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  • Il n'y pas si longtemps de ça, nous étions au bord d'une piscine géante, sur le camping de Salta. Je dis bien, il n'y a pas si longtemps de ça, même si d'autres voyageurs arrivent à publier bien plus fréquemment que nous !

    C'est ici que nous faisons la connaissance de Kevin, un jeune Suisse qui traverse en van Mercedes les 3 Amériques, en attendant de rejoindre le Canada pour s'y installer. Son pote Jonas voyage avec lui, mais prend actuellement une pause back-pack d'un mois avant de le retrouver. Son chien Billy, un bouvier Bernois, est un bon gros copain plein de poils qui pète et halète sous l'effet de l'altitude et de la chaleur de Salta.

    Nous évoquons ensemble la possibilité de traverser le Sud-Lipez, qui selon le Routard, fait partie des sites les plus extraordinaires d'Amérique du Sud. Cependant, les nouvelles ne sont pas bonnes: selon les autres voyageurs en provenance de cette région que nous consultons sur le camping, de fortes pluies se sont abattues au Pérou et en Bolivie, détruisant de nombreuses voies de communication. Le Sud-Lipez est dangereux et ils nous déconseillent d'y aller, du haut de leur longue expérience du voyage.

    Pour une fois que les catastrophes nous précèdent !

    Trois alternatives s'offrent à nous : revenir au Chili et passer directement au Pérou, en tirant un trait sur la Bolivie ; entrer en Bolivie par La Quiaca, au Nord de l'Argentine, par des routes plus conventionnelles ; ou s'engager dans la route de l'Aventure par San Pedro de Atacama au Chili.

    Le courant passe vite entre Kevin et nous. Un clin d’œil a suffit pour être tenté. Au pire, ça nous fera des souvenirs ! Il est mécanicien. En convoi, nous pouvons nous entre-aider et s'il y a trop d'eau dans les rivières, nous pouvons  toujours attendre la décrue ! La décision est prise quand des touristes actuellement à San Pedro nous apprennent que les agences de voyages ont repris les expéditions.

    Sud-Lipez, à nous !

    C'est dans ce même camping que nous faisons la connaissance des Mochilas. Laeticia et Michael voyagent avec leurs deux filles, Loryne et Louna, pendant un an en Amérique Latine. C'est la première famille de back-packers que nous rencontrons. Nous sommes impressionnés par leur courage. Ils se dirigent également vers San Pedro.

    Nous fêtons ensemble les 4 ans de Charlotte autour d'un assado et de l'éternel Malbec, vino tinto  Argentino. Elle se voit offrir un parfum de princesse de la part de nos nouveaux amis. Michael et Laurent sont presque jumeaux. C'est naturellement que nous leur proposons de faire un bout de route avec nous...

    01 Salta

    Le rendez-vous est pris avec Kevin a San Pedro, le temps pour lui de récupérer Jonas.

    Nous sommes désormais 9 à bord de Chamaco.

    Battu, mon Jojo ! Mais bon, à l'époque il nous manquait Claire et Sixte...

    Notre vie s'organise naturellement et simplement. Nos Réunionnais sont charmants et nous partageons le même rythme, le même goût du voyage et le même enthousiasme. Michael est instituteur et prend en main sa nouvelle classe de 3 élèves. Évaluations au programme ! Sérieux et motivation, le tout dans une ambiance calme et sereine... Même Corentin profite de la présence de Loryne, bien qu'elle soit une fille !

    02 Les Mochillas

    Premier arrêt au Parc National de Calilegua, au Nord de la ville de Jujuy (prononcer Rourouille). Nous n'y restons pas longtemps à cause des insectes, mais prenons toutefois le temps d'une grande promenade en foret. Observation des oiseaux et saut de Tarzan au dessus de la lagune.  Il a fallu pousser un peu les petites vers la fin des 10 kils de marche, mais elles ont tenu le choc !

    03 Calilegua

    Un autre bivouac aux Termes de Reyes où, à défaut de termes, tout le monde se lance dans la construction d'un barrage dans la rivière, sous l'impulsion de Michael. Nous sommes abordés par Guillermo et Monique qui nous invitent tous les 9 (!) le lendemain pour goûter les spécialités argentines dans leur maison.

    04 Jujuy

    Le route se poursuit au pays de la Montagne des 7 Couleurs.

    Pumamarca

    05 Pumamarca (1)
    06 Pumamarca (2)

    Tilcara

    07 Tilcara

    Humahuaca

    08 Humahuaca

    Un peu plus loin, toujours sur la RN9 nous faisons la connaissance d'une autre famille de fous : Sandrine et Philippe sont Toulousains. Ils voyagent avec leurs 4 enfants à vélo, uniquement pour vérifier si la Terre est Ronde ! Nous commençons à passer pour des  voyageurs de luxe, à bord de notre vieux camion...

    Photo de famille...

    Nous quittons la route goudronnée peu avant Abra Pampa pour rejoindre la mythique Routa 40 que nous avions déjà empruntée en Terre de Feu. C'est l'occasion pour nos amis de goûter aux joies du ripio sur le toit du camion.

    09 La Routa 40

    En arrivant à proximité des Salinas Grandes, un moment d'égarement, certainement dû aux dégradés de couleurs du soleil se couchant sur le lac de sel, et c'est le plantage... Elle était tellement tentante cette croûte, une si belle invitation au bivouac ! Pas évident de pelleter à prés de 4000m d'altitude. Laurent et Michael se relayent tous les deux coups de pelle, le souffle court.

    10 Salinas Grandes (1)

    Il fait nuit quand nous retrouvons le sol ferme. Il fait froid. Le vent souffle et la terre est dure. Trois raisons pour ne pas laisser nos amis sous la tente. Nous insistons pour qu'ils viennent dormir avec nous dans la camion. Michael en chien de fusil dans la cabine. Charlotte avec nous. Louna dans le lit de Charlotte, Loryne avec Marine dans son clapier et Léti à même le sol. Et les sac à dos ? On les met où ?

    C'est au réveil que la réelle dimension du paysage qui nous entoure s'est offert à nos yeux. Tout ici n'est quel sel, ciel, eau et reflets. Nous y croisons un camion similaire au notre qui, depuis Ushuaïa, n'a jamais eu besoin de faire le plein d'eau ou de carburant, n'a jamais eu besoin du moindre entretien...

    11 Salinas Grandes (2)

    Nous continuons notre montée jusqu'au Paso de Jama qui marque à 4800m la frontière entre l'Argentine et le Chili. Nous effectuons nos démarches de sortie d'Argentine. L'entrée au Chili ne se fera qu'en arrivant à San Pedro. Joli bivouac, un peu plus loin, au bord d'une lagune, à 4600.

    12 Paso de Jama

    Bon ça commence à chiffrer... Concrètement, comment ça se passe ? Nous avions été sensibilisé par le mal des montagnes et la manière de le traiter. Cela commence par des maux de tête, puis de la fatigue, des étourdissements et des vomissements. Outre le fait de redescendre par pallier, un peu comme en plongée, on peut mâcher des feuilles de coca ou de le boire en infusion avec le thé. Inutile d'essayer de le fumer, Mich et Laurent ont essayé, ça ne donne aucun effet ! Personne n'a été malade. Les enfants étaient juste excités comme lorsqu'en France, ils sentaient la neige... Le thé au coca, c’était pour le folklore.

    Nous craignions également pour le camion. A haute altitude, le mélange air-carburant se fait mal et la combustion est moins performante. Cela s'est senti au niveau de l'allumage où il a fallut plus d'une demi-heure pour démarrer. Une fois le moteur lancé le matin, il ne pose plus de problème, si ce n'est une fumée noire et épaisse qui nous suit.

    Nouveau record à 4830m. Le Mont-Blanc est battu ! A chaque virage, le paysage change et il est difficile de tout appréhender, tellement nous nous en prenons plein les yeux. A bord du poste de pilotage, les appareils photo crépitent. On se monte les uns sur les autres pour être sûrs de ne rien rater.

    Nous finissons par une longue descente de 30 kils qui nous ramène, le pied sur le ralentisseur, aux pauvres 2500m de San Pedro de Atacama, soit le plancher des vaches !

    C'est ici que nous retrouvons Kevin et faisons la connaissance de Jonas. Un mécano et un instituteur avec nous : c'est ainsi équipés que nous aurions dû commencer notre voyage ! A la limite, on aurait pu inclure Greg Binet pour la cuisine... Cela ne nous a pas empêché de nous reposer et de profiter de nos derniers assados, avant d'attaquer les choses sérieuses.

    13 San Pedro de Atacama

    Nous avons tous pleuré quand les Mochilas ont repris leur route. C'est le cœur serré que nous les avons vu tous les 4 s'éloigner derrière leur gros sac au dos. Ces moments font partie des plus éprouvants du voyage. Avec cette magnifique rencontre se clôture l'une des plus belles pages de notre aventure. Elle nous donnera une raison de nous rendre un jour à la Réunion, mais pas pour entreprendre le raid de la Diagonale du Fou.

    Le Sud-Lip'. On y est. Nous choisissons de prendre la Laguna Routa, la plus difficile, mais la plus intéressante. Pourquoi la route des lagunes ? Nous laissons parler les images, tout en sachant qu'elles ne donnent qu'un faible aperçu de ce que nous avons pu admirer.

    14 Laguna Sud Lipez

    Nous sommes seuls au monde, sur le territoire des volcans, des flamants-roses et des lamas. Au bord de la Laguna Colorada, nous plongeons avec délice dans un bassin où l'eau est à 35°.

    15 Sud Lipez (1)
    16 Sud Lipez (3)

    La douane Bolivienne est à plus de 5000m. Nouveau record. Le climat devient plus hostile. Paysage dantesque où la neige et les fumerolles règnent en maître absolu, nous dépassent et nous écrasent.

    17 Sud Lipez (2)

    Les paysages se succèdent à un rythme varié. Nous nous engageons volontiers dans des hors-pistes. Si la route n'est pas trop dure, elle n'est pas toujours indiquée. Nous recommandons toutefois de s'y engager à bord d'un véhicule avec une garde au sol élevée et une vitesse courte car certains passages sont abruptes. En passant par San Cristobal, la plupart des voyageurs devrait y trouver son compte.

    18 Sud Lipez (4)

    Ce n'est cependant pas l'itinéraire que nous avons suivi ! Nous avons continué de longer la frontière Chilienne jusqu'à Chinagua, sans être étonnés de ne plus voir les 4x4 des locaux. Les choses ont commencé à devenir sérieuses, les arrêts plus fréquents pour redresser une barre de direction, déloger une pierre entre les roues jumelées du van, sortir Chamaco d'un bain de boue sans se salir... En une journée, nous avons franchi 30 petits kilomètres.

    19 Sud Lipez (5)

    Chinagua est un village fantôme au bord d'un salar(lac de sel séché). Ambiance lugubre hantée par les restes et les fantômes d'une ancienne garnison militaire. Aux cadavres de véhicules s'ajoutent ceux des bouteilles. Même s'il n'y a pas âme qui vive, nous sentons une présence humaine toute proche. Nous frissonnons en reprenant la route.

    Nous tentons par 5 fois de quitter le village sans y parvenir. Chaque trace que nous essayons de suivre s'évanouit dans la nature, à croire que les véhicules qui les ont créé se sont évaporés.

    20 Sud Lipez (6)

    Une dernière tentative avant de rebrousser chemin semble la bonne. Nous multiplions les déplantages de Chamaco dans un sol trop meuble. Le blocage du différentiel ne semble pas fonctionner. Nous traversons tant bien que mal ce désert de sel, avant de retrouver une vraie piste. Tirés d'affaire ? Pas tant que ça... Un nid de poule inondé et c'est un nouveau plantage. Le sol est un mélange de chewing-gum et de paille. Il colle aux roues. Le « Chalet Suisse » a beau tirer et pousser au bout du treuil, jusqu'à déformer la barre transversale de son châssis, seul un camion qui tire et 9 hommes qui poussent en viendront à bout. Premier vrai contact avec les Boliviens. Nous serons quitte pour un paquet de cigarettes et le reste de nos feuilles de coca. Les souvenirs commencent à se créer !

    21 Sud Lipez (7)

    Une fois à Uyuni, nous retrouvons Pierre et Marie-Jo, un couple de Limousins en Land. Nous les avions déjà rencontrés à Valdes, puis sur le Perito Moreno. Dans cet Ushuaia salé du bout du monde et de l'aventure, le pastis a une saveur incomparable, celle des copains ! Premiers repas complets au restaurant pour 1 euro par personne. Les Boliviens sont calmes et accueillants.

    Visite du cimetière ferroviaire, en bordure de la ville.

    22 Uyuni (1)

    Uyuni est célebre pour son salar, une étendue de sel grande comme deux départements Français. Fernando, rencontré à Carlos-Paz, nous assure y avoir roulé à moto, à 130 km/h, pendant 26 secondes, les yeux bandés ! Nous avions prévu d'y initier les enfants à la conduite du camion, tant les obstacles sont improbables. Nous nous contentons de l'observer depuis sa porte d'entrée. Le salar est en eau et nous choisissons d'épargner les véhicules, ayant déjà eu notre compte de sel.

    23 Uyuni (2)

    Passage rapide à Potosi. Après avoir essayé de nous frayer un passage en centre-ville, nous choisissons de poursuivre notre route. A la foule, se mêlent les troupeaux. Nous avons même aperçu un sanglier se gavant des restes du marché! Au sortir d'un bivouac entre Potosi et Sucre, nous sommes abordés par la troupe des Romancieras, qui nous demande de les prendre en photo. Rencontre irréelle. Kevin et Jonas tentent le pas de danse, dépassant leurs cavalières d'un bon mètre. Plus d'images dans notre clip de fin...

    24 Potosi

    Nous retrouvons les Angaleo qui se sont installés à Sucre, après 4 ans de voyage en camion, sur tous les continents. Souvenirs et anecdotes de voyage accompagnent nos soirées communes. Nous aurions aimé rester et faire plus ample connaissance car ils sont très sympa et très accueillants, mais un événement d'importance nous attendait dans le village de Tarabusco.

    Pour Kevin, la soupe de poulet dans le menu à 1 euro du marché local réserve quelques surprises...

    25 Sucre

    A mi-chemin entre le Carnaval, le festival folklorique, et la commémoration de leur victoire contre les Espagnols au début du 19e siècle, le Pujlayde Tarabusco est un événement important qui rassemble chaque année toutes les tribus indiennes des environs. C'est l'occasion de rendre hommage à la Pachamama, la terre nourricière. Nous sommes étonnés par la sérénité et la tranquillité des Boliviens, même en période de fête.

    26 Tarabusco

    A Cochabamba, nous prenons le temps de flâner sur le marché. Le quartier des sandales de pneus juxtapose celui spécialisé dans les morceaux de têtes de vache. L'animalerie pour chiens, cochons d'inde, perruches et tortues côtoie les fruits et légumes. Les boutiques de sorcellerie arborent des fœtus de lamas.

    27 Cochabamba (1)

    Non loin de la ville, un centre de spiritualité accueille les touristes. Un hôtel aux formes originales a été crée pour permettre aux énergies de circuler au mieux. Un cadre hétéroclite, emprunt de magie et d'ésotérisme... Avis aux amateurs !

    28 Cochabamba (2)

    La route qui relie Cochabamba à La Paz est très belle. A une première partie de (haute) montagne, succède 200 kils de plat absolu. Au milieu, un bivouac salutaire au sein d'une station thermale d'eau chaude. A l'issue, un trou et, dans ce trou, La Paz, la plus haute capitale du monde. Les premières visions de cette mégalopole sont vertigineuses. Il nous a fallu passer en boite courte pour amorcer la descente vers le cœur de la ville.

    29 La Paz

    C'est d'ici que nous écrivons ces lignes. Nous espérons remettre Chamaco opérationnel, suite aux pistes du Sud-Lip'. La carrosserie a souffert et nous espérons réparer le blocage du différentiel.

    Ensuite, ce sera le Lac Titicaca, dont la simple évocation suffit à faire rigoler Charlotte du haut de ses 4 ans, puis ce sera l'entrée au Pérou.

    Mais ceci est une autre histoire !


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  • Nous reprenons notre récit à Santiago. Nous avons loué un appartement au centre-ville. Le camion est une fois de plus dans un garage, mais nous, nous savourons le retour du soleil et de la chaleur, après nos longues semaines australes. La piscine, sur le sommet de l'immeuble, offre une vue magnifique sur la ville.

    01 Santiago

    C'est ici que nous retrouvons nos chers Majuline qui ont traversé la Cordillère des Andes une deuxième fois pour nous rejoindre. Ils ne voulaient plus nous croire quand nous leur certifions que nous voyagions en camion !

    Dès la réception du camion, nous prenons ensemble la route au Sud de Santiago. Première nuit dans une station essence au bord de l’autoroute que nous quittons le lendemain au niveau de Talca pour prendre la direction du refuge de Tricahue. Le refuge est tenu depuis 7 ans par Dimitri, un voyageur belge parti pour un tour du monde en vélo, qui, au cours de son voyage, est tombé amoureux de la région et ne l'a plus quitté depuis.

    02 Avec les Majuline

    Enfin, c’était ce qui était prévu. C'était sans tenir compte des caprices de notre camion qui a décidé de nous pourrir notre passage au Chili : la tringle qui relie le levier de vitesse à la boite de vitesse se rompt en cours de route. La boite est bloquée au point mort, impossible de continuer. Avec l'aide de Martin, Laurent parvient à passer manuellement une vitesse directement au niveau de la boite, et tente de démarrer en cote, détruisant au passage l'embrayage du camion ! On décide trop tard de passer la vitesse courte, car la boite de transfert, elle, marche, pour faciliter le démarrage. C'est donc sans pouvoir changer de vitesse, ni pouvoir s’arrêter, ni reculer que nous couvrons, à la vitesse de 30 km/h les derniers kilomètres qui nous séparent du refuge. Nous n'avons pas le droit à l'erreur dans le choix de notre itinéraire car nous ne pourrons pas faire de manœuvre sur la route et par conséquent, pas pouvoir faire demi-tour. C'est bien sur là que l’inévitable survient : un pont qui affiche une charge maximum de 5 tonnes, alors que notre camion en fait 9 ! Cependant, il a l'air solide, et c'est en retenant notre souffle que nous nous engageons. Ça passe ! De toute manière, de tels panneaux d'indication de charge n'existent pas en Afrique et nous nous sommes engagés sur bien plus fragile ! Nous apprendrons par la suite que les semi-remorques s'y engagent malgré l'avertissement. N’empêche...

    02 Avec les Majuline (1)
    02 Avec les Majuline (2)

    Nous passons 4 jours dans le refuge. Nous y retrouvons pour notre plus grand plaisir Céline et Adrien, les backpackers avec qui nous avons convoyé en Terre de Feu, et que nous avons revus ensuite sur le bateau dans les fjords Chiliens. Il fait toujours aussi chaud. Nos promenades ont toujours pour objectif un point d'eau ou une cascade. Aux randos, nous alternons un peu de mécanique, des fabuleux assados (barbecue local, une véritable institution) et cours du CNED. Corentin et Jules sont tous les deux CM2. Laurent prend en charge le français et Christine les maths. Virginie s'occupe de Marine et Eliott. C'est une expérience nouvelle de vivre une vraie classe, même avec un effectif de deux élèves ! Les hommes parviennent à faire ressouder la tringle du camion. Pour l'embrayage, il faudra voir à Talca.

    02 Avec les Majuline (3)

    Nous avions prévu de se faire ensuite un bout de brousse, agrémenté de bivouacs sauvages avec les Majuline. A la place, nous devrons une fois de plus, traîner un camion handicapé jusqu'à la première grande ville et nous mettre à la recherche d'un garage. Le premier coup sera le bon. Nous trouvons un garage spécialiste de l'embrayage à Talca et faisons la connaissance de Claudia et Marco, les propriétaires. Expérience inédite pour les Majulines qui passent la première nuit de leur voyage dans un garage. Que le monde est injuste ! Nos hôtes sont absolument charmants. Nous sommes pris en charges et immergés dans la culture, l’accueil et la bonne humeur Chilienne dès le premier soir.

    03 Talca (2)

    De Buenos Aires à Talca, les moments passée avec les Majuline (pour nous et nous seulement : les Cajoline) n'ont été que joie et bonne humeur. Les circonstances ont fait que nous n'avons pas pu vivre ensemble l'aventure nature que nous avions prévu. Nous savons que nous ne les croiserons certainement plus pour ce voyage, mais nous nous sommes promis de nous revoir en France au plus vite. Leur compagnie a été un moment fort de notre aventure.

    Après le départ des Majuline, nos hôtes ne nous quitterons pas, renchérissant sans cesse d'intention, au risque de frôler l'étouffement ! Ils nous font entre-autres la visite de leur ville. Bon nombre d'édifices a été lourdement touché par le tremblement de terre qui a récemment secoué le Chili. Dans le garage, alors que nous sommes tous dans le camion, nous trouvons qu'ils y vont un peu fort pour un simple embrayage, tant le camion bouge. C'est en sortant et en voyant les figures affolées de tous, que nous comprenons que nous venons à notre tour de subir une secousse de magnitude 6, dont l'épicentre se situe à Conception, soit à 200 kils de Talca ! Un camion 4x4 est donc le refuge idéal en cas de tremblement de terre...

    Bien que les réparations soient terminés en deux jours, ils insistent pour que nous partions ensemble camper le week-end. Nous refusons en essayant de ne pas les froisser, tant il nous tarde de reprendre la route et de nous retrouver un peu tous les 5. En effet, nous n'avons pas été seuls depuis Ushuaia et avons été éprouvées par le stress des pannes en chaîne. De plus, nous commençons à prendre du retard sur la scolarité.

    Nous ne faisons pas plus de 100 kils, avant qu'un autre élément du système d'embrayage ne lâche à son tour. Un joint de piston lâche et tout le liquide est à terre. Nous sommes samedi et de nouveau en panne sur l'autoroute. Nous appelons Marco qui arrive aussitôt et nous explique qu'il ne pourra pas réparer avant lundi, car il ne dispose pas de la pièce. Nous ne pouvons plus nous soustraire à leur invitation à camper !

    Dans l'ordre : assado, vin, sieste, baignade, puis on recommence ! Jamais nous n'avons aussi vite progressé en Espagnol ! L'ambiance est décontractée et sympathique. Immersion totale.

    03 Talca

    Nous reprenons lundi le route des vignobles, en direction de Valparaiso. L'embrayage semble tenir... Petit arrêt dans le village de Cartagéne (déjà?) où nous nous préparons à bivouaquer au bord de la plage. C'est sans compter les avertissements de menace de tsunami qui affolent les enfants, en particulier Charlotte. C'est sous leur pression que nous reprenons le route à 22h et arrivons au milieu de la nuit dans la cité balnéaire de Vina del Mar, non loin de la fameuse Valparaiso.  Nous garons le camion au bord d'une plage bondée de monde et partons découvrir la ville en transports en commun, admirant le vol des pélicans et l'architecture coloniale et colorée.

    04 Valparaiso
    04 Valparaiso (2)
    04 Valparaiso (4)
    04 Valparaiso (3)

    Départ aux aurores le matin, avec pour objectif le franchissement de la Cordillère des Andes, pour rejoindre Mendoza, en Argentine dans la soirée. Le paysage est superbe. Les virages se succèdent à toute vitesse. Ça grimpe... Chamaco franchit à son rythme mais sans problème la barre des 3200 m d'altitude, ce qui est un bon présage pour l'Altiplano Bolivien.

    05 Cordilière des Andes (2)
    05 Cordilière des Andes

    Nous restons deux jours à Mendoza, le temps de se connecter, de faire quelques courses et de se baigner dans la piscine d'un camping. Nous passerons deux nuits sur le parking d'un Mall, où les policiers nous réservent un accueil bien plus chaleureux que celui du camping, assurant notre sécurité toute la nuit.

    06 Mendoza

    Nous ne prenons pas le temps de visiter la ville parce qu'une autre échéance nous attend : Martin, Ines et leur 4 enfants, une famille franco-argentine rencontrée sur le ferry, nous a invité à passer le week-end dans leur maison de campagne, non loin de Cordoba. Ils ont fait leurs études dans la région parisienne et cultivent l'art de voyager en famille. Même si  nous avions bien sympathisé avec eux sur le bateau, nous ne pouvions pas imaginer l'extraordinaire surprise qui nous attendait...

    Cordoba est une grande ville et il y fait très chaud. Deux raisons pour ne pas nous y attarder.  Nous avons en très peu de temps réalisé l'essentiel des réparation que nous comptions y faire : remplacement d'une batterie, renforcement du bac à douche et réparation du chauffage de la cellule. Nous essuyons un orage sans précèdent. Au bout de 10', nous ne rendons-compte que Chamaco n'est pas tout à fait étanche, mais que les panneaux solaires résistent à des grêlons gros comme des billes. Le lendemain, nous apprenons que l'orage est une tempête d'une rare ampleur qui a causé de gros dégâts matériels et la mort de plusieurs personnes dans la ville. De nombreux axes routiers sont bloqués et la vision qui s'offre à nous est apocalyptique. Chamaco a tenu le coup et en a profité pour pallier à quelques unes de ses faiblesses.

    Nous sommes en début de semaine et sommes attendus vendredi par nos amis. Nous avons 5 jours à tuer et décidons de nous rendre au village de Carlos Paz, où nous espérons nous rafraîchir, car il est situé en bordure d'un lac et dispose de nombreuses infrastructures touristiques nautiques. Un cadre idéal pour fêter l'anniversaire de Marine !

    07 Cordoba

    On se trouve un petit restaurant au bord du lac pour fêter l’événement. A l'issue du repas, nous sommes abordés par un couple. Nous leur racontons notre histoire, comme nous le faisons si souvent. Ils nous proposent de venir garer notre camion dans leur maison pour bénéficier de leur piscine, de leur hospitalité, et de la sécurité de leurs murs. Ils nous donnent des photos de leur demeure pour achever de nous convaincre. Nous les remercions chaleureusement pour leur offre et nous installons pour un bivouac sauvage au bord de lac, le temps d'y réfléchir. Au petit matin, alors que nous faisons l'école, nous sommes abordés par un père de famille et ses deux enfants. Il insiste pour que nous le suivions jusqu'à sa maison, ce que nous acceptons avec plaisir, sidérés par l'hospitalité des habitants de cette région. En France, qui aurait spontanément abordé des étrangers pour leur proposer de venir s'installer chez lui ? Il est propriétaire terrien et élève seul ses deux enfants. Ici encore, les assados se succèdent et il invite ses meilleurs amis en notre honneur. Impossible de songer à participer aux frais !

    Martin nous a envoyé les coordonnées GPS du lieu où nous devons nous rendre. La route la plus directe est sauvage et magnifique. Une vraie route de l'aventure, tout en 4x4. La destination est à la hauteur de la route : une magnifique Estancia nichée au cœur d'un écran de verdure, en pleine montagne. Et au milieu coule une rivière... Le papa d'Ines y élève des « quarter horses » américains. Pour les dresser, il met en place une technique douce, basée sur la confiance et adopte le mode de communication du troupeau à l'état sauvage. Il s'efforce de s'imposer comme le dominant et instaure entre lui et l'animal un lien fort. Son livre, l'Alliance, vient d’être publié. Nous suivons avec passion une de ses séances avec un jeune étalon, et les enfants font des câlins aux poulains espiègles et pas craintifs du tout.

    08 Avec les Gonzales (3)


    Le temps d'un week-end, une véritable amitié s'est instaurée. Nous nous sommes sentis très proches de cette sympathique famille. Nous nous ressemblons. Les garçons partent pour une longue promenade à cheval en montagne. Corentin, qui monte pour le deuxième fois de sa vie est à l'aise et savoure la liberté de galoper en pleine nature. Il fait toujours aussi chaud. Ils laissent leur monture, le temps de plonger au pied d'une cascade perdue. Le soir, un cochon de lait grille dans le four de briques. Des amis sont conviés. On parle toutes les langues de la terre et on savoure le temps qui s'égrenne peu à peu en regardant les étoiles. Le lendemain, on part tous se baigner dans la rivière. Du bonheur distillé en petite monnaie, le plaisir des choses simples échangées avec cœur et élégance.

    08 Avec les Gonzales
    08 Avec les Gonzales (2)

    Retour à Cordoba pour installer le fameux système automatique de gonflage des pneus.

    Depuis Cordoba, nous choisissons de prendre la route de l'Ouest pour le rendre vers Salta. Bien que plus longue, elle semble plus intéressante. Première étape, l'Estancia Jésuite de la Candelleria. L'Estancia, bien de classée au patrimoine mondiale de l'Unesco, n'a présenté que de peu d’intérêts à nos yeux, si ce n'est le chemin pour y accéder, à la fois sauvage et technique. Il a beaucoup plu sur la piste, le rendant très boueuse, ce qui nous permet de tester notre nouveau système, dès le lendemain de son installation. Le jour suivant, nous le cassons sur un rocher !

    09 Estancia la Candeleria

    Le paysage qui suit n'offre peu d’intérêt. Vide et sec jusqu'au parc national de Talampaya, où nous retrouvons des images de Namibie : désertique, minéral, rouge et sculpté. Superbe. Nous refusons de nous offrir une promenade payante en camion 4x4 pour touristes et visiter un canyon. Impression de déjà vu ? Dommage qu'ils n'en autorisent pas l’accès aux véhicules particuliers.

    10 Parc National de Talampaya

    Au matin, nous découvrons une créature inédite installée contre une roue du camion. Une drôle de surprise pour le réveil des enfants !

       

    Nous reprenons la mythique route 40, en direction de Chilecito. Le paysage qui suit est un canyon dans lequel un dégradé de rouge et beige flirte avec le vert, le long de la rivière, en contrebas. Nous en prenons plein les yeux, même si la route est difficile, les croisement dangereux et les bordures vers le vide inexistantes ou mal consolidées.

    12 Sur la route de Chilecito

    D'en haut nous apercevons une piste le long de la rivière qui pourrait faire un bivouac sympa. Nous sommes abordés par plusieurs familles argentines venues se détendre pour le week-end, et en particulier faisons la connaissance d'un homme qui se présente comme le chirurgien chef de service qui a récemment opéré Christina, la présidente de l'Argentine. Tous nous aident à la construction d'un barrage de pierres, à la plus grande joie des enfants qui se baignent maintenant dans une vraie piscine.

    12 Sur la route de Chilecito (2)

    La ville de Chilecito est une ville typique de l'Argentine, avec sa succession de quadras qui s'articulent autour de la place carrée du centre-ville. C'est ici que nous pouvons le plus souvent trouver de l'eau et du wifi gratuit, même si le bivouac est difficile à cause de l'agitation nocturne. Nous partons à l'ascension du Chist Rédempteur local.

    13 Chilecito

    Cafayate est au cœur de vignobles qui lui confèrent un attrait touristique important. Elle bénéficie d'un climat agréable. Nous bivouaquons sur les hauteurs de la ville et entreprenons une longue randonnée, en remontant une rivière jusqu'à la dernière des trois cascades. Nous franchissons de nombreux obstacles dans un paysage digne du Temple du Soleil : cactus géants, grottes derrière les chutes...

    14 Cafayate (3)
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    La route qui sépare Cafayate de Salta est certainement l'une des plus belle du pays. A notre sens, la Quebrada de las Conchas vaut à elle seule le voyage en Argentine. Quoi de plus naturel que d'y rencontrer une Bacotte ? (une habitante de Bois le Roi, notre village de 5000 habitants)

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    15 Route 68 (2)

    Bien que frères-ennemis, l'Argentine et le Chili nous ont séduit par la gentillesse de leurs habitants et par leurs paysages à couper le souffle. Ceci-dit, nous ne nous y sommes pas senti aussi dépaysés qu'en Afrique et au Moyen-Orient et ne cessons de nous référer à ces pays qui ont été pour nous si riches en sensations et en émotions.  Après avoir placé plus de 5 mois dans ces pays à la taille de continents, il nous tarde maintenant de passer en Bolivie et au Pérou pour aller à la rencontre de cultures moins occidentales et nous engager dans une aventure plus difficile.

    11 Vieilles Voitures

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes arrivés à Salta. Nous nous sommes installés dans un camping qui recèle la plus grande piscine que nous n'avons jamais eu et préparons notre camion et un équipage pour nous lancer dans l'aventure de l'Altiplano Bolivien.

    Mais ceci est une autre histoire que nous ne manquerons pas de vous conter !


    A lire : Tintin et le Temple du Soleil
    A voir : L'Homme qui murmurait à l'Oreille des Chevaux


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