.
Il est 19h30 quand nous arrivons au garage. Le garage ferme à 18h mais par chance, le patron est encore présent. Un mécanicien sera à 8h30, sur le parking du port, pour nous permettre de nous rendre au garage.
Bien évidemment, la pièce n'est pas disponible, ils peuvent cependant la réparer, pour nous permettre de continuer notre route. Il faudra ensuite la changer.
Nous apprenons que le Parc Torres del Paine est en feu. Un acte criminel. Le président du Chili a déclaré l'état d'urgence et demande l'aide internationale. D'heure en heure, des milliers d'hectares sont détruits, le feu étant alimenté par les vients violents que nous avons subit sur la route. Des pompiers Argentins et Brésiliens sont venus porter main forte aux Chilliens. Cela se passe à 300 kils de nous, nous y étions 2 semaines auparavant. Le parc est désormais fermé.
Le Samedi 31 Décembre à midi, la pièce réparée est remise sur le camion et nous pouvons repartir. Inespéré !
Nous roulons 30 kils, lorsque le bruit de ferrailles se fait entendre de nouveau. La réparation n'a pas tenu. Nous sommes en panne au kilomètre 40 de la route 9 un 31/12, mais les copains sont encore là ! Laurent part avec Cyril coller un SOS sur la vitrine du garage. Au mieux ils trouveront le mot lundi, le jour où nous devions embarquer. Nous voulions gagner du temps en prenant ce bateau, c'est illusoire maintenant.
Les copains sont impressionnés par notre distance par rapport à l’événement. C'est vrai, que dans ce domaine, on lâche prise. On a vu pire, et on est encore là. Cela fait partie de notre voyage maintenant.
Réveillon insolite et mémorable au mythique km 40 de la RN9 au Chili, sous les coups de klaxon des rares véhicules hallucinés.
Dimanche 1er Janvier 2012, midi. Nous rangeons les restes de la soirée. Les copains sont sur le départ. Ils sont gênés de devoir nous laisser ici. Une fois seuls, nous reprenons l'école. Des confettis tombent encore du plafond du camion.
Lundi 2 Janvier au matin. Nous devrions être en train de faire le pointage pour l'embarquement. Le garage devrait avoir reçu notre message... Nous reprenons l'école.
9h15. Il est là ! Le mécano ! Nous avons été entendus ! Il repart avec la pièce et nous promet de faire le nécessaire pour le lendemain. Nous lui expliquons qu'il n'a plus à se presser désormais. Ce qui compte pour nous désormais, c'est que la pièce tienne.
Nous reprenons l'école. Curieusement, les enfants sont assidus et motivés. Ils savent qu'ils ne pourront pas faire la croisière avec leurs copains.
16h30. Le mécanicien est de retour ! La pièce est réparée. Il est 17h lorsqu'elle est mise en place. On fait un rapide calcul. Il nous reste 200 kils à faire pour être à Purto Natales. C'est encore jouable, le bateau partant au milieu de la nuit. On n'ose y croire. Nous utilisons le téléphone portable du mécano pour prévenir la compagnie maritime.
Nous repartons. Le silence est absolu dans Chamaco. Laurent à l'oreille fixée sur les bruits du moteur. 40 kils. La pièce tient toujours. 100 kils. On a fait la moitié. 150 kils. On commence à se détendre. On avait annoncé 21h, il est 20h lorsque nous arrivons au port.
Ils sont tous là ! Les Pierarts, la Cagouille, les Aller-5, les Duduland, Gilles, nos auto-stoppeurs ! La plupart sont sur le point d'embarquer.
On y est ! Nous savourons notre plaisir, excités et heureux.
Ca, c'est l'aventure Tchamak !
Jamais croisière n'a été aussi agréable. Nous l'avons tellement méritée ! Nous profitons de chaque seconde, en prenant le temps d'admirer les paysages, même s'il pleut, même si on a vu la même chose lors de notre descente de la Caretera Australe. Virginie suit un stage de photo intensif avec Gilles. Les enfants sont en groupe dans tout le bateau. Nous ne les voyons pas pendant les 4 jours que dure la traversée. Un court passage dans le Pacifique permet à tout le monde de ressentir le mal de mer. Le temps d'une nuit, le temps change et devient plus clément. Nous sentons que nous avons quitté la Patagonie. Tous sont sur le pont pour profiter des rayons du soleil qui s'est montré si absent.
Au petit matin du dernier jour, nous débarquons sur le port de Puerto Montt, ville Chilienne à proximité d'Esquel, là où nous avions clôturé notre dernier article. La page est tournée et, avec elle, se termine notre aventure au bout du monde.
En faisant démarrer le camion, un léger bruit indique à Laurent que la pièce ne tiendra pas éternellement. La décision la plus sage serait de couvrir au plus vite les 1000 kils qui nous séparent de la capitale, puisque nous devons nous y rendre, et réparer une bonne fois pour toute notre bon vieux camion, et en particulier le freinage, en perspective de l'Altiplano Bolivien.
C'est chose faite en 2 jours sur autoroute.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous avons loué un appartement au centre-ville de Santiago. Nous avons appris que les réparations sont terminées et que le camion nous attend. Demain, nous devrions retrouver les Majuline qui refusent de croire que nous voyageons en camion. Nous devrions ensemble passer quelques jours à Valparaiso.
Mais ceci est une autre histoire !
Nous ne pouvons pas résister au plaisir de partager avec vous le mail que nous avons reçu récemment de Nico, le frère de Virginie.
Bon, les gars, (...), je voudrais quand même vous dire que les coïncidences commencent à devenir énormes.
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Vous passez en Grèce: crise de la dette Grecque peu après
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En Egypte: révoltes peu après
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Au soudan: affrontements lors du referendum peu après
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Dans la corne africaine: Sécheresse et famine peu après.
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Saut à l’élastique: une australienne vient de sauter au même endroit et son élastique a cassé. Elle a fini direct dans le fleuve avec l’élastique accroché aux pieds (elle va bien).
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Au sud de l’Amérique du sud un Enorme incendie (1500ha de brulés) peu après.
Et j’en ai peut être oublié.
Mais c’est énorme, cela ne peut pas être une coïncidence… Comment vous faite ?
Et je vous aime bien, vous nous manquez et nous vous attendons avec impatience. Mais que va-t-il se passer en France après votre retour. Je suis inquiet. On nous parle de la fin de monde le 21/12/12.
C’est donc ca, c’est vous qui êtes derrière tout cela. Vous faites parti de la théorie du complot.
Avant de clore cet article, nous tenons à remercier chaleureusement tous les enfants et les accompagnateurs du Centre de Loisirs de Bois-le-Roi. Nous avons reçu récemment une charmante vidéo qui nous montre le projet pédagogique qu'ils organisent autour du voyage et de l'aventure Chamaco.
Bonne année 2012 à tous !
Film à voir : La Marche de l'empereur
Tags : Chamaco, Patagonie
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Commentaires
1Marie et GérardJeudi 12 Janvier 2012 à 21:57En panne d'inspiration !!Woahhhh!!!Quelle aventure et quel bonheur de vous lire. Bravo et bonne route !!! Bises à vous 5Répondre2jojoVendredi 13 Janvier 2012 à 08:43Encore de bien belles aventures ! c'est vraiment très sympa de vous lire, les photos aussi sont belles...ca nous change un peu du quotidien ! Merci et bonne route ! On attend la suite !3Les DufayVendredi 13 Janvier 2012 à 09:01Bonne année les Chamaco! Merci pour ces si belles photos et pour votre récit, tellement agréable à lire! Le monde est beau! On vous embrasse. Les Caladois4sapitoVendredi 13 Janvier 2012 à 12:10Bonne année! Bravo pour la rédaction de votre article, c'est génial. En lisent j'étais tellement stressée que vous n'arriviez pas à temps pour la croisière... Superbes photos, Chau, suerte Sabine (amie d'Amélie & Pierre)5Caro AnnotaVendredi 13 Janvier 2012 à 14:04Merci de ces récits dont je suis toujours si accroc.... Merci de toutes ces magnifiques photos. Que du bonheur ! Bonne année les Chamaco ! On vous attend pour la suite.6marmotta60Vendredi 13 Janvier 2012 à 22:21On ne s'ennuie jamais chez Chamaco, je me régale à chacun de vos récits mais cela-là je l'apprécie encore plus cette région du monde est un de mes rêves, je suis une passionnée de montagne ceci expliquant cela ! Et puis votre façon de tout relativiser.... tant de personnes se noient dans un verre d'eau...une vraie leçon de vie, bonne année 2012, bonne route et à bientôt vous lire !7Pat 25Samedi 14 Janvier 2012 à 05:28Merci pour tout ce que vous faites ivre par procuration, toujours aussi passionant, que de rencontres, que d'imprévu, et le voyage continue. Bonne a vous tous. Patrick.8philounassSamedi 14 Janvier 2012 à 13:34Aih,Quelle piqure de rappel pour notre famille,déja 2 ans que nous somme revenus de ce continent. grand merci pour toute ces piqures ont en redemandent. Les Philounass9les4vagabondsSamedi 21 Janvier 2012 à 19:47Salut les chamaco, les garçons et nous-même serions ravi de vous revoir. Nous espérons pour vous que les mésaventures mécaniques sont terminées. Nous sommes à l'heure actuelle près de Purmamarca et serons côté chilien à Iquique dans quelques jours. Si vous êtes dans les parages nous partagerions bien une bonne bouteille avec vous.10devinez...Vendredi 24 Février 2012 à 22:54It's never too late to do the right thing
Ca y est, l'est là, mon commentaire !!!!!!!!Youhou, on va avoir la suite !!!
11GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO12GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO13GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO14GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO15GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO16GUILLERMO Y MONICAMardi 28 Février 2012 à 15:28HOLA!!! LORENZO Y VIRGINIA: MUY BUENO EL SITIO. PASAMOS UN ALMUERZO EN CASA MUY PLACENTERO.-SIEMPRE SE APRENDE ALGO MAS DEL MUNDO Y LA VIDA , CHARLANDO CON PERSONAS COMO UDS. Y MICHAEL , LITICIA; QUE RECORREN RUTAS , COSTUMBRES, PAISES Y GENTE.-DESEO MUY BUEN VIAJE....HASTA LA VISTA ABRAZO..GUILLERMO17les4vagabondsDimanche 11 Mars 2012 à 14:26Salut les chamacos,
juste un petit mot pour savoir où vous vous trouvez en ce moment et pour voir si nous avons une chance de vous recroiser. Bises à tous les 5.18DenisSamedi 5 Octobre 2013 à 08:34Bonjour la famille Chamaco, Nous étions 3 Français et 1 Argentin à El Chalten le 3 décembre 2011, circulant dans une 403 bleue et une 404. Nous vous avons croisé et j'ai reconnu le camion en lisant Gazoline: heureux de voir la photo de Chamaco avec notre brave 403 sur votre Blog. Belle aventure que vous avez vécue! Un abrazo, Denis Dulois
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