• Ethiopie

    Nous poursuivons notre voyage à travers le temps.

    Après la traversée de la France, berceau de notre famille, de la Grèce et du monde méditerranéen, berceau de la culture européenne et de notre monde occidental; après avoir remonté le Nil, dans les pas d`une civilisation plurimillénaire, nous parvenons dans ce pays dans lequel les archéologues ont découvert Lucy, longtemps considérée comme la doyenne de l`Humanité. La religion dominante est l’Église Orthodoxe d’Éthiopie, une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde.

    Avant de commencer notre voyage, nous avions en tête ces images d’enfants que les medias nous relayaient dans les années 80 : ces enfants mal nourris au ventre trop rond, aux membres squelettiques, n`ayant plus la force d`écarter les mouches qui viennent en nombre envahir leur visage, ces enfants pris en photo dans le sable à proximité des tentes de fortunes mises en places par les associations humanitaires… Vous vous en souvenez?

    Avant de pénétrer dans le pays, nous en avions une autre image, à travers les yeux des voyageurs. Le pays est aussi beau que les Soudanais sont accueillants; ses habitants sont aussi durs que le Soudan est sec.

    Notre premier contact avec le pays est des plus sympathiques : ``Bienvenue dans un monde libre!``, nous annoncent les guides chargés de nous simplifier dans nos démarches à la frontière de Metema. Qu`est-ce qu`elle est bonne cette première gorgée de bière glacée, cette bière que nous pouvons maintenant acheter au coin de la rue, sans avoir à traverser Aman pour la dénicher, ni  à la négocier au marché noir à un prix exorbitant, dans le coin d`une rue sombre d`Assouan!

    Le temps d`un simple pont, et nous passons d`un climat désertique à un climat montagnard.

    Nous profitions de l`excitation du moment pour demander un plein de la tonne d`eau, geste pour nous à la fois banal, mais tellement porteur de sens. 30 euros! Il semble que dans ce pays qui est l`un des plus pauvres du monde, l`eau soit la plus chère du monde!

     

    Le paysage qui suit est époustouflant : un paysage de Savoie ou de Franche-Comté avec ses champs, ses sapins, ses plateaux et même ses chalets de bois .Seule la couleur des habitants change… Deux éléments toutefois nous surprennent : l`absence totale de plastique. Ici tout est naturel et tranche radicalement avec ces sacs, ces bouteilles et autres immondices qui faisaient notre quotidien depuis si longtemps. Ici, tout est bois, terre et naturel.

     

    Nous déroulons nos premiers kilomètres. Au bord de la route, il y a énormément de monde. Ici on marche. Hommes et femmes mènent leurs troupeaux de vaches, ânes, de chèvres et de moutons, enveloppés dans leur couverture de couleur vive, un long bâton de marche à la main. On marche par deux, dix, cent. On transporte du bois, de l`eau.

     

    Nous ne faisons pas 50 mètres sans rencontrer ce grouillement de vie. Et des enfants! Des enfants partout! Des enfants en bande, sans adultes auprès d`eux, quelquefois à plusieurs dizaines de kilomètres du village le plus proche. Il y a tellement de monde que la conduite en montagne en devient difficile. Les descentes se font à toute petite allure, sous le rugissement du frein moteur, pour éviter de toucher qui que soit. Virginie se fait la remarque : ``on assiste à un exode!``

    Nous ne laissons personne indifférent. Les enfants dévalent les collines en nous apercevant, pieds nus dans les graviers, tels des cabris. Nous avons en l’impression d’être des coureurs du Tour de France sur le point de franchir ce Galibier, et ce, de manière continue, sous le son des `Franje` et des `you-you`. La main qui se lève en signe d`accueil devient très rapidement une main qui se tend pour réclamer de l`argent, une bouteille de plastique qu’ils vont pouvoir recycler, voir même de la nourriture, quand ils la portent à la bouche.

     

    Nous apprenons que `Franje` est le mot générique qu`ils utilisent pour designer, l`occidental, le blanc, le ``français``, en relation directe avec la présence française à Djibouti, non loin. Les  `you-you` font référence à la manière dont les contremaitres chinois les interpellaient lors de la construction des routes. ``You! You do this!``. L`amalgame est vite fait. Il n`est pas rare qu`on nous appelle également `Chinese`.  ``You! Chinese! You!``.

    Cela illustre à nos yeux que leur attitude vis-à-vis de l`Étranger est difficile. Les Ethiopiens, en plus d`avoir leur propre langage, l`Amharique, se font un point d`honneur d`être le seul pays d’Afrique à n’avoir jamais été colonisé. Ils ne savent pas comment réagir devant le blanc qui s’est trop longtemps manifesté sous les traits d`une ONG leur distribuant argent et produit de première nécessité.

    La traversée des villages se fait dans un même climat d`excitation et notre passage ne passe jamais inaperçu. Dans un tel contexte, nous avons du mal à nous arrêter. A la moindre halte, nous sommes assaillis par des dizaines de personnes qui ont toutes quelque chose à proposer, à vendre, où à réclamer, quand ils ne sont pas simplement là à nous observer comme si la grande parade du cirque passait aujourd`hui et pour la seule fois de l`année dans le pays. Nous faisons l`objet de discussions animées, ce qui nous donne la désagréable impression d’être une marchandise ou un objet de convoitises. C`est dans un tel climat que nous roulons, les yeux fixes, droit devant nous.

    A un moment donné, la route est déviée sur une piste dans laquelle il y a une rivière à franchir, pour permettre la construction du pont. Nous nous engageons prudemment sur le gué, à proximité des locaux qui lavent leur linge et leur voiture. Un homme se lève à notre passage et brandit à bout de bras une énorme pierre en direction de la fenêtre du passager. Virginie, terrorisée tente un vain réflexe de survie et se précipite pour refermer sa fenêtre. L`homme repose sa pierre, mort de rire.

     

    Nous parvenons à la ville de Gondar et faisons rapidement la connaissance d`Alex qui se propose de nous aider dans toutes nos démarches. Il nous assiste dans les courses du quotidien. On lui demande de nous procurer du poulet, il nous amène deux coqs vivants, la seule possibilité d’avoir de la viande fraiche dans ce pays. Les enfants ont été assez impressionnes quand il les a tués et le camion était plein de sang après que virginie les aie préparés. Notre voyage dans le temps se poursuit : nous sommes dès à présent et jusqu’à la fin de notre passage dans ce pays 200 ans dans le passé! Seules les trop rares voitures nous indiquent que nous sommes au XXIe siècle. Pardon, en 1980!

     

    Nous profitons d’Alex pour changer les pneus du camion. Nous optons pour des pneus hybrides route et piste, plus silencieux, moins consommateurs, plus confortables, plus rapides et plus durables que les pneus tous-terrains qui équipaient jusque-là Chamaco. Notre expérience du désert a montré qu’ils étaient amplement suffisants. (Manu, si tu nous entends…) En attendant, nous découvrons l`Injera, le plat national  en Éthiopie. Il s’agit d`une sorte de grande crêpe fermentée faite à base de teff, une céréale locale.

     

    A ce sujet, nous avons ensuite pris connaissance que les hauts plateaux d’Éthiopie étaient, il n’y a pas si longtemps couverts de foret. Les champs ont peu à peu pris la place des arbres pour nourrir une population sans cesse galopante (plus de 6 enfants par femme en moyenne, ce qui explique le nombre de personnes croisées sur la route). Très attachés à leurs traditions, les paysans se sont accroches à la seule culture du teff qui offre des rendements biens moins inférieurs à ceux du blé ou du maïs. La foret étant en recul et la démographie galopante, les femmes doivent chaque jour couvrir une distance de plus en plus grande pour aller chercher de l’eau et du bois. De la même manière, nous découvrons dans un reportage que les paysans découvrent seulement les techniques d’irrigation, et que les nombreuses bêtes que les enfants mènent aux champs ne sert en aucun cas à nourrir la population mais constitue uniquement un signe extérieur de richesse. Les Éthiopiens se sont inscrits dans un cercle infernal et sont dépendants de l’aide internationale. On a même eu vent d’une déclaration de famine afin de profiter de cette aide, une année ou les cultures n’ont jamais été aussi abondantes. Un paradoxe qui explique que ce pays dont la nature est si riche est à la fois l’un des plus pauvres du monde…

    Revenons à notre garage. Pendant que l’on s’active autour du camion, les enfants jouent avec ceux du garagiste. Laurent lance : ``celui-là, il est trop mignon, on l’emmène avec nous!``. Lorsque plus tard le père de famille l’invite à s’assoir pour lui dire : ``tu pensais ce que tu disais tout à l`heure? Si tu le veux, je te le donne, ça me fera une bouche de moins à nourrir``, le malaise s’installe à nouveau. Au-dessus de nos têtes, les milans noirs planent en groupes serrés…  

     

    Dans la soirée, Alex, Laurent, Corentin et Marine sortent pour aller voir les danses locales dans un pub. Sur le chemin du retour, les policiers interpellent Laurent : ``Nous sommes de la police touristique. Vous ne devriez pas sortir avec cette personne. Il est connu de nos fichiers pour profiter de la largesse des visiteurs``. Il était pourtant si sympathique…

    Suite à nos difficultés sur la piste du parc de Dinder au Soudan, nous choisissons de ne plus engager le camion sur des pistes improbables. Qui veut voyager loin, ménage sa monture! Nous renonçons à découvrir le Nord du pays, le parc de Simien et ses espèces endémiques telles que le loup d’Abyssinie ou la babouin gelada. Notre objectif, quitter maintenant ce pays au plus vite et capitaliser du temps pour les pays d’Afrique de l’Est et du Sud.

    Peu après avoir quitté Debre Marcos, la ville suivante, nous croisons un couple d’aventuriers en vélo. Nous nous arrêtons pour échanger nos impressions. Ils ont fait la route depuis l’Espagne pour venir ici et n’ont jamais triché. Tout en vélo! Mais là c’est trop. Ce n’est pas à cause de la montagne qu’ils sont à bout, mais à cause des pierres lancées par les enfants. Ils ont tout essayé : la douceur, la fermeté, la fuite, humour; ils n’arrivent pas à établir le contact et leur moral atteint ses limites. Nous leurs proposons de les emmener jusqu’à la prochaine ville, en haut du plateau. Nous sommes finalement restés 5 jours avec eux, et les avons quittés à 100 kilomètres de la frontières Kenyane!

     

    Avec Chelle et Enrique, nous avons franchis des pentes vertigineuses et remonté des canyons, nous avons franchis le Nil Bleu, nous avons croisé des camions emportés par leur remorque dans les ravins, nous avons callé la boite de transfert dans des passages à pic, attendant que Chamaco avec ses chaussures de sport toutes neuves cesse de glisser à reculons dans les graviers,  nous avons soulevé des enfants trop légers, nous les avons désarmés de leur bâtons et de leurs fouets qui n’effraient que les ânes, nous avons traversé Addis, la capitale et son marché ouvert le plus grand d’Afrique, ainsi que la ville de Sheshemene, célèbre pour sa communauté Rasta, nous avons donné du pain à des hommes chaussés des dernières Nike qui se plaignaient de la faim. Chers amis, nous avons passé avec vous des jours très agréables et nous tirons un grand coup de chapeau à votre courage et à votre magnifique aventure!

     

    Il y a une ambiguïté dans ce pays, un mélange de fierté nationale, d`indépendance farouche alimentée par une Histoire riche et une pauvreté extrême qui rend les Ethiopiens dépendants de l`aide internationale qu`ils méprisent pourtant. Il est des pays qui s`offrent à nous, d`autres qui résistent et l’Éthiopie en fait partie. Nous en avons fait la traversée en 12 jours et pendant ces 12 jours les enfants n’ont pas osé sortir du camion. Ici au Kenya, Charlotte refuse de se faire toucher par une personne de couleur. Qu’est-ce qui cloche dans ce pays?

    Nous gardons toutefois en mémoire la beauté de ses paysages et espérons parvenir à vous en donner un aperçu dans notre diaporama.

    Je ne peux pas non plus clôturer cette page sans évoquer le regard envoutant de cette jeune musulmane rencontrée à Moyalē, un village frontière entre l’Éthiopie et le Kenya. Un regard furtif, fixe et pénétrant. Deux yeux sombres encadrés par une peau chocolat et un voile jaune et orange qui ouvre une porte à un imaginaire sans limites. Les femmes Ethiopiennes ont la réputation d’être belles et elles le sont!

     

    A voir : Rendez-vous en Terre Inconnue – Adriana Karembeu chez les Amharas


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  • Commentaires

    1
    guydolo38
    Mercredi 16 Février 2011 à 21:55
    Bonjour la famille Chamaco,
    Merci de ces bonnes nouvelles et également pour les photos, Les récits sont plein de vie, mais ne me rappel pas que des bons souvenirs j'avais 20 ans un costume militaire sur le dos ! profiter bien du spectacle du monde qui vous entoure, bonne continuation dans votre périple.
    grosses bises aux enfants.
    guydolo38
    2
    jojo
    Mercredi 16 Février 2011 à 22:24
    Bonjour à vous, quel bonheur de pouvoir suivre votre périble, je me connecte tous les jours en esperant un petit " reportage " vous nous donnez toujours encore plus l'envie de partir, malgrès les difficultés. Ces pays ne seront certainement pas à notre programme, mais j'avoue que cela fait reflechir...Continuez à en prendre plein les yeux, vous avez l'air de vous eclater et c'est je pense le but de la manoeuvre ! à bientôt !
    3
    mima
    Jeudi 17 Février 2011 à 08:21
    bonjour les chamaco's,
    quel beau récit........ on s'y croirait tellement c'est bien raconté, c'est si vivant........ un vrai bonheur de vous retrouver à chaque fois,
    mais où sont passées les nattes africaines de marine ???? je trouvais que cela lui allait très bien
    continuez à nous tenir au courant - je vous embrasse tous très fort - que Dieu vous garde !!! mima
    4
    TANASINH/martine et
    Jeudi 17 Février 2011 à 09:02
    Bonjour aux Chamaco
    Profitez bien du Kenya pays merveilleux et enchanteur, les enfants vont adorer de voir tous ces animaux en liberté (et vous aussi), . Essayez d'aller voir la migration des gnous c'est irréel et donnez nous surtout l'envie de continuer. Bonne continuation et bonne route
    5
    Les Pibout '
    Jeudi 17 Février 2011 à 11:00
    SUPERBE ! Tout simplement......
    Merci.
    Gros bisous de nous 5.
    Marie & co.
    6
    kikitoto
    Jeudi 17 Février 2011 à 12:44
    Bonjour a toute la famille Nous commençions a trouver le temps long en se demandant si Chamaco n'avait pas de problème!!Trés beau ce pays mais quand même pas trés sécurisant.Pour le Kenya nous connaissons un tout petit peu (deux semaines de safari,organisé bien sur !) On aimerait bien être a votre place mais bon nous y sommes presque avec vos superbes photos et les commentaires qui vont avec.Cordialement et a la prochaine!!
    Les Bacots
    7
    Vanessa
    Samedi 19 Février 2011 à 08:53
    Bonjour à vous 5,
    j'attendais vos photos du Kenya et je les ai montrées à Flavie (qui va très bientôt avoir 6 ans). Son rêve : aller voir tous ces animaux en vrai. Mais avec sa maladie et sa greffe elle n'a pas le droit d'y aller.
    Alors quand vous verrez une autre girafe envoyez lui un gros bisou de sa part. Je lui ai promis qu'un jour elle pourra elle aussi y aller et je sais que je tiendrai ma promesse.
    Nous vous souhaitons du fond du coeur un bon voyage. Continuez bien, on lit tous vos récits.
    Grosses bises de nous 4

    la famille GAY : Vanessa, Philippe, Flavie et Louis
    8
    diana jones
    Dimanche 20 Février 2011 à 13:25
    Je suis en train de préparer un voyage en Éthiopie. J'espère que ce sera en fin d'année. Fascinée d'anthropologie et d'archéologie, je compte me rendre surtout vers la vallée de l'Omo. Je serai au pays 1 mois et j'aimerais bien trouver des associations où je pourrais m'impliquer bénévolement. Les fouilles m'attirent tout particulièrement, étant artiste et travaillant sur le thème des origines. Vous devinez donc pourquoi je suis attirée par ce pays...
    Je vous souhaite une bonne route !
    9
    Karen
    Vendredi 25 Février 2011 à 20:19
    Salut Virginie, Salut les Chamacos and Co,

    On profite de nos vacances en Floride pour lire vos dernières aventures.
    J'aime le style très honnête de vos récits, ca nous permet de nous projeter.

    Bon vent!
    10
    chamo
    Dimanche 27 Février 2011 à 20:52
    Bonjour les Chamaco,
    Comme le dit un des commentaires: Superbe, tout simplement superbe. Merci beaucoup pour le partage de votre voyage. Aussi dures soit les étapes, devant de telles récompenses en image et en vécu , comment ne pas être reconnaissants. Qui dira que le ciel n'est pas sur terre. Alors n'attendons pas le ciel mais vivons et cherchons de notre vivant l'Auteur de cette vie!!.
    Avec des salutations bénies.
    11
    styleeliettem
    Lundi 28 Février 2011 à 10:44
    Nous attendions avec impatience de vos nouvelles.Ravis de voir que les "problèmes" s'éloignent et que maintenant vous profitez pleinement de votre aventure.Avec un peu de retard, bon anniversaire à Marine (28 Janvier ???) et à Charlotte (début février ) Elles se souviendront longtemps de leurs bougies.
    Les petits enfants parlent souvent de vous et nous évoquons souvent "LE CAMION"
    Anne est toujours à Mayotte, nouvelles rares mais bonnes........c'est Nanou!!!!
    Je vous embrasse et à bientôt de vos nouvelles
    Tante Eliette
    12
    Alice
    Jeudi 3 Mars 2011 à 18:34
    De nombreux passages ici mais un premier mot pour vous remercier de ce que vous nous faites partager.
    J'espère que toute la petite famille va bien, vous parlez moins de l'adaptation des enfants, de leurs impressions et de votre organisation que dans vos 1ers récits mais on ressent beaucoup de sérénité à travers vos lignes...
    13
    Patrice et Sofia
    Mercredi 9 Mars 2011 à 16:33
    Bonjour les Chamaco, bravo ! votre periple est poignant, nous resterons avec vous pour suivre vos tribulations a travers notre planete.
    Votre voyage a demarre par une halte forcee dans notre pays, mais a la lecture de votre site je constate que les ennuits
    se sont dissipes.
    Bonne continuation et profitez bien des beautes de notre planete, surtout envoyez nous des belles photos...
    (Nous avons egalement laisse un message sur Geo) bonne chance a la famille
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