• News à 70 jours du départ

    Quelques nouvelles du prologue d’abord : ce qui nous avait arrêté sur la route était un problème dans l’alimentation. En effet, le réservoir contenait de la rouille qui, se mélangeant au diésel, a bouché le circuit d’alimentation du camion. Laurent avait beau accélérer, rétrograder, pester et mettre des coups de tête sur le volant… le moteur s’étouffait.

    De retour à la casbah, il nous a semblé plus raisonnable, compte tenu de l’âge du camion, de lui apporter une révision complète avant de repartir, même sur une courte distance comme celle qu’on avait prévu pour le prologue.
     
    Après un we à ronger notre frein, nous étions le lundi à 9h00 avec le camion à l’ouverture d’un garage PL près de chez nous. Forts de tous les commentaires que nous avons pu lire et entendre sur la fiabilité de ce type de camion (considérées comme increvables et facilement réparables avec une chaussette et un fil de fer en pleine brousse), rassurés par le carnet d’entretien rempli page après page d’une écriture calligraphiée par les pompiers, nous étions certains de pouvoir repartir au plus tard mercredi et reprendre notre prologue là ou nous l’avions arrêté.
     
    Mercredi donc, nous avons rappelé le garage.
     
    C’est là que le verdict est tombé, horrible, terrifiant:
     
    L’alimentation n’était pas un problème : on nettoie le réservoir, on installe un décanteur avec une pompe qui permet d’enlever les impuretés au niveau du préfiltre à gasoil avant leur arrivée dans le circuit et c’est marre.  (Ne croyez pas pour autant, en lisant ces lignes, que nous commençons à nous y connaitre en mécanique : on en est encore au stade à répéter bêtement et gentiment ce qu’on nous dit!). En revanche, les cylindres de freins sont rouillés et poreux, ce qui veut dire que les freins eux même peuvent nous lâcher à tout moment et bien sûr juste avant l’épingle à cheveux d’une improbable piste de montagne avec en dessous un gouffre sans aucune barrière de protection. (Du moins c’est ce que le film du Salaire de la Peur nous faisait craindre). Et ce n’était pas tout : le garagiste nous a affirmé avoir passé les deux jours à faire le tour de tous les intranets des constructeurs, de tous le réseau professionnel auquel il a accès par son métier, de l’ensemble des casses de France, et même jusqu’en Allemagne : ces cylindres de frein ne se font plus. Le camion est trop vieux. Il ne peut plus rien faire pour nous.  On aurait dû faire vérifier ce camion avant de l’acheter et de réaliser tous ces aménagements, certes aboutis mais inutiles car le camion est maintenant uniquement bon à être recyclé en conserves de petits pois.
     
    Terrible je vous dis !
     
    Je vous laisse imaginer notre tête en rentrant. Pour nous cette histoire de tour du monde était terminée.  Cette perspective remettait en cause l’ensemble du projet, car on avait ni le temps et encore moins les finances pour repartir à zéro avec un nouveau porteur.
     
    Bon c’est là qu’il faut se reprendre et c’est là encore que nous avons eu la démonstration qu’en cas de coup dur, on peut compter sur de vrais amis. Avec eux, mais aussi grâce à l’aide d’autres voyageurs qui ont l’expérience de ce type de véhicule, nous avons recensé l’ensemble des contacts possibles qui avaient de près ou de loin un lien avec les camions, avec l’armée, les pompiers… mais aussi les professionnels capables d’usiner des pièces d’origine.
     
    C’est cette liste que nous avons pu présenter dès le lendemain avec le camion à une casse. Au passage, dans le trajet, le camion s’est encore étouffé avec son carburant rouillé, ce qui fait qu’on a passé une deuxième journée sur la route en attendant d’être dépannés !
     
    A l’heure ou nous écrivons ces lignes, le camion est depuis 10 jours dans cette casse où deux mécaniciens sont à son chevet. On nous a annoncé avoir trouvé un jeu complet de 6 cylindres de freins neufs d’origine.  On devrait pouvoir le récupérer dans une semaine. Affaire à suivre…
     
    Autre grande nouvelle : nous avons loué la maison, le seul point important qu’il restait à valider ! Il nous reste aujourd’hui, sans prendre en compte la préparation du camion, qu’à finaliser nos achats pour le départ, faire deux ou trois démarches administratives dont le changement d’adresse, faire les derniers vaccins, créer une mezzanine dans la maison destinée à recevoir nos effets et meubles personnels. Bref, une broutille !
     
    La location de la maison représente une étape particulièrement symbolique à nos yeux. Le stade de non retour, où il n’est maintenant plus possible de faire marche arrière dans notre projet. Nous n’avons plus aujourd’hui que le camion comme véhicule et comme habitation ! C’est un moment émouvant ou on réalise pleinement ce qu’on est en train de quitter : cette maison bien sûr, que nous avons a conçu à notre image et dans laquelle nous avons vu naitre Charlotte au milieu des gravats, ce village qu’on a choisi et dans lequel on se plait de plus en plus, en commençant s’attacher à de vrais amis. Je ne parle pas de nos familles et proches, même si bon nombre d’entre eux nous ont promis de nous retrouver quelque part sur terre ! On se surprend à écouter les mises en gardes, les conseils de vigilance des uns et autres. Est-ce bien raisonnable d’emmener 3 enfants dans un monde si dangereux ? Pourquoi faire ce choix que si peu de personnes ne font, alors qu’on a tout ici ? Et de doute manière, somme-nous raisonnables ? Ça veut dire quoi d’abord ? On se surprend à caresser l’idée de partir pour moins longtemps, de ne plus faire un tour du monde, mais juste un tour dans le monde. On se met à croire ceux qui nous disent : même si vous faites marche arrière à 100 km de chez vous, on sera là et la vie ensemble continuera comme si ce projet n’avait pas été lancé.
     
    Et puis on regarde le détail de l’itinéraire prévu. On admire les récits et les photos des autres voyageurs et on retrouve le sens de notre projet : celui d’offrir à nos enfants une expérience unique au monde à un âge où ce qui leur arrive prend tellement de place dans la construction de leur personnalité. Dans notre lutte contre la mécanique et l’administratif, baignés dans notre quotidien si agréable, on avait presque perdu des yeux ce qu’on va aller chercher : l’aventure, les rencontres et les découvertes.
     
    Dans 2 mois, on sera parti. On ne réalise pas et on n’ose y croire !

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  • Commentaires

    1
    lautreetlailleurs
    Dimanche 23 Mai 2010 à 22:54
    Courage,la ligne de départ là et bientôt c'est souvenirs de départ seront commenté: tu te souvient juste avant le départ.....
    2
    Leo
    Mardi 15 Juin 2010 à 15:14
    Bonjour à vous tous. Pas de découragement!Aucun regret!Les aléas, voire les galères du voyage ne seront que de belles histoires à raconter. Pas de compte à rebours précis, cool,vivez au fil de l'eau cette aventure, prenez votre temps, vos enfants vous seront reconnaissants de les avoir fait vivre de tels moments! ON NE VIT QU'UNE FOIS! Les rencontres suivies imanquablement de séparations parfois difficiles, tisseront de multiples liens. Vous ou vos enfants ne pourront s' empêcher de rêver revoir certaines de ces rencontres ou revenir dans certains lieux... Bon voyage, Bonne route!

    NB: Pensez (si vous ne l'avez déjà fait) à ajouter à votre pharmacie, au charbon végétal en poudre! Très efficace sur les troubles digestifs...
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